Recherche avancée       Liste groupes



      
MISE à JOUR  |  TRIBUTE

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Francis Cabrel , Maxime Le Forestier , Brassen's Not Dead, Les Croquants

Georges BRASSENS - Les Oiseaux De Passage (2001)
Par RAMON PEREZ le 22 Janvier 2019          Consultée 1595 fois

Après avoir consacré un album de reprises à Jacques BREL (Aux suivants, 1998) et avant d’en dédier un à Léo FERRE (Avec Léo, 2003), c’est à Georges BRASSENS qu’Universal adresse un disque hommage, à l’occasion des vingt ans de sa disparition. La photo mythique de l’interview RTL en 1969 guide le projet, à moins que ce ne soit finalement une considération plus mercantile. En effet la major a de nombreux artistes à promouvoir sur ses différents labels (Barclay pour les deux autres disques, Polydor pour ces Oiseaux de passage). Les adresser aux oreilles du public plus large d’une de ces figures tutélaires est un bon moyen pour cela. Mais il serait sage de n’en point prendre ombrage. Car contrairement à ce que l’on connait de nos jours avec ce type de travaux, où les artistes choisis le sont davantage pour leur potentiel commercial que pour leur rapport avec les interprètes d’origine, ici le choix s’est tout de même fait sur d’évidents critères artistiques.

En clair, le but est de vendre les artistes avant de vendre le disque, nuance importante. Peu de gens installés, bien que certains aient déjà une solide carrière ainsi qu’une réputation bien assise dans quelques milieux informés (MIOSSEC, JULIETTE, TETES RAIDES). Les plus gros vendeurs alors sont probablement NOIR DESIR (pas franchement le groupe le plus grand public qu’aurait pu trouver la major). Une bonne partie des participants au disque ont encore leur preuve à faire. Et s’y appliquent ici avec une vraie créativité. La grande force de cette compilation, c’est le changement d’ambiance à chaque titre. Il exige de la part de l’auditeur un certain effort d’ouverture, légèrement inconfortable, mais finalement très enrichissant. Passer de BENABAR à LOFOFORA par exemple, n’est pas le plus évident des chemins. Mais chacun se fait plaisir et donne du grain à moudre.

Après c’est une histoire de goût. Si l’on est un puriste de BRASSENS, on risque d’être trop secoué pour apprécier. Lui-même s’est probablement retourné dans sa tombe quelques fois. Ne serait-ce que devant le nombre de reprises, un bon tiers, se permettant d’ignorer son travail mélodique (ce qu’il ne supportait pas). On peut retenir parmi les efforts de facture classique les cuivrées « La non-demande en mariage » et « Embrasse les tous », ainsi que les plus minimalistes « Le parapluie » et « Il n’y a pas d’amour heureux ». Certains, tout en respectant la mélodie, osent des directions musicales bien éloignées de l’univers du sétois, comme l’ami Magyd CHERFI (de ZEBDA) avec ce reggae/chaabi parfumant (agréablement à mon nez) la grande « Supplique… ». Ou comme SUBWAY ou SAEZ qui chargent respectivement « Mourir pour des idées » et « La prière » de guitares électriques orageuses.

Les tentatives en-dehors du cadre mélodique original, pour vraiment discutables qu’elles soient, apportent les morceaux les plus étonnants de ce disque. NOIR DESIR sort l’ovni de la galette (qui ne ressemble ni à du Brassens, ni à du Noir Dez), LOFOFORA fait du LOFOFORA sur « Les passantes » (pas besoin d’en dire plus tant cette idée laisse songeur). Et ARTHUR H enfume la pièce avec sa reprise, au point qu’on pourrait se dire qu’il s’est planté d’album si le texte n’était pas indubitablement de BRASSENS, tant ça ressemble bien plus à du GAINSBOURG. Parlons pour terminer de la conclusion de l’album, où après « La prière » s’enchaînent trois ghost-tracks étonnantes, dans le registre de la lecture. On y entend « Stances à un cambrioleur » dans toute sa dimension épistolaire, mais surtout deux lettres faisant partie de la correspondance entretenue par Georges BRASSENS avec le philosophe Roger Toussenot à la fin des années 40 (avant sa carrière de chanteur) et qui sont de vraies merveilles du genre.

