Après le succès conséquent de Mr Smith, le précédent opus de James Todd, Def Jam renvoie le musculeux rappeur en studio pour surfer sur la vague du succès avec ce nouvel et septième album intitulé Phenomenon. LL COOL J est très en vue, et son hip hop mâtiné de R'n'B fait les beaux jours des Billboards ainsi que des dancefloors. C’est PUFF DADDY qui est derrière la console de production afin de consolider le statut de James, nous allons retrouver ici toute son équipe pour mener a bien la mission, LL COOL James va pouvoir se la couler douce a la salle de muscu !

Nous ouvrons le bal des singles avec "Phenomenon", sur un beat statique mais funky avec une basse groovy et quelques scratchs encore bien roots, les choeurs féminins prennent de suite le pouvoir. S’ensuit "4, 3, 2, 1" et on se rend compte que notre coquin de rappeur vient de se fader deux samples de GRANDMASTER FLASH pour ses deux premiers singles, le deuxième manquant cruellement de rythme et proposant une instru vraiment trop basique. Puis c’est direction l’église et le sermon de "Father" sur un sample de "Father Figure" de Georges MICHAEL, assez joliment traité, de la mesure, un brin de liturgie et l’esprit originel de la chanson respecté, plutôt cool. Nous continuons avec "Hot, Hot, Hot" dont la consonance R'n'B n’échappera à personne. Il ne suffit pas d’un flow pour être rap, on ne s’attardera donc pas sur cet ersatz. "Candy" achève cette ronde en vendant carrément son âme au dieu dollar. Du R'n'B dans le texte, moins les aspects chatoyants propres au genre.

Et voila, nous avons tous été enfants dans les seventies, alors quoi de plus naturel que d’écrire un titre à la gloire éternelle de "Starsky & Hutch" ? On apprécie le refrain et le rythme bien funky à la HAYES. Rythme et beat immuable "Another Dollar" a tendance a nous endormir, "Nobody can Freak You" ne vous réveillera pas plus. Les percussions assomment quelque peu la vibe de "Wanna Get Paid" malgré un joli flow de James. Enfin, l’ambiance reste aux roucoulades R'n'B sur "Don’t Be Late, Don’t Come Too Soon" et le style n’est vraiment pas celui qui sied le mieux au musculeux rappeur. On aimerait plus voir Jennifer LOPEZ sur ce genre de titres.

Phenomenon va pas mal se vendre mais deux fois moins que son prédécesseur, un petit million d’unités aux USA. Pas la panacée mais Rick Rubin s’achètera une Ferrari de moins. Pour LL COOL J en revanche, cet album sonne la fin de l’ère rap des origines pour mieux coller aux modes du moment de cette fin de millénaire. Peu de moments intenses, aucun titre classique et pas mal de fillers, je vais rester sur un deux peu recommandable.