Fameuse Hélène, fameux sabots ! Après le Gorille, un autre « personnage » de BRASSENS déborde de sa chanson et se fait mythe. Le troisième album du chansonnier est celui du coup de maître, de la gravité nichée entre deux bons mots.

Avant le mordant, il y a tout de même l’émouvant. BRASSENS signe six hymnes à l’amour simples, chansons où il excelle. La Margot est de retour, adorée, honnie, caressée, quittée. La rancœur de l’amant abandonné au bord de la route éclate en jurons ; on préfère se souvenir de la première fille, pas trop chiante celle-là, même si maladroite, pas aussi habile, en tout cas, que la petite fleur-peau de vache.

Femmes multiples, homme unique : amoureux mais lâche, salaud mais honnête ; voilà le portait du « Mauvais Sujet ». Il faut toute la générosité du grand Hugo pour trouver un homme fidèle, dans une Espagne de pacotille, pour chanter sa « Gastibelza ».

A ce compte-là, on désespère d’être philanthrope (et philanthrope, il l’est Georges BRASSENS !). Derrière le rythme sautillant de « La Mauvaise Herbe » on décèle les remords du survivant qui fanfaronne pour éviter de sonder la tourbe des sentiments. « La Prière », chansons pleine de compassion, laisse deviner les atermoiements religieux de l’homme derrière la guitare.

Ne faisons pas BRASSENS plus sérieux qu’il n’est. Les outrages hilarants de « Putain de toi » sont là pour rappeler que l’autodérision ramène de tout. Une des plus belles leçons du père Georges, sans doute.