Un an après l’échec de son film - et surtout de l’album qui en est extrait -, Mariah Carey se doit de rebondir avec son neuvième album studio, assez attendu. « Charmbracelet » est décrit comme un opus thérapeutique pour la chanteuse, qui sort alors d’une dépression et de plusieurs années particulièrement difficiles. Mais si l’opus est très personnel et souvent touchant - notamment dédié à la mémoire de son père, décédé quelques mois plus tôt -, ça ne suffira pas à en faire un succès. L'album, en soi, n'est pas désagréable, mais servira surtout à la remettre sur le devant de la scène. L’aura de Carey n’est plus la même, et elle doit désormais se battre contre la jeune génération, et sur cet opus justement, elle a du mal à sortir de sa zone de confort et à montrer une autre image.

En effet, en premier single, Carey ne prend pas de gros risque en revenant aux sources avec une ballade puissante. « Through the rain » est efficace et assez émouvante c’est vrai, mais sans doute Carey en fait trop dans l’interprétation pour montrer qu’elle est toujours là et que c’est la meilleure dans son domaine. Oui, vocalement elle assure vraiment, ça on le sait, elle n’a plus à la prouver. Deuxième extrait radicalement différent avec « Boy (I need you) », bon petit morceau teinté de hip-hop, d’ailleurs pas très différent de ce qu’elle faisait sur « Glitter ». Sympa, mais ça s’arrête là. Dernier single avec la reprise « Bringin’ on the heartbreak », pas fantastique là non plus.

Comme sur son précédent projet, la promotion de l’album est encore un joli gâchis. Car à bien chercher, on y trouve de bien meilleurs morceaux sur ce disque. Prenons « The one », ce titre, avec sa mélodie parfaite et son interprétation chaude et délicate, a tout du tube, et pourtant non, ça ne sera pas le cas. Même chose pour « You got me », mid tempo sulfureux au refrain particulièrement efficace. Au rayon des bonnes idées, il y a aussi « Clown », dont la légende raconte qu’il serait inspiré de la liaison entre Mariah et Eminem, pourquoi pas. Le morceau en demeure un des meilleurs titres de l’opus. Et, enfin, placé en fin de disque, « Sunflowers for Alfred Roy » - dédié à son papa - est un morceau très émouvant et bien écrit.

Et au milieu de tout ça, Mariah Carey se répète un peu, fait ce qu’on attend d’elle sans réellement surprendre. Des ballades langoureuses (pas spécialement mauvaises certes) et des mid-tempos qui n’ont pas grande force. A retenir peut-être le sympathique « Yours » et le gospel « My saving grave » d’une grande intensité. Mais vu ses capacités vocales, on était en droit d’attendre encore plus de la chanteuse sur un tel morceau.

Bref, Mariah Carey effectue un retour plus ou moins solide. Ce n’est pas un mauvais disque, loin d’être son meilleur aussi. "Charmbracelet" est juste un opus très inégal, où se côtoient des titres hyper solides et des morceaux sans le moindre intérêt. Pas suffisant pour en faire un indispensable tout ça.