Malgré l’excellence des deux précédents opus Live des Américains, je dois concéder que ma préférence va à cet Extraterrestrial Live enregistré durant la tournée US 81 du groupe. Tout d’abord, c’est par cet opus que j’ai découvert ce groupe fantastique. Des copains m’avaient conseillé d’acheter le Live du groupe, en pensant à On Your Feet, On Your Kness, et j’ai par erreur acquis celui-ci, probablement déjà fasciné par sa sublime pochette. Franchement, n’est-ce pas la classe, cette rencontre du troisième type à la sauce à l’huitre bleue ? Et ces dobermans menaçants qui fixent les membres du groupe en tenue d’aviateurs, pour un gros clin d’œil à la pochette de Secret Treaties ?
En fait, visuellement comme musicalement, ce disque fait habilement la synthèse des trois grandes dimensions du groupe, celles qui font toute sa richesse : le Hard-Rock’n roll furieux des premiers albums, le versant plus pop porté notamment par Buck Dharma et la touche mystérieuse et expérimentale prégnante notamment des deux derniers albums à l’époque, les somptueux Cultosorus Erectus et Fire Of Unknown Origin qui allaient devenir (et rester) mes deux préférés des New-Yorkais.
C’est cette facette énigmatique et profonde qui retient avant tout mon attention dans l’opus : "John Crawford" avec la masterclass au piano de Allen Lanier et "Veteran Of The Psychics Wars" qui contient un des meilleurs solos de guitare que je connaisse sont de pures merveilles. Mais les versions de "ETI", "Godzilla" et du tube immortel "Don’t Fear The Ripper" (quel solo de Buck encore !) sont également somptueuses et dantesques. Et que dire de "Black Blade" qui pulvérise la déjà excellente version studio pour un titre à nul autre pareil et une performance XXL de Eric Bloom au chant ? Du versant plus brut, je retiens notamment la torride reprise de neuf minutes du "Roadhouse Blues" des DOORS avec en guest star Robbie Krieger himself, et les survitaminés "Hot Rails To Hell" et "The Red And The Black" qui envoient bien la sauce.
Inutile de tout détailler, l’ensemble est fort bien construit et remarquablement agencé et interprété. Le seul bémol est probablement la relative froideur du son, issu d’un mixage laissant le public un peu plus en retrait que sur les Live précédents.
Le résultat n’en est pas moins excellent, d’autant plus qu’on sait désormais que le groupe vivait là ses derniers moments de grâce, le départ d’Albert Bouchard ne faisant qu’anticiper la lente désagrégation d’un combo qui saura néanmoins survivre et nous offrir même quelques jolis sursauts artistiques ponctuellement.

Note 5 pour la légende.