En 1982, alors que la tournée d'Iron Fist vient à peine de commencer, Fast Eddie Clarke claque définitivement la porte de MOTÖRHEAD. Le line-up 'classique' de la Tête de Moteur a définitivement vécu. Dans l'urgence, Lemmy et Phil Taylor recrutent Brian 'Robbo' Robertson, ex-membre de THIN LIZZY, dont la réputation n'était déjà plus à prouver. Une nouvelle ère commence.

Que peux-t-on sincèrement reprocher à Another Perfect Day ? À vrai dire, quasiment rien. Même sa pochette, assez repoussante au premier abord car n'hésitant pas à affubler ce pauvre Snaggletooth d'une défense en forme de pénis, est en réalité l'une des plus surprenantes et audacieuses de la discographie du groupe.
En fait, la principale critique, c'est de ne pas être à 100 % dans l'esprit d'un album de MOTÖRHEAD. Ne nous voilons pas la face : si vous étiez habitués aux titres dopés à l'essence de char d'assaut publiés par MOTÖRHEAD entre 1979 et 1982, la plupart des titres présents sur cet opus vont bousculer sauvagement toutes vos habitudes ! On s'en rend compte immédiatement à l'écoute du premier titre, l'époustouflant "Back At The Funny Farm", et on ne peut que continuer le constat sur des pépites telles que "Shine", "I Got Mine" ou encore la chanson-titre. Brian Robertson était incontestablement l'un des grands architectes du son très mélodique de THIN LIZZY. Sur Another Perfect Day, il est omniprésent, pour ne pas dire envahissant ! Sa guitare, claire et lumineuse, irradie l'album de mélodies solaires et enivrantes, qui donnent une couleur très particulière à l'opus.

Cependant, ne soyons pas malhonnêtes : Another Perfect Day reste un album de MOTÖRHEAD, avec tout ce que cela comporte de crasse, de sexe et de poudre à canon dans chaque recoin. Les chansons, du fait de la présence de Robertson et de ses milliards de soli tous azimuts, sont plus mélodiques et carrément épiques à certains endroits. Le summum, c'est "One Track Mind", un titre planant et majestueux, qui n'est pas sans rappeller "Capricorn" et "Sweet Revenge". Même constat sur l'angoissante "Marching Off To War" ou sur la surprenante "Dancing On Your Grave".

Bien que l'album soit une vraie surprise en termes de qualité de composition, il semble qu'il n'ait pas réellement convaincu les amateurs lors de sa sortie. Dommage... Car il possédait toutes les qualités pour orienter MOTÖRHEAD vers quelque chose de différent. La tournée Another Perfect Tour de 1983, censée promouvoir l'album, devient pour sa part un nouvel épisode à rebondissements dans la carrière du groupe : Brian Robertson, bien qu'étant impérial sur l'album, ne joue pas vraiment le jeu durant la tournée, et fait sa diva capricieuse : ses tenues excentriques (shorts de sport et ballerines de danse) et son refus de jouer certains classiques du groupe le rendent vite impopulaire auprès des fans. Robertson finit donc par quitter le groupe à l'amiable à la fin de l'année 1983.

Bien qu'enregistré par un tout nouveau line-up, Another Perfect Day constitue donc le dernier disque de la période 'classique' en trio de MOTÖRHEAD. Dans les mois qui suivent, MOTÖRHEAD devient en effet un quatuor et Phil Taylor finit par quitter lui aussi le navire. La suite des hostilités sera donc assez différente de ce que nous avons connu jusqu'ici. De plus, MOTÖRHEAD se retrouvera bien vite en conflit juridique avec son label Bronze Records et il faudra attendre l'année 1986 pour avoir enfin droit au successeur d'Another Perfect Day.

Another Perfect Day demeure donc probablement l'album le plus raffiné et le plus mélodique de MOTÖR LIZZY... pardon, de MOTÖRHEAD. Merci Brian Robertson de nous avoir prouvé que la chose était possible !
Et merci Lemmy pour n'avoir jamais renié ce disque lors des tournées qui ont suivi.

Un classique oublié, à redécouvrir d'urgence !

Note réelle : 4,98888/5 !!! (mais bon, soyons sérieux 5 minutes...)

Titres favoris : "Back At The Funny Farm", "Marching Off To War", "Rock It", "One Track Mind", "I Got Mine", "Die You Bastard !"