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Johann Sebastian BACH - Messe En Si Mineur Bwv 232 (herreweghe) (1748)
Par CHIPSTOUILLE le 17 Janvier 2013          Consultée 4195 fois

Dans une première version de cette chronique, je vous parlais de ma vie sur 4 paragraphes. Écourtons le monologue égocentrique et concentrons-nous sur ce que le lecteur sera venu chercher ici : Bach. Je pourrais vous parler de Slayer aussi, mais de ce côté du site on va parler de Bach. Bach que je vénère aujourd’hui à peu près autant que j’ai pu le détester hier. Car Bach peut être profondément barbant quand il copie et recopie ses maîtres allemands. Tout comme il peut surpasser ses maîtres, concilier le français pour son panache, l’allemand pour sa complexité et l’italien pour sa légèreté. Mais bien au-dessus de tout cela, il y a Bach qui consacre sa vie aux messes, aux chants, aux louanges. Une musique si belle et si envoûtante, que je surprends parfois au détour d’une critique littéraire quelques croyants essayer de convaincre d’autres agnostiques qu’il s’agit là d’une preuve de l’existence de Dieu.

S’il y a un double disque que j’ai gardé en ligne de mire pendant longtemps, c’est ce double de la messe en Si. Impossible d’en faire le tour en 2 semaines comme une nouveauté enthousiasmante. J’ai reposé ma plume avant d’avoir pu en retirer le suc. Friandise dont je me suis donc délecté pendant 5 longues années, sans me forcer. Chose impossible à réaliser en quelques semaines, si l’on souhaite pleinement entrevoir la puissance d’une œuvre musicale d’une telle longueur et en rétribuer l’impact le plus fidèlement possible au lecteur.
La messe est constituée d’éléments composés à différents moments de la vie de Bach, sur plus de 20 ans. Il paracheva son oeuvre en 1748, juste avant qu’il ne soit atteint de cécité, 2 ans avant sa mort. L’œuvre telle qu’on la connaît aujourd’hui n’a d’ailleurs pas été jouée en entier de son vivant. Certains mouvements sont originaux, d’autres sont repris et réécrits (ce que l’on nomme des « parodies ») à l’image du thème principal de la cantate n°12.

Cette cantate est un « diésel »: elle met longtemps à chauffer. Bach a-t-il volontairement souhaité cet effet de crescendo dans la qualité? Aucune idée. Cette première partie avait pourtant été envoyée au duc de Saxe en 1733 dans le but d’une nomination à la chapelle de cour, qui deviendra effective en 1736. La seconde, partie, le « Simbolum Nicenum » est en comparaison un sans-faute, du grand Bach, la crème de la crème. Je ne vais pas m’étaler de nouveau sur les qualités propres au compositeur, référez-vous à la chronique du Magnificat pour les dithyrambes.

Le packaging "Deluxe Edition" made in Harmonia Mundi sorti en 2006 de cette interprétation que je conseille ici est (encore une fois) d’une qualité rare, le prix s’en ressent d’autant. Aux commandes un Philippe Herreweghe qui maîtrise plus que jamais son sujet, avec ses habitués, dont un Andreas Scholl et sa voix d’extraterrestre, toujours au-dessus du lot.

Cette maxi-cantate ne vaut donc pas « 5 étoiles ». Pas au regard d’autres compositeurs, mais au regard de Bach lui-même. La messe en si n’est pas le Magnificat, le concerto brandebourgeois n°5, le double concerto pour violon ou la cantate n°4. Il lui manque l’entrée en matière d’une passion selon St Jean, la tension de celle de St Mathieu ou la leçon de musique qu’est l’art de la fugue. C’est du bon Bach, de l’excellent Bach même. La messe en si brille surtout par le fait qu’elle ne souffre pas de défauts. Mais cela reste cent minutes de plaisir de connaisseur, guère adaptées au format d’écoute de notre période de consommation musicale optico-fibreuse et boulimique. Sa qualité monte en pente douce jusqu’à atteindre des sommets, mais tout ceci n’est que comparaison. Tel un plateau péruvien et une cordillère des Andes face à l’Himalaya. On pourrait la qualifier de trop longue et pas assez haute. Si vous êtes avides de fantastique, d’extraordinaire, de sensations fortes, d’un coup de poing dans la face, alors les alternatives chez le compositeur ne manquent pas. Si Bach vous a déjà mis KO, ne serait-ce qu’une seule fois, vous pouvez remettre le couvert sans crainte ici.

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- Veronique Gens (soprano)
- Andreas Scholl (alto)
- Christoph Prégardien (ténor)
- Peter Kooy (basse)
- Hanno Müller-brachmann (basses)
- Collegium Vocale Gent
- Philippe Herreweghe


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