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LéGENDE ET MUSIQUE CELTES  |  STUDIO

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MYRDHIN - Vol. 4 - Merlin L'enchanteur (1979)
Par MARCO STIVELL le 8 Mai 2012          Consultée 4145 fois

MYRDHIN, en tant qu'artiste très actif dans le rayonnement du renouveau celtique, est soucieux de la prise de conscience par les Bretons de la richesse de leurs racines dès le plus jeune âge. C'est pour cela que dans les années 70, il faisait la démarche de se déplacer avec sa harpe dans les écoles et d'initier les enfants aux légendes et à la musique celtiques, tout en les faisant participer. Cet enregistrement a été fait dans les studios Vélia au Château de Kernabat en Plouisy (Côtes d'Armor), les enfants s'étant déplacés depuis l'école à pied. Bien plus qu'un éveil musical, cette transmission ouvre de nombreuses portes à des êtres qui n'ont peut-être pas réalisé autant que leurs aînés tout l'importance de cette culture et l'affirmation de leur identité.

Et cela se fait comme MYRDHIN l'a toujours fait : en poésie. Il y a bien sûr l'évocation des légendes, et à l'intérieur un propos centré autour du personnage qu'il incarne. Merlin est vraiment celui dont le nom reste le plus beau synonyme des enchantements celtiques. De "Merlin le Barde" à "Le Vol de Sa Harpe", toutes les caractéristiques et l'environnement du personnage nous sont décrits par la voix chaleureuse de MYRDHIN ou celle moins assurée d'un élève lisant un texte court. Brocéliande, logis de l'enchanteur, tient son nom d'un mot signifiant "le pays des merveilles", et Merlin, nous dit le musicien, y vit aujourd'hui seul. Selon l'enchanteur à chaque fois qu'il se présente à une cour, nous sommes tous, avant d'être des humains, une partie d'un élément (eau, feu, terre et eau), et il nous faut mourir (donc vivre) trois fois avant d'atteindre le Tir-Na-Nog, la terre de l'éternelle jeunesse. Merlin est entouré de Viviane qui possède trois oiseaux chanteurs, et de l'autre fée Riwanon qui elle détient trois plantes de guérison (pour la tristesse, la cécité et la mort). L'enchanteur tente de poursuivre Viviane à cheval en l'appelant sans jamais arriver à la rattraper. Sa harpe vient aussi à être dérobée, avant qu'un chien n'indique à Merlin la maison du voleur et qu'en faisant voler sa harpe vers lui à travers la pièce, celle-ci n'assomme le malfaiteur. Autant le dire, malgré leur ancienneté, ces légendes ne perdent absolument rien de leur charme, d'autant plus que MYRDHIN y ajoute sa touche musicale.

Entre chaque récit, il interprète une chanson étant pour chacune un extrait de ses deux premiers albums. A "Merlin le Barde" correspond bien évidemment "Merzhin Barzh", aux "Différentes Formes de Merlin" c'est "A Pe Oan Bihan", aux "Trois Vies" c'est "A Hed-An Noz", puis ce sera "Balafenn" pour le chant des "Oiseaux de Viviane", "La Fée Riwanon" pour le récit du même nom (et dont le texte est, rappelons-le d'Angèle Vannier, le mentor de MYRDHIN), "Paganjig" pour décrir la nuit qui s'installe sur le monde, "An Hollaika" pour le fameux appel de Merlin à Viviane, et "Tuatha" pour le récit du voleur. Ces interprétations sont réalisées en solo, ou avec le concours de Günther Buchwald (musicien qui accompagne MYRDHIN depuis son deuxième album et au sein de An Delen Dir) au violon et au bodhran. Entendre la musique de MYRDHIN ainsi "dépouillée" nous ramène notamment à son premier 45 T "Graal", permettant ainsi de la savourer à son état le plus "naturel", intime, le bodhran n'ajoutant qu'un peu de rythme et le violon aidant principalement à soutenir le chanteur pour les mélodies, à la place des femmes invitées sur disque (sur "An Hollaika" notamment). Dans l'ossature des morceaux, aussi bien traditionnels que composés, le barde n'a changé que peu de choses. Sur "A Hed-An Noz", il a rajouté des sifflements (confirmant le sentiment "Graal"), la gavotte de "Balafenn" est jouée plus rapidement, tandis que sur "La Fée Riwanon" il a modifié le couplet "Cette fille belle autant que plaisante" et remplacé ce dernier mot par "étonnante". Quant à la chanson du chiffonnier, "Ar Pilhaouer", MYRDHIN invite les enfants à chanter le fameux "foueï foueî foueï" du refrain (que le barde ralentit exprès) avec lui, renforçant l'attachement que l'on peut avoir avec cette petite fantaisie.

La partie de la présentation de la harpe (étalée sur onze minutes), celle à laquelle les enfants participent le plus, est aussi importante que le reste. La harpe est, après tout, l'instrument du vieil enchanteur ! Sans des considérations trop techniques (et donc difficilement compréhensibles pour les petits), le barde fait un tour d'horizon de son instrument, historique et matériel. Les Hommes ont vite compris qu'une corde tendue comme celle d'un arc faisait un bruit, et les Egyptiens furent les premiers à donner ses lettres de noblesse à cet instrument primitif. Les Celtes n'aimant, des dires de MYRDHIN, pas beaucoup les lignes droites, la harpe celtique inventée ensuite contient des formes courbées. Son nom breton, "telenn" a été formé à partir du mot "tendre" (une corde), alors que le mot harpe vient du germanique pour le verbe "pincer". Un élève demande pourquoi la harpe est triangulaire, c'est parce qu'il faut des cordes de longueur différente pour avoir des sons divers. Elles ont pour certaines des couleurs pour pouvoir les reconnaître. MYRDHIN pose souvent des questions aux élèves et ceux-ci répondent souvent avec sagacité. A la fin, ils lui rendent la pareille avec des intérêts divers : pourquoi le harpeur laisse pousser ses ongles (cordes en métal oblige), ou plus mignon encore, s'il est déjà passé à la télé. Avec le sourire, il répondra "C'est pas tous les jours mais ça arrive !". Toute aussi adorable sera sa réponse à la question "Quand est-ce qu'on arrête de jouer de la harpe ?" : "J'ai 853 ans, et je ne suis pas prêt d'arrêter"...

Poétique, détendue et ludique, cette animation a le mérite de nous révéler plus en profondeur, même à nous grands, une partie des légendes celtes, un personnage qui n'a pas fini de nous étonner, ainsi qu'un instrument qui retransmet la voix des dieux.

Note réelle : 3,5/5

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   MARCO STIVELL

 
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- Myrdhin (harpe celtique, chant, récit)
- Günther Buchwald (violon, bodhran)


1. Merlin Le Barde
2. Les Différentes Formes De Merlin
3. Les Trois Vies De Merlin
4. Les Oiseaux De Viviane
5. La Fée Riwanon
6. Paganjig
7. L'appel De Merlin
8. Le Vol De Sa Harpe
9. Présentation De La Harpe
10. Le Chiffonnier



             



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