Voyez donc notre LLCOOL s’il est bling bling sur la pochette de ce troisième opus ! La panthère noire ploie sous le poids de tout ce métal doré, pauvre animal, une paire de menottes sur une alise plein de thunes a priori et un BBoy en bob et survêt. Le bon goût dans toute sa splendeur ! Une image d’Epinal ! Plusieurs millions d’albums écoulés ont fait de James Todd un tout jeune millionnaire dans le monde de la musique, il convient pour lui de continuer sur cette lancée. Le mot d’ordre est de camper un personnage sain et séduisant, pas de piocher dans le vivier drogue et baston comme font la plupart des collègues rappeurs. Def Jam et Rick Rubin sont à fond derrière leur poulain pour cette nouvelle offrande remplie jusqu’à la gueule.

On débute fort avec le buggle et la trompette de "Going Back To Cali", titre qui annonce clairement la couleur. Du hip-hop qui veut assumer avec un James qui dit "I Don’t think so" de manière tranquille, avec tout le cool dont il est capable, thypique de l’époque, de gris effets de scratch, c’est efficace. Nous continuons avec "Im That Type Of Guy" assorti de sa vidéo qui met notre héros en scène, lui qui se pare de toutes les qualités avec une évidente modestie ! La basse bombarde dans l’électro funk et James comprend peu à peu la potion magique - "The Girl Are All Mine" -, le flow est cool...hé ! Comme il se doit, non ?

On comprend mieux la vie de notre artiste sur la vidéo de "Big Ole Butt" où la panthère noire le dispute aux postérieurs les plus ronds de la terre de l’oncle Sam. Il semble que James ait le choix pour passer le temps entre les séances de glonflette. L’influence funky est directe et claire, et les lyrics sont ambitieux, c’est le moins qu’on puisse dire : tout tourne autour du cul ! "One Shot At Love" nous ramène à la tradition des déclarations d’amour. Celle-ci pue la tromperie tant notre artiste assumait juste avant son amour des formes. Au niveau musical, c’est une bonne purge sans intérêt. On en termine avec "Jingling Baby", un rap rapide aux percussions tribales.

C’est une avalanche de sons funky, assortie du flow le plus souvent efficace et agressif de James, voyez l’introductive "Droppin Em". Le fort débit de "Why Do You Drink They Call Dope", "It Gets No Rouger" rappelle Isaak HAYES avec son énorme basse et sa vibe seventies. James montre tout son savoir-faire en matière de diction rapide sur "Def Jam In Motherland", des années avant qu’EMINEM ne fasse un randam terrible sur ce sujet, très réussi avec son orgue.

Il nous propose bien entendu une ribambelle de titres rap sans concession, comme le faisait son ennemi intime à l’époque ICE-T, comme pour "Smokin Dopin", "Nitro" est rapide et simpliste, "Jealous" est un gros rap pas trop remarquable, trop statique. La courte "Fast Peg" ne me convainc pas. "Two Different Worlds" attaque les sonorités R’n’B avec la chanteuse Cydne MONET. Bof ! Tout ceci sonne finalement très daté.

Une grosse orchestration au synthé déboule sur "Youre My Heart", ce qui lui donne une certaine orientation B.O. La production de la team PUBLIC ENNEMY fracasse sa race ! "Change Your Ways" ramène une guitare bien méchante, nous lorgons vers le rock, presque le hard même, si le flow de James Todd reste hip-hop à mort. Le refrain de "Clap Your Hands" avec les "hey ho" de la team derrière passe pas mal en revanche avec son petit lick de gratte. Enfin, James se met en scène sur "A900 LL COOL L" ou il déclare sa straight life avec fierté.

A mon sens, il y en a beaucoup trop, mais telle est la direction que prennent tous les albums hip-hop en cette fin de décennie des eighties. LLCOOLJ n’échappe pas à la règle. Il attaque de front plusieurs genres et parvient à tirer son épingle du jeu de manière efficace avec des singles qui pètent bien à la gueule. Je vais rester sur un trois pour ce troisième album bien dans la logique évolutive de notre artiste.