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Anthony PHILLIPS - Private Parts & Pieces Ii - Back To The Pavilion (1980)
Par MARCO STIVELL le 11 Août 2010          Consultée 4436 fois

Fier de sa première expérience, Ant réitère de manière assez rapide l’exercice de recueil que constituent les Private Parts & Pieces. Et ce avec beaucoup de raison, d’autant plus que Back to the Pavilion est l’un des plus connus et des plus appréciés de la série.

Et cela avec beaucoup de réussite aussi, même si il faut dire que ce n'était pas vraiment gagné au départ. Le présent opus est celui qui possède la construction la plus étonnante, avec deux parties bien distinctes. La première, symbolisée par l'ancienne face A est composée d’une suite folk-rock instrumentale baptisée "Scottish Suite", la première grande "suite" d'Ant à revendiquer ce patronyme. Le concept date de 1976, lorsque l’on avait demandé à Ant d’écrire une musique pour un projet nommé MacBeth. Il avait alors invité son vieil ami Mike Rutherford et Andy McCulloch (batteur du Lizard de King Crimson) à participer, et on peut les entendre sur les deux moments les plus rock, à savoir l'ouverture "Salmon Leap" (avec la guitare électrique toujours bien tranchante que l'on n'avait plus entendue depuis Trespass, soit dix ans plus tôt !) ainsi que "Amorphous, Cadaverous and Nebulous". Il y a de très bons arrangements de claviers, en particulier sur "Salmon’ Last Sleepwalk". Cette suite est aussi ponctuée de moments plus acoustiques, comme "Parting Thistle" et "Electric Reaper" qui reprennent les thèmes de… "Reaper", du précédent album. A la fin de la deuxième, on peut même reconnaître un clin d’œil à "Misty Battlements" de The Geese & the Ghost - alors que soi-disant ce devait être une coïncidence, sacré Ant ! - Mais de toute évidence, cette suite, dernier véritable lien (du moins avant longtemps) avec le passé d’Ant en matière de rock progressif, est plus que sympathique, déjà un classique.

Pour le reste, Ant propose des choses plus diverses, plein de petites curiosités. Les morceaux n'ont plus aucun lien entre eux, ce sont vraiment des parties et pièces séparées. Après la "Scottish Suite", la face A contient également trois morceaux bien distincts, du très court au très long, plus précisément du très folk "Postlude : End of the Season" au surprenant et limite expérimental "K2". La seconde face s'ouvre donc avec "Heavens" et à partir de là, où même en fait directement après la "Scottish Suite", Back to the Pavilion fait carrément office de fourre-tout. Mais sa diversité le rend après tout encore plus attachant et même si elles ne sont pas toujours exploitées à fond (loin de là même parfois), les idées sont là et c'est déjà beaucoup. Peut-être que des fois il n'y a pas besoin de plus en réalité. Des pièces de guitare plus ou moins courtes : "Chinaman" (un inédit de la période Wise After the Event), "Postlude : End of the Season", l’aquatique "Will O’the Wisp" (pour un hommage à un film d'épouvante, c'est plutôt serein), le très doux "Nocturne" ; des thèmes au piano : les romantiques "Lindsay" et "Back to the Pavilion" ; des plages de synthés plus ou moins déroutantes : "Heavens", l’atmosphérique "K2" - ne l'écoutez surtout pas à fond - ; des titres plus confidentiels tels que "Spring Meeting", "Magic Garden" ou "Romany's Aria" avec son jeu de bandes inversées (Ant aime bien faire ça)… Au final tout est vraiment très beau. Le guitariste a ressorti de ses tiroirs quelques morceaux datant de l’époque Wise After the Event, dont "Tremulous", avec la flûte de Mel Collins, toujours plus efficace qu'au saxophone et surtout "Von Runkel’s Yorker Music", avec le hautbois du frère Rob, autrefois appelé "Sitars and Nebulous", ancienne face B de "We’re All as we Lie", et reprenant le thème du refrain de ce dernier. Il y a enfin comme sur le précédent album des chansons, toutes les deux acoustiques et très agréables, notamment "Lucy : an Illusion", bien qu'elle ne soit apparue qu'au moment de la réédition CD au début des années 90.

Back to the Pavilion est, en tout cela, un sommet d’éclectisme, tout autant voire plus que le premier Private Parts & Pieces. Mis à part peut-être "K2" qui reste malgré ses trouvailles sonores une sorte d'OVNI qui a de quoi dérouter facilement, il n'y a rien à redire sur la qualité de l'ensemble, et pas seulement de la "Scottish Suite" qui est loin d'être le seul morceau réellement intéressant parmi le tout. Bon c'est sûr qu'on aurait pu s'attendre à plus d'unité de la part d'un tel recueil, mais encore une fois c'est justement la diversité qui contribue beaucoup à la beauté de l'ensemble et Back to the Pavilion s'écouterait au final comme un bon Steve Hackett (pour rester dans la famille Genesis) de n'importe quelle époque, avec cependant un côté privé et personnel nettement plus prononcé.

Note réelle : 4,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Anthony Phillips (guitares, piano, claviers, chant)
- Mike Rutherford (basse)
- Andy Mcculloch (batterie, percussions)
- Rob Phillips (hautbois)
- Mel Collins (flûte)


1. Scottish Suite : (i) Salmon Leap
2. (ii) Parting Thistle
3. (iii) Electric Reaper
4. (iv) Amorphous, Cadaverous And Nebulous
5. (v) Salmon' Last Sleepwalk
6. Lindsay
7. K2
8. Postlude : End Of The Season
9. Heavens
10. Spring Meeting
11. Romany's Aria
12. Chinaman
13. Nocturne
14. Magic Garden
15. Von Runkel's Yorker Music
16. Will O'the Wisp
17. Tremulous
18. I Saw You Today
19. Back To The Pavilion
20. Lucy : An Illusion



             



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