Le meilleur album de GAINSBOURG, même si par Gainsbarre.
"No Comment" ou "Hmm Hmm Hmm" ne sont sans doute pas des chefs d'oeuvre, on peut ne pas être en accord avec les messages libertins/pervers etc, loin s'en faut, mais quelle ambiance, et ne parlons pas de "Love on the Beat" avec sa rythmique plombante et géniale, où tout est bien agencé (oui, même les cris de Bambou), y compris le talk-over décadent du bonhomme. Le tout sur huit minutes, miam ! On peut n'avoir jamais voulu regarder un film porno et préférer ce rendu musical à l'élégance jazzy des débuts de GAINSBOURG ou même, sans trop de mal à, ses délires scato sur Vu de l'Extérieur.
Les ballades étranges de film noir-érotique genre "Kiss Me Hardy"/"I'm the Boy", ou mieux encore "Sorry Angel" (cette distinction harmonique entre couplets et refrains, pourtant sur le même schéma, un peu à la manière du français et de l'anglais sur tout le disque, roh la la !), côtoient le rock-stadium de "Harley David Son of a Bitch", sans doute forcé mais de qualité à son tour.

Très provoc certes, osé et un peu trop, Love on the Beat est fait entièrement de choix qui peuvent entraîner la fuite, de cette guitare funky omniprésente au sax virevoltant de Stan Harrison en passant par les boîtes à rythmes et l'adaptation groovy 80's de CHOPIN. Musicalement, néanmoins, c'est une réussite totale. Même pour la voix pas si dérangeante de Charlotte sur le rêveur/fantasmé/enjôleur/controversé "Lemon Incest", premier morceau entendu il y a longtemps (bien dix ans après la sortie du disque), certes doublée au synthé-cordes pour mieux faire passer la pilule, mais au final sincère et toujours préférable à n'importe quelle bouillasse Auto-Tunée actuelle. Comme d'ailleurs beaucoup de vocaux jugés 'faux', car si l'on passe outre, l'émotion filtre quand même au même titre que l'humanité.
Un Serge GAINSBOURG si peu romantique, éloigné de ce qu'il voulait être, mais pour l'auteur de "La Javanaise" et de "La Chanson de Prévert", incarner pareil personnage reste tout à son honneur, idem (mais dans une moindre mesure) sur l'album suivant. À plus forte raison parce qu'il arrive au bout...