Le genre de l’album hommage (ou tribute comme on le dit davantage aujourd'hui) est l’un des plus critiquables qui soient. On ne fera jamais mieux que l’original, il y a souvent des arrières pensées discutables, des directions artistiques que l’on peut considérer comme hors-sujet. Si celui-ci n’évite pas tous ces écueils, j’estime qu’il est pourtant un modèle de la catégorie. Il contient peu de facilités, mais plutôt de la créativité à tous les étages. Chaque proposition est exigeante et donne un nouvel éclairage sur l’œuvre immense du bon maître. Pas facile jusqu'ici de faire vraiment du neuf avec cette matière. Peut-être fallait-il attendre ces vingt ans pour qu’une génération plus éloignée de l’auteur apporte la touche finale à ce monument de la chanson française : son appropriation et donc le début de son éternité.

D'ailleurs ce disque a connu cinq ans plus tard une sorte d’extension, sous le titre « Putain de toi ». Poursuivant ainsi cette appropriation avec encore une autre génération. Dix chansons des Oiseaux de passage y figurent, auprès de dix nouvelles reprises dont certaines valent vraiment le détour. En particulier celle d’Olivia RUIZ, qui inaugurait là un exercice où elle allait devenir incontournable, avec cette version étrange et explosive de « Putain de toi », ainsi que celle de JEHRO qui est sans doute le plus iconoclaste de tous puisqu'il reprend BRASSENS… en anglais ! Et je serais injuste de passer sous silence Stephan EICHER qui fait ce qu’il manquait sur Les oiseaux de passage (l’album) : la reprise des « Oiseaux de passage » (la chanson). Une reprise impeccable en mode tzigane, dans l’esprit autant que dans la réalisation, avec l’aide des grands TARAF DE HAÏDOUKS. De nouvelles fenêtres qui s’ouvrent sur notre patrimoine. BRASSENS plus vivant que jamais.

A lire aussi en VARIÉTÉ FRANÇAISE par RAMON PEREZ :


TÊTES RAIDES
Le Bout Du Toit (1996)
Comme à la maison




Pierre PERRET
Le Monde De Pierre Perret (1966)
Le boulot paye (les colonies de vacances aussi)


Marquez et partagez





 
   RAMON PEREZ

 
  N/A



Non disponible


- les Oiseaux De Passage
1. Le Parapluie [yann Tiersen & Natacha Régnier]
2. Le Roi [noir Désir]
3. La Ballade Des Gens Qui Sont Nés Quelque Part [tar
4. Il N'y A Pas D'amour Heureux [keren Ann & Tanger]
5. La Complainte Des Filles De Joie [juliette]
6. La Fille à Cent Sous [arthur H]
7. Embrasse-les Tous [benabar]
8. Les Passantes [lofofora]
9. La Non-demande En Mariage [miossec]
10. Mourir Pour Des Idées [subway]
11. Supplique Pour être Enterré à La Plage De Sète [ma
12. Pauvre Martin [têtes Raides]
13. Les Copains D'abord [cornu]
14. Quatre-vingt-quinze Pour Cent [weepers Circus]
15. La Prière [damien Saez]

- putain De Toi
1. Le Parapluie
2. La Mauvaise Réputation [tété]
3. Embrasse-les Tous
4. Putain De Toi [olivia Ruiz & The Hyènes]
5. Pauvre Martin
6. Stances à Un Cambrioleur [pauline Croze]
7. La Ballade Des Gens Qui Sont Nés Quelque Part
8. Les Oiseaux De Passage [stephan Eicher & Taraf De
9. La Complainte Des Filles De Joie
10. La Bella Y El Manantial (dans L'eau De La Claire F
11. La Non-demande En Mariage
12. La Cane De Jeanne [dionysos]
13. Le Roi
14. L'orage [renan Luce]
15. Il N'y A Pas D'amour Heureux
16. The Passersby (les Passantes) [jehro]
17. La Fille à Cent Sous
18. Fernande [carla Bruni]
19. Supplique Pour être Enterré à La Plage De Sète
20. Les Trompettes De La Renommée [grand Corps Malade]



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod