Sarah BRIGHTMAN nous fait le coup de l'album de Noël... En faisant preuve de recul, on doit pouvoir résister à l'envie de détester cordialement ce disque, qui n'arrive que deux ans après Symphony (et encore !), qui use du même titre avec seulement l'implantation en hiver... Sachant que le disque de 2007 n'était déjà pas aussi chaleureux qu'un Harem (2003) ! Et puis cette pochette, franchement peu attirante...

Le parti-pris personnel n'empêche pas de savourer quelques beaux moments sur cet album, mais honnêtement, il ne revient que rarement sur la platine et si quelqu'un souhaite découvrir Sarah BRIGHTMAN, ce n'est pas celui que l'on tend en premier. Loin s'en faut. Et puis la sensation de facilité reste présente, même si la logique veut qu'une telle artiste ne pouvait y échapper, surtout aux alentours de l'année 2010...

Figurez-vous pourtant qu'A Winter Symphony débute avec une reprise qui s'impose d'emblée comme l'une des meilleures de la chanteuse. "Arrival", grand-oeuvre du groupe suédois ABBA, est introduit par quelques violons et instruments à vent classiques (flûte, cor anglais), puis la voix que l'on connaît bien entonne quelques mots dédiés à l'hiver, à l'esprit de Noël (le morceau original est instrumental). Le charme est d'autant plus fort que l'orchestre joue dans l'esprit initial, tandis que dès le deuxième couplet, la rythmique rock plutôt "heavy" apporte un autre groove.

La réussite de cette expérience se situe donc en en début d'album, et également à la fin avec cette reprise inattendue de "I Believe in Father Christmas", emprunté au groupe de rock progressif EMERSON LAKE & PALMER, qui donnera même lieu à un clip. C'est donc un nouvel album à tonalité très orchestrale et qui en fait reprend complètement le son de l'effort précédent, avec orchestre, réverbération... Le tout pour une ambiance froide et dosée.

La plupart des autres reprises oscille entre un son de ballades folk et de lyrisme symphonique, rien de nouveau et cela concerne aussi l'écriture, puisqu'aucune composition originale n'a été fournie pour ce disque. Sarah BRIGHTMAN et son fidèle coéquipier Frank Peterson vont piocher dans les tubes populaires, bien que ceux-ci ont plusieurs siècles (les Christmas carols ou chants de Noël, comme "In the Bleak Midwinter"), ou sont devenus confidentiels comme le "Colder Than Winter" de Vince GILL et "I've Been This Way Before" de Neil DIAMOND.

Dans l'ensemble, c'est plutôt joli, Sarah fournit de belles interprétations. C'est un disque qu'on peut écouter en fond sonore, sans crainte de gêner les invités pendant la soirée-dîner à la maison (même si le gros son d'"Arrival"...). On entend deux "Ave Maria" dont celui de Gounod, le seul à retenir puisque celui en duo avec le ténor Fernando Lima est moins réussi.

BACH, "Amazing Grace", "Silent Night", toutes les recettes employées et attendues maintiennent la sympathie que l'on peut ressentir pour la chanteuse, sans pour autant l'accentuer. Elle ne révolutionne rien. En revanche, à l'écoute d'"I Wish It Could Be Christmas Everyday" du groupe WIZZARD, on ne peut que ressentir de la frustration. Pourquoi dans sa carrière, Sarah n'a-t-elle pas laissé les orchestres symphoniques de côté pour chanter plus de rock'n'roll ? Ca rend très bien avec des saxophones nerveux comme ici (en fait un big band), même s'ils sont trop dilués dans la masse d'instruments et de choeurs.

Un titre d'ouverture super, une ou deux bonnes surprises, un disque gentillet de façon globale mais peu marquant, pas de quoi monter au plafond. A Winter Symphony est classé "meilleur disque classique de l'année" au Japon, ma foi... L'album précédent présentait nettement plus d'intérêt, même avec des moments simples et largement réemployés ici, avec trop de similitude. Un bilan moyen, ça arrive !