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CHANSON GRANDE CLASSE  |  STUDIO

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- Style : Francis Cabrel , Maxime Le Forestier , Brassen's Not Dead, Les Croquants

Georges BRASSENS - Misogynie à Part (1969)
Par RAMON PEREZ le 19 Décembre 2018          Consultée 1583 fois

En 1969, le monde a profondément changé après la fièvre de 68. Mais s’il en est un qui semble être passé à côté de l’épisode en question, qui semble ne pas avoir bougé de son immuable stature, c’est bien Georges BRASSENS. La position du poète est pour certains une source d’interrogation, tiraillé qu’il était entre la sympathie philosophique pour ce mouvement d’émancipation et son impossibilité de se mêler à tout mouvement collectif, ainsi qu’il l’expliquait avec « Le pluriel » sur l’album précédent. Exemple absolu d’artiste dégagé, selon le mot de Pierre Desproges, cette incapacité à s’engager lorsqu'il le fallait lui fut régulièrement reprochée. Par quelques anciens lui rappelant son comportement (relativement passif) pendant la guerre ou par des plus jeunes préférant l’actualité d’un Léo Ferré. Cette conception libertaire, à la fois farouchement révolutionnaire et profondément conservatrice, fut d’ailleurs l’un des sujets de débat lors de la fabuleuse interview de BRASSENS, BREL et FERRE (immortalisée par une photographie mythique), organisée à cette époque, où chaque chanteur discuta de sa conception de l’anarchisme.

Ne pas participer ne veut pourtant pas dire être indifférent et cet album de 1969 vient avec la plus grande élégance en faire la démonstration. Qu’est-ce que mai 1968 a inspiré chez Georges BRASSENS ? L’envie de mettre en musique le fabuleux poème de Jean Richepin, poète plutôt révolté de la fin du XIXe siècle. Un poème à l’origine bien plus long, que le chanteur ramène à un essentiel percutant, pure allégorie du rapport de classe violemment attaqué l’année précédente. « Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux », dernier et définitif vers de ces « Oiseaux de passage ». Y a-t-il quelque chose d’autre à dire ?

Cette ambiguïté levée, BRASSENS reprend son bonhomme de chemin. Un chemin qui s’approche inexorablement de la fin. La mort était déjà présente lors de la précédente livraison. Elle est ici au cœur du chef d’œuvre trop méconnu contenu par ce disque "Pensées des morts". Une autre mise en musique d’un poème du XIXe siècle, lui aussi grandement raccourci. Profitant des mots de Lamartine, autre poète révolutionnaire s’il en fut, cette chanson est l’une des rares du Sétois à prendre la mort au sérieux. Ces mots, parfaitement interprétés par le chanteur, avec l’accompagnement magique des notes de la seconde guitare de Barthélémy Rosso et des traits d’archet de Pierre Nicolas serrent le cœur comme rarement.

Il ne faut pas en conclure que notre homme est d’humeur noire. Ce disque est au contraire très drôle. La chanson qui l’ouvre était un grand moment de partage avec son public (BRASSENS avait bien du mal à garder son sérieux sur ce genre d’œuvre, ce que les gens appréciaient grandement). Evidemment il ne faut pas trop prendre à cœur la question féministe, sinon on rit beaucoup moins de ce moment de misogynie assumé ! « L’ancêtre » est sans doute plus consensuelle, mais non moins drôle. Un titre où la mort revêt à nouveau son nez rouge, dans un accès grivois du plus bel effet. Evoquons enfin la blasphématoire « La religieuse », dont le scandaleux refrain aura fait hurler de rire les fouleurs de calottes.

A côté de cela, plusieurs titres se font davantage sérieux. Pas toujours pour le meilleur. Ainsi « La rose, la bouteille et la poignée de main » n’a pas été un franc succès, bien que BRASSENS en ait été très content. Irréprochable sur le fond, mais très longue et quelque peu monotone, elle souffre de la comparaison avec « Les oiseaux de passage ». En revanche, le très beau « Rien à jeter », modèle de chanson d’amour sans eau de rose et le fataliste « Sale petit bonhomme » sont de vraies réussites. Quand BREL s’arrachait le cœur pour ne pas qu’on le quitte, son ancien voisin prend simplement acte de la rupture. Dans une France qui voit encore très mal le divorce, cela n’est pas si anecdotique.

Comme pour le disque précédent, il enregistre avec Pierre Nicolas ces titres chez lui en quelques jours. Une semaine après, la seconde guitare est posée en une journée sur l’album, qui parait quelques jours plus tard. Une efficacité qui laisse songeur selon nos standards contemporains. C’était peut-être trop vite pour la maison de disque qui décide assez facilement d’intégrer cet album à sa collection intégrale de BRASSENS sortie en 1965, à la suite du changement de format de vinyle. Les neuf premiers albums étaient sortis en 25 cm et avaient été regroupés en sept 30 cm, auxquels il fallait ajouter Les copains d’abord, premier album directement sorti en 30 cm et huitième disque de cette collection. Dans cette intégrale, les pochettes étaient toutes similaires, un fond bois, les titres des chansons présentes, avec le numéro de disque (de I à VIII à l’origine) et une petite photo du chanteur. Au moment de Supplique, Philips n’avait pas considéré le disque comme un album et avait fait une pochette similaire, mais blanche. Une retenue rapidement abandonnée en même temps que l’idée de réenregistrer l’album, la pochette prenant dès lors les mêmes teintes que les autres. Cette fois-ci, la question ne se pose pas et la couverture originale de Misogynie est donc celle de cette collection, flanquée du X. Ce qui est finalement assez bien vu. Révolution ou pas, BRASSENS fait toujours du Brassens, ni plus ni moins. Et il le fait bien, le bougre !

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Une autre idée de la maturité.


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   RAMON PEREZ

 
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- Georges Brassens (chant, guitare rythmique)
- Barthélémy Rosso (guitare soliste)
- Pierre Nicolas (contrebasse)


1. Misogynie à Part
2. Bécassine
3. L'ancêtre
4. Rien à Jeter
5. Les Oiseaux De Passage
6. La Religieuse
7. Pensées Des Morts
8. La Rose, La Bouteille Et La Poignée De Main
9. Sale Petit Bonhomme



             



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