Deux après le succès énorme de « Butterfly », Mariah Carey est bien décidée à enfoncer le clou, et à devenir l’artiste hip-hop crédible qu’elle rêve d’être depuis longtemps. Il faut dire que sa musique sur ce disque et le précédent ne correspond plus du tout à l’image que l’on pouvait avoir d’elle dans les premières années de sa carrière, et c’est tout un public qu’elle cherche à conquérir. Niveau image, l’on procède également à un changement drastique. La pochette est sans équivoque, elle est sexy, provocante et miaule plus que jamais sur des slows langoureux. Idem pour les nouveaux clips où elle a de moins en moins de tissu sur elle. Ca reste malgré tout encore acceptable, car même si « Rainbow » est moins ambitieux et surprenant que son prédécesseur, il n’en reste pas moins un opus solide qui aura encore un grand succès (7 millions de copies). Mais ce sera également le début des gros soucis entre Mariah et sa maison de disques, avec qui elle se dispute le choix des titres exploités, ce qui entrainera une promotion particulièrement bâclée de l'opus.

Comme pour signifier son changement de cap, la chanteuse choisi un featuring avec l’icône Jay-Z, plus que respecté dans le milieu, comme premier single de l’album. « Heartbreak » porte l’emprunte de la chanteuse, et en même temps, ce type de son est assez nouveau pour elle. Un titre sucré, enjoué qui fait démarrer l’opus sur une très bonne note. Autre titre fort avec « Can’t take that away », une ballade tout ce qu’il y a de plus basique dans la discographique de Mariah, mais quelle voix, quelle interprétation magistrale. Le frisson est toujours autant au rendez-vous quand elle pousse sa voix et à ce petit jeu, Carey domine le game sans forcer.

Plus loin dans le disque, on trouve d’autres singles, qui auront un succès bien moindre, mais qui valent vraiment le coup de s’y attarder. Tout d’abord le splendide « Cry Baby », une production urbaine à la sensualité affolante. Ce titre, c’est tout simplement ce qu’elle sait faire de mieux. La ballade « Thank god I found you » en clôture est moins convaincante, sans doute car la chanteuse reste dans sa zone de confort, et ne surprend pas avec ce grand slow pop. Mais les choeurs font toujours un certain effet, faut l'avouer.

Et comme souvent, Mariah Carey fait sa traditionnelle reprise, et cette fois elle reprend « Against all odds », gros challenge tellement ce morceau est identifié. Et pourtant, elle en fait encore une fois une adaptation titanesque, s’amusant avec toutes les nuances de sa voix. L’un des grands sommets de l’opus.

Et derrière ces titres, il y a également quelques pépites. On pourrait citer le terriblement brulant « Bliss », le pop rétro « How much » - avec Usher en guest - ou encore la ballade émotionnelle « Petals » où l'interprétation de la chanteuse est tout en sensibilité et en nuances.

Bref, Mariah Carey offre à nouveau un album plutôt solide, mais qui souffre un peu de la comparaison avec les deux précédents. Un opus qui porte indéniablement l’emprunte de son époque mais qui, paradoxalement, n’a pas tellement vieilli. Un album correct avec de très jolies pistes, mais qui n'est pas un indispensable de la carrière de Mariah.