LED ZEPPELIN a-t-il tout dit après ses quatre premiers albums ? Répondre oui est forcément révélateur d'un manque de connaissances à propos du Dirigeable. Certes, après un premier album phénoménal qui a posé les fondations du hard rock, le groupe de Jimmy Page n'a pas aussi bien flamboyé par la suite. Mais l'attente est récompensée, et pour ceux qui n'ont pas aimé les trois précédents albums, ainsi que les fans plus « véritables », Houses of the Holy vient remettre les pendules à l'heure.

Houses réussit là où Zoso échoue : proposer un patchwork musical montrant un LED ZEPPELIN tour à tour brutal, folk et maitrisé. Certains défauts n'ont pas disparu pour autant, comme le chant de Robert Plant. Le remplacer serait une hérésie à combattre à l'acide, mais personne ne lui a dit – et ne lui dira – qu'il tape de très mauvaise manière dans les aigus. Certains gimmicks vocaux sont même insupportables, comme sur la fin de "The Song Remains the Same", entre autres.
Ce gros et incurable défaut mis à part, la majeure partie de Houses est excellente. "The Song Remains the Same", justement, donne une idée de ce que pourrait contenir un panthéon des ouvertures de disques. Les deux titres acoustiques qui suivent sont de vraies perles, surtout "The Rain Song" et ses accords magiques. Quant aux titres qui tabassent, comme qui dirait l'autre, ils le sont dans bien des sens du terme. L'ovni "D'yer Maker", s'il n'est pas un essentiel, est drôlement sympathique et donne le sourire, sans parler des paroles. Quant à Dancing Days, le riff est musicologiquement crétin, mais tellement catchy qu'on a du mal à en vouloir au groupe.
Les bons morceaux ne le sont pas à moitié sur Houses. De même pour les mauvais. Impro ou pas, "The Crunge" est surtout excessivement mauvais, et donne une idée de ce que pourrait faire un James Brown des très mauvais jours. "No Quarter", lui, est un morceau vraiment expérimental par rapport au répertoire de Led Zep, notamment grâce la voix trafiquée de Plant, mais dans l'absolu, il ne marque pas assez pour qu'on ait envie de revenir dessus de manière spontanée.

En 1973, le premier Led Zep reste intouchable, mais Houses est celui qui s'en rapproche le plus. Le groupe fait toujours la même musique, mais se perfectionne grandement ici. A un tel point qu'on peut se demander pourquoi il n'a pas continué sur sa lancée par la suite.