Au pays des trois cent fromages, le best-of de BRASSENS est roi. C’est presque un passage obligé, BRASSENS. Douze mois à peine, encore fiérot dans sa barboteuse, le jeune français est poussé près de la chaîne hifi, « Gare au Gorille » à fond les ballons.

Deux semaines de « Gaaaaaaa’ au Go’illllllleuuuuh » plus tard, voilà un citoyen presque tout fait : chicaneur, rigolard et rétif au parc à bébé. Et ce sacré singe vous suit toute votre vie. Un jour on joue au primate dans le bac à sable, le lendemain, on comprend ce que le gorille va « perdre aujourd’hui ». BRASSENS est un peu un La Fontaine sans perruque et sans poudre qui conclut un viol burlesque sur une morale généreuse.

Se replonger dans BRASSENS, aller au-delà du best-of qui se désagrège sur l’étagère, c’est faire un tour du côté de l’inconscient sans confier son pécule à un marabout du divan. On redécouvre « Le Parapluie », « Le Petit Cheval » et « La Chasse aux papillons ». On exhume « Corne d’Auroch » et surtout « L’Héctatombe », qui, réflexion faite, est tout aussi géniale que « Gare au Gorille ». Les instincts homicides de la foule cohabitent avec d’inattendus sursauts de compassion ; en voilà un qui n’a pas lu Hugo pour rien !

Merveilleux BRASSENS, à la fois profond et grivois, qui réussit à vous apprendre votre langue maternelle en se moquant des croquemorts et des commères. Un homme qui sort le mot « quadrumane » du dictionnaire zoologique et le coiffe d’un bonnet à clochettes ne peut être que bon, de toute façon.