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- Style + Membre : Karen Matheson

CAPERCAILLIE - Delirium (1991)
Par MARCO STIVELL le 11 Avril 2012          Consultée 2313 fois

L'hiver... Une saison difficile, et qui se savoure mieux en art que n'importe comment ailleurs. Les celtes sont habitués au mauvais temps, et personne d'autre ne peut aussi bien le chanter. Pour CAPERCAILLIE, groupe qui a jeté sa propre passerelle entre la tradition et la modernité, c'est un jeu d'enfant. Après deux albums assez convaincants, Delirium s'impose comme une réussite totale, annoncée par la magnifique pochette où l'on voit la belle Karen Matheson emmitouflée ou encore les photos du groupe dans le livret en face de splendides paysages écossais encore plus purs dans la blancheur de saison.

Cet album se fait différent des précédents, en cela d'abord qu'il renferme plus de compositions et de ce fait, moins de traditionnels. Et Delirium sonne plus "chanson", un peu plus loin des canons trads, ce qui permet au modernisme du groupe de s'exprimer pleinement, bien sûr grâce aux claviers de Donald Shaw, mais aussi grâce au renfort de nombreuses caisses et peaux. D'abord, il y a la présence, ou devrait-on dire l'omniprésence du batteur-percussioniste Ronnie Goodman en tant que musicien additionnel (il n'est remplacé par l'irlandais Noel Bridgeman que sur "Aodann Srath Bhain"), qui emploie ses diverses percussions en premier lieu pour les morceaux les plus proches du traditionnel, et qui bat fermement la mesure sur les chansons, leur permettant d'obtenir un statut clairement pop. En outre, CAPERCAILLIE a fait appel à deux programmateurs de batteries factices, on peut dire encore dans le ton de l'époque. Car ce souci de modernité reste clairement rattaché aux années qui ont précédé la sortie de l'album, comprendre que Delirium a un peu du mal à se sortir des années 80 dans tout son emploi de claviers, batterie, boîte à rythmes... Production donc (signée Donal Lunny). Ce qui lui vaudra d'être vite catalogué par les puristes. Pourtant, CAPERCAILLIE nous livre là son oeuvre la plus élégante, tout autant que puisse l'être un Crosswinds dans son style certes moins typé.

Les traditionnels instrumentaux sont au nombre de trois et facilement reconnaissables dès la pochette, puisqu'ils contiennent le nom de leurs danses dans leur titre. Deux d'entre eux, "Kenny MaDonald's Jigs" et "Islay Ranter's Reels" (dont le deuxième mouvement a en fait été composé par Charlie McKerron) sont non seulement plus dynamiques, mais aussi plus "naturels" pour qui connait les travaux précédents du groupe. Les synthés ne ressortent pas forcément, c'est l'accordéon autant que le whistle, le bouzouki et le fiddle qui fournissent l'essentiel de ces grandes célébrations musicales gaéliques. Ce sont donc les titres les plus "vrais", du point de vue des puristes. Pour "Dr MacPhail's Reel", nettement plus lent, le groupe a cru bon de rajouter un traitement typiquement eighties, ce qui demeure fort intéressant et appréciable.

Parmi les chansons, on ne dénombre que quatre adaptations de standards. "Aodann Srath Bhain" ("les talus de Strath Bàn") est magnifique avec ce petit lick de piano et ce "synthétiseur à vent" qui vient se perdre au-dessus des claviers. C'est une chanson sur l'amour impossible, tout comme "Breisleach" qui signifie "delirium", "délire" donc, et qui contient une composition de Donald Shaw, toute simple d'ailleurs puisqu'elle a été faite en duo avec Karen Matheson. Deux petites merveilles de mélancolie comme seuls les celtes savent en faire. "Coisich. a Rùin" ("Allons y, mon amour") est nettement plus enjouée, lancée comme un reel avec la basse slapée très funky et où tout le groupe chante ensemble. "Cape Breton Song" enfin, s'inscrit dans cette lignée folk mystique comme le groupe aime en développer notamment sur ce disque.

John Saich amène sous son bras le très folk et plaisant "Heart of the Highland" (chanson d'amour évidente à l'Ecosse) et l'optimiste slow "You Will Rise Again", ce dernier bénéficiant plus volontiers du traitement eighties, soit deux chansons de très bonne qualité. Mieux encore, Donald Shaw a écrit "Waiting for the Wheel to Turn" au rythme assez exotique, et surtout "Dean Saor an Spiorad" où anglais et gaélique se confondent et dont le refrain m'émeut particulièrement. Manus Lunny n'est pas en reste, car il signe l'excellent "Rann Na Mona", chanté en puirt-a-beul. Cependant, avec "Servant to the Slave", il offre au groupe l'une de ses meilleures chansons, si ce n'est sa meilleure. Comment qualifier autrement ce slow très dense, où les voix de Manus et Karen sont en contrepoint et qui nous offre le meilleur d'une ballade celtique conjuguée avec des sonorités oniriques à forte réverbération ?...

Delirium n'est objectivement peut-être pas l'album exceptionnel que la note prétend refléter. Il l'est néanmoins pour moi, eu égard de tout ce qui a pu se faire en musique celtique à cette époque, et j'aime énormément cette ambiance froide, hivernale. Ce n'est pas l'album le plus représentatif du son du groupe, mais c'est justement cette différence qui m'amène à le préférer.

Note réelle : 4,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Karen Matheson (chant)
- Charlie Mckerron (fiddle, choeurs)
- Manus Lunny (bouzouki, guitares, chant, choeurs)
- Marc Duff (whistles, bodhran, wind wynthétiseur, choeurs)
- John Saich (basse, guitare, chant, choeurs)
- Donald Shaw (claviers, accordéon, choeurs)
- + Ronnie Goodman (batterie, percussions)
- Noel Bridgeman (batterie)
- Graham Dickson, Jon Turner (programmation boîte à rythmes)


1. Rann Na Mona
2. Waiting For The Wheel To Turn
3. Aodann Srath Bhàin
4. Cape Breton Song
5. You Will Rise Again
6. Kenny Macdonald's Jigs
7. Dean Saor An Spiorad
8. Coisich. A Rùin
9. Dr Macphail's Reel
10. Heart Of The Highland
11. Breisleach
12. Islay Ranter's Reels
13. Servant To The Slave



             



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