La première fois que j'écoute Heaven and Hell, je me dis juste "Mouais". Après un nombre de retentatives nécessaires, Red One clôt une discussion en disant "Heaven and Hell finit toujours par convaincre ; c'est l'album ultime !". J'ai approuvé.

Cet esprit d'album ultime se justifie par des trouvailles qui se révèlent mythiques du début à la fin. Les guitares sont héroïques, le chant de Dio est héroïque, Geezer Butler et Bill Ward jouent comme les chevaux de cent mille cavaleries qui ont autant de trompettes que ce qui sort des claviers de Nicholls. Et ces compositions, mamma mia... "Neon Knights" et son tempo rapide typiquement hard-rock cachent bien ce qui reste l'une des plus belles envolées de Iommi. On retrouve cette tendance guitares-claviers sur le folkisant et aérien "Children of the Sea" -bien que Heaven and Hell soit un pur album de rock, ne s'attardant jamais uniquement sur ce type d'ambiances contrairement à certains anciens albums-, ainsi que sur le majestueux "Lonely Is the Word" ou le puissant "Die Young" qui, bien qu'excellent dans sa totalité, révèle pour climax une rupture planante après le premier refrain et une remontée fracassante ! Enfin, comment ai-je pu passer à côté du morceau éponyme qui lui aussi cache bien son jeu ? Cette progression calme pendant un certain temps, où Iommi joue légèrement en retenue ne laissait aucunement voir venir ce final rapide et retentissant, suivi comme chacun s'y attendait par une coda archi-médiévale. Grandiose...

Le reste de l'album est encore à l'avenant, difficile de ne pas adhérer à l'ambiance sale de "Lady Evil", le solo déjanté de "Wishing Well" et l'efficacité de "Walk Away" (seul tube potentiel). Il est l'occasion en or de prouver que Ozzy pouvait être remplacé au pied levé, Dio étant moins geignard mais arrivant aussi à gagner en chaleur soul comme il le démontre sur "Lonely Is the Word". Quand on écoute ce dernier, on regrette que ce disque ait une fin.