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- Style : Benjamin Biolay , Alain Bashung , Les Croquants , Claude Nougaro
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Serge GAINSBOURG - You're Under Arrest (1987)
Par BOMBE_HUMAINE le 29 Mars 2015          Consultée 9164 fois

Le voilà, le dernier sursaut d’un des plus grands maîtres de la chanson française. Après le jazz, la pop, la samba, le rock, la musique africaine, les albums concepts, la musique de film, le reggae et le funk, Serge GAINSBOURG pose en 1987 ce qui reste son dernier disque en studio : You’re Under Arrest. On aurait pu douter de sa création ; cette époque est la plus noire de l’auteur, complètement envahi par son personnage médiatique. Billet brûlé, passages alcoolisés à la télévision où il devient presque agressif (Whitney Houston, Guy Béart, Catherine Ringer), Serge GAINSBOURG n’est plus l’intellectuel drôle et plein d’esprit, il devient un personnage imprévisible, insupportable, accro à la provocation facile et à l’exhibitionnisme malsain. Dépressif, alcoolique comme jamais, il s’envole tout de même pour New York, afin de prouver à tout le monde (et surtout à lui-même) qu’il est encore vivant et bien vivant.

Il s’est bien rendu compte que Love On the Beat était un sommet de provocation excessive, sans queue ni tête. Il décide donc de travailler de manière plus sérieuse sur cet opus et crée à nouveau un concept à son disque : il invente le personnage de Samantha, une petite junkie façonnée à l’image de Melody Nelson, adaptée à l’époque, et tente de rédiger une histoire, bien plus branlante que les incroyables épopées de Melody Nelson et de l’homme à la tête de chou. On sent dans cette tentative, non pas un travail bâclé, mais bien un auteur à bout de souffle, qui ne parvient pas à faire mieux à cause de la maladie et de la souffrance psychologique. Même sa voix est dramatique : depuis la création de son personnage Gainsbarre dans Mauvaises nouvelles des étoiles, l’évolution de ses cordes vocales est fulgurante, son timbre est filtré, presque inaudible, il n’est presque plus que l’ombre impuissante de Serge GAINSBOURG.

Le style de l’album est un funk aussi glacial que Love On the Beat, avec des nappes de claviers métalliques bourrées de chœurs anglais et une guitare aiguë funky sur fond de batterie électronique. Une fois de plus, il se montre avant-gardiste avec l’utilisation intelligente de la nouveauté américaine de l’époque : le rap, dont la façon de chanter se rapproche du talk-over dont il raffole depuis des années. L’album, dans son ensemble, s’avère être le disque le plus étouffant de sa carrière, plus désillusionné que jamais, dépressif, torturé, aux tristes élans de provocation. On y trouve de la violence, beaucoup de sexe et un énorme sentiment de désespoir. Une fois n’est pas coutume, la drogue est également très présente, en particulier dans le chef-d’œuvre de l’album, "Aux enfants de la chance", son dernier grand morceau, dans lequel il crache sur les drogues en adoptant un rôle de moralisateur qui lui colle à merveille.

Le gros défaut de l’album est son occasionnel manque total de subtilité. Si "Five easy pisseuses" s’en sort bien grâce à ses harmonies intéressantes, on ne peut que pleurer face à l’intérêt si absent de titres comme "Suck Baby Suck", "Shotgun" ou "Glass Securit". On songe aux premières chansons sexuelles de GAINSBOURG et on les regrette, tout en écoutant d’une oreille discrète "Suck, baby suck, with the CD of Chuck Berry Chuck"… Finalement, outre "Aux enfants de la chance", seules deux reprises s’en sortent avec les honneurs : "Gloomy Sunday", reprise d’un standard de jazz, désespérément sombre et classe et "Mon Légionnaire" d’Edith PIAF, qui prend dans la bouche de Serge GAINSBOURG une autre dimension ambiguë.

Difficile de clôturer le résumé discographie d’un artiste aussi talentueux avec une palette aussi inégale. Elle est pourtant représentative de l’état du chanteur en 1987 : un surdoué à bout de souffle qui, même dans un état physique et mental désastreux, arrive à sortir quelques fulgurances.

Chapeau l’artiste pour cette carrière magistrale. Respect Immense Perpétuel.

* Mon coup de cœur : "Aux enfants de la chance"
* La reprise qui vaut le détour : "Mon légionnaire"
* Mon coup de gueule : "Suck Baby Suck"

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   (2 chroniques)



- Serge Gainsbourg (voix, composition, écriture)
- Brenda White King, Curtis King Jr. (choeurs)
- Tony « Thunder » Smith (batterie)
- Gary Georgett, Serge Gainsbourg (piano/synthé)
- Billy Rush (guitare/direction musicale)
- Stan Harrison (saxophone)
- John K (basse)


1. You're Under Arrest
2. Five Easy Pisseuses
3. Baille Baille Samantha
4. Fuck Baby Suck
5. Gloomy Sunday
6. Aux Enfants De La Chance
7. Shotgun
8. Glass Securit
9. Dispatch Box
10. Mon Légionnaire



             



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