Les concessions au rock FM ne rapportent rien, Tony Iommi est peut-être conscient du fait qu'il ne retrouvera plus le succès des années 70, le public ne donnant pas beaucoup de crédit à un BLACK SABBATH sans Ozzy ou Dio. Cela n'empêche pas le groupe de fournir des albums plus qu'intéressants comme ce fameux Headless Cross en 1989. On le sent dès le départ, avec l'intro "The Gates of Hell" installant via divers bruitages une ambiance caverneuse pendant une minute, cet album sera sombre, métal. On revient en fait pour de bon au métal épique du début des années 80, avec un son différent bien entendu.

Le line-up commence à trouver une certaine stabilité, au moins autour de Iommi, Nicholls, Martin, et du batteur Cozy Powell. Curieusement, même le bassiste d'alors Laurence Cottle se verra honoré de quelques privilèges dont n'a bénéficié aucun remplacant du mythique Geezer Butler jusqu'alors, comme celui d'ouvrir avec un solo très mélodique la fantastique "Nightwing" ! En fait, on sent vraiment que Headless Cross est un album de groupe, aucun musicien n'étant relégué au rang de simple accompagnateur, et une première conséquence bienfaitrice reste la mise en avant des claviers de Geoff Nicholls. On ne compte plus les moments superbes où les nappes viennent faire ressortir la noirceur de l'opus, comme au début de la très belle power-ballad légèrement progressive "When Death Calls". L'ami de Iommi, Brian May vient d'ailleurs y poser un magnifique solo épique.

Honnêtement, aucun morceau n'est à regretter. L'enchaînement introductif avec "Headless Cross" reste la meilleure ouverture concotée par BLACK SABBATH depuis Heaven & Hell, avec la voix menaçante de Martin et ses choeurs surpuissants. Les riffs très rythmiques brillent particulièrement sur le ternaire "Black Moon" ou le syncopé "Devil and Daughter". Certains titres arrivent encore à étonner comme le maléfique et progressif "Kill in the Spirit World" ainsi que "Call of the Wild" pour ses refrains orientalisants. Et on arrive au morceau de choix, "Nightwing", pièce forcément noire où le point culminant reste la partie centrale, Iommi alternant un sublime solo de guitare classique par un autre d'électrique.

Cet album n'est pas si loin des grands classiques en termes de qualité. Disons qu'il est préférable de réserver ce titre à l'album suivant !

Note réelle : 4,5