En 1991 au sein de BLACK SABBATH, c'est le grand chambardement ! Tony Iommi et Geoff Nicholls sont tentés de réintégrer Geezer Butler et Dio et congédient purement et simplement (sauf Cozy Powell qui partira de lui-même) les participants des derniers albums, Tony Martin compris. Au final, c'est exactement le même line-up qu'en 1980-81 qui revoit le jour, pour un résultat cependant différent de ces années-là.

Il semblerait que Tony Iommi ait en effet décidé de revenir à ses fondements, et propose un album bien plus sombre que ne pouvait l'être Mob Rules, flirtant intensément avec les origines doom de BLACK SABBATH. Les exemples ne manquent pas : "After All (the Dead)", "Buried Alive", quelques passages sur "Letters from Earth" et "Sins of the Father"... Riff lents et maladifs, voix menaçante, basse plombante, batterie martelée et claviers funèbres sont à l'avenant. Cela n'empêche pas la présence de quelques refrains mélodiques tout aussi mémorables comme sur "Buried Alive" ou l'obsédant "I".

Et bien sûr, le groupe saupoudre le tout de ses influences progressives, déjà revenues de manière croissante depuis Headless Cross. Ici, bien que le rythme soit varié au point d'être speed comme sur "TV Crimes" et "Time Machine", l'ensemble des morceaux n'est jamais figé, certains morceaux révélant des changements de thèmes et variations de rythmes toujours surprenantes. "Computer God" par exemple débute comme un "Kashmir" sale et se prolonge plus loin par une partie rêveuse avec guitare acoustique. "Master of Insanity" décrit une sorte de boucle entre une intro caverneuse et un riff bluesy, un tempo accéléré et un pont épique, pour se finir comme il a commencé !

Geezer Butler et Tony Iommi sont ceux qui tirent le plus leur épingle du jeu, surtout ce dernier qui se révèle encore plus inventif qu'il ne l'a jamais été ces dernières années. Dio en revanche, bien que toujours aussi puissant peut aussi se révéler moins fluide qu'avant par moments. Pourtant, son style caractériel convient toujours fort bien à ce doom moderne. Dehumanizer est un peu plus copieux que les albums précédents mais plutôt égal sur la longueur, sans pour autant atteindre le rang d'un chef-d'oeuvre.