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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  LIVE

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Jacques HIGELIN - Follow The Live (1990)
Par RAMON PEREZ le 6 Avril 2020          Consultée 1447 fois

Un jour, il faudra bien que les historiens se penchent sur l’hallucination auditive collective que furent les années 80. Une explication rationnelle pourra alors peut-être éclairer l’usage de ces chœurs de canards qu’on semblait trouver si fun à l’époque et qui sont aujourd’hui le sommet du kitsch. Vraiment, un effroi sincère m’a pris en entendant l’intro tous claviers dehors de ce live, un monument futuriste (ou pas) tel qu’on n’oserait plus en songer désormais. Heureusement, on avait déjà inventé plusieurs modes aux synthés et le son des claviers varie par la suite vers des choses plus écoutables, même si plusieurs rechutes sont à signaler. Et puis, la période n’était malheureusement pas à l’épure. Certains titres auraient gagné à plus de simplicité mais sont plombés ici par une orchestration lourdingue bien digne de ces années. Je pense en particulier au « Parc Montsouris ».

Ceci étant posé, j’ai autre chose à dire sur ce live d’HIGELIN : bordel, ça joue ! « Mona-Lisa Klaxon » plante de suite le décor : un groupe de musiciens hyper généreux, libres, portant haut le maître de cérémonie directement lancé à fond. Totalement funk dans ce début de disque, l’orchestre explore par la suite différentes ambiances avec aisance. Vraiment peu d’ennui à signaler sur cette galette. Comme c’était la plupart du temps son habitude, le grand Jacques s’est entouré d’un groupe multigénérationnel. La section rythmique n’a pas beaucoup d’heures de vol et pourtant elle est carrément bluffante. Quelle basse ! J’ai entendu plusieurs musiciens dire qu’accompagner Higelin était la meilleure des écoles, tant il faut s’adapter en permanence et tout donner. A l’écoute de ce Follow the live, je veux franchement le croire. Marc Perier, qui affiche une belle carrière depuis, tient déjà tout ça d’une poigne ferme.

Si on note pour une fois l’absence de Mahut, il y a un habitué de la maison en la personne de Pierre Chérèze, le guitariste. Collaborant régulièrement avec notre chanteur depuis une décennie (il était déjà là pour Alertez les bébés), on le voit parfaitement à sa place ici. Il soutient l’orchestre ou s’échappe en solo, sent admirablement ce que veut la musique du Jacquot et dialogue fréquemment avec les autres musiciens, dont le japonais Chikara Tsuzuki qui accompagna quelques années HIGELIN avec ses flûtes et son harmonica et qui, à en lire quelques billets, a laissé un sacré souvenir à ceux qui l’ont vu à l’époque ! Bref, ce groupe est furieusement bon à entendre et fait honneur au sens du mot live. Moi qui n’ai pas eu l’occasion de voir ça de mes yeux, je comprends mieux après l’écoute de ce disque les confidences de mes ainés qui avaient été grandement marqués par les orchestres accompagnant le papa d’ARTHUR H.

Follow the live laisse la trace d’une époque qui marque un peu l’apogée du succès populaire de Jacques Higelin. On l’entend, le public est venu là en connaissance de cause. Il n’a pas besoin d’être trop chauffé pour embrayer aux envolées du chanteur. Il applaudit en connaisseur les morceaux plus intimistes (« La rousse au chocolat », « Je ne peux plus dire je t’aime ») et connaît déjà ceux du dernier album. A noter d’ailleurs qu’il semble que le tube à l’époque ait plutôt été « Poil dans la main ». En tout cas, c’est celui qui est le plus repris par l’assistance, bien plus que « Tombé du ciel ». Cette dernière est intéressante à écouter ici car elle n’est pas encore la chanson installée que l’on connaît aujourd'hui, elle a encore quelque chose à défendre. Higelin se permet d’ailleurs un final très différent de la version originale, planant à souhait.

De façon générale, le gros intérêt de cet album réside justement dans sa présentation des titres du disque studio qu’il défend. La moitié de Follow the live se trouve également être la moitié de Tombé du ciel, mais dans des versions autrement plus convaincantes. J’ai eu l’occasion de le dire, la production de l’enregistrement de 1988 n’est pas des plus réussies. Le groupe de scène n’a, étonnamment, pas participé à l’enregistrement du disque (en revanche, la plupart participeront au suivant, Illicite). Higelin en profite pour donner des directions assez différentes aux morceaux. « Chanson » y gagne une vigueur nouvelle alors que « Follow the line » prend de l’épaisseur. Avec un morceau de bravoure, « Bras de fer », déjà le plus barge de l’album, et qui est, ici, deux fois plus fou. Un vrai protorap complètement allumé où tout le monde se donne à fond.

Le reste de la captation provient principalement des albums de la fin des années 70, avec des morceaux plutôt inattendus (« J’suis qu’un grain de poussière ») côtoyant quelques classiques toujours aussi efficaces, comme la « Lettre à la p’tite amie… ». Le tout efficacement apprêtée à la sauce de cet orchestre. Tout pour la musique, Higelin ne parle pratiquement pas. Ce qui ne l’empêche pas d’être extrêmement généreux durant cette heure et quart de rencontre. Tout le monde dit que ce mec était fait pour la scène. Ce live en est une bonne démonstration, malgré ses quelques fautes de goût.

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   RAMON PEREZ

 
  N/A



- Marc Perier (basse)
- David Salkin (batterie)
- Pierre Chérèze (guitare)
- Chikara Tsuzuki (harmonica, flutes)
- Sébastien Cortella (claviers)
- Pierre Marcault (percussions)
- Jacques Higelin (piano, accordéon, chant)


1. Mona Lisa Klaxon
2. Higelin Tombé Du Ciel
3. Chanson
4. Follow The Line
5. Lettre à La Petite Amie De L'ennemi Public N° 1
6. Je Ne Peux Plus Dire Je T'aime
7. Irradié
8. J'suis Qu'un Grain De Poussière
9. La Rousse Au Chocolat
10. Poil Dans La Main
11. Bras De Fer
12. Parc Monsouris (à Mon Père)
13. Slim Black Boogie



             



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