Avec Choice Language, CAPERCAILLIE s'est définitivement enfermé dans une sorte de routine, des albums familiaux, sans volonté de plaire à tout prix mais avec un nom et une voix qui nous rappellent que ce groupe reste le plus connu d'Ecosse au monde, dans une veine traditionnelle.

En ayant franchi le cap du nouveau millénaire, la volonté est désormais de saupoudrer la musique d'éléments électroniques dans un style léger, parfois proche du trip-hop comme le montre le premier morceau.

"Mile Marbhaisg (A Thousand Curses)" est une de ces working songs/chansons de travail transmises de bouche en bouche et que les plus grands chanteurs traditionnels (Fiona MacNeil, de l'île de Barra dans l'archipel des Hébrides, entre autres) ont interprétées. Une fois passé l'effet de surprise, cette incursion de Karen Matheson et les "boys" de CAPERCAILLIE demeure une belle réussite.

On reste un peu plus dubitatif lorsque les éléments électroniques se font par trop présents et déforment la voix de Karen Matheson ou le violon de Charlie McKerron, comme sur "A State of Yearning" et "The Old Crone (Port Na Caillich)". Les claviers célestes de Donald Shaw se font plus discrets, et l'album Choice Language sonne dans la lignée des précédents, alternant danses instrumentales et chansons.

Ces danses s'étirent selon l'humeur, la passion virtuose des musiciens et qu'ils nous retransmettent mieux ou moins bien selon les moments. Avec la présence du jazzeux Michael McGoldrick, des percussions de David Robertson et la batterie de Che Beresford, les jig et les reels ne nous passionnent guère plus que d'ordinaire.

"Homer's Reel" et d'autres sont assez communicatifs, on apprécie le rythme chaloupé, les colorations jazzy au piano par Donald Shaw, la guitare funky de Manus Lunny quand ce ne sont pas les bouzoukis fiévreux. Peut-être que le son froid et clinique par moments, malgré les éléments exotiques et la chaleur de la rythmique, ne joue pas en la faveur de cet aspect de l'album.

On préfère écouter les chansons, plutôt inspirées, à l'image de "A State of Yearning", où les choeurs répondent efficacement à Karen Matheson dans la bonne tradition des chants de travail. "The Boy Who" rend hommage aux enfants de familles pauvres qui vivent dans des conditions bien rudes à Jérusalem.

C'est surtout lorsque CAPERCAILLIE retrouve son identité folk mieux que jamais qu'il parvient à nous émouvoir. Les mélodies de "Little Do They Know" et de "I Will Set My Ship in Order" sont splendides, l'ambiance de la seconde est particulièrement magique. C'est très étonnant, ce phénomène de certains groupes qui veulent se renouveler en mettant leur son à la page, alors qu'ils réussissent mieux dans un contexte épuré et en misant sur une forte dose d'évasion.

En tout cas, le dernier titre de l'album, malgré son discours rallongé, nous prend aux tripes mieux que les deux tiers qui le précèdent. C'est agréable dans l'ensemble, mais CAPERCAILLIE s'obstine à empiler les morceaux sur une longue durée de musique alors que sa production est régulière, que l'écoute demeure bien sage et que les albums se distinguent de moins en moins entre eux.