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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Membre : Roland Romanelli

BARBARA - Madame (1970)
Par MARCO STIVELL le 9 Août 2021          Consultée 1840 fois

Madame, pour BARBARA, c'est quelque chose. Un petit quelque chose et un gros quelque chose. Une parenthèse et d'abord pour elle-même, bien sûr, mais quand même !

Interpellée par le succès récent du metteur en scène Remo Forlani, BARBARA commande à ce dernier une œuvre originale qui se situerait entre la pièce de théâtre et le music-hall. Il s'agit de Madame dont l'histoire tient en quelques mots. Le premier rôle est celui d'une fille de Paris qui a tout quitté pour devenir prostituée perdue dans un établissement d'Afrique Noire alors en pleine décolonisation, de quoi nuire au commerce, même sexuel. Elle fait de ce monde un rêve d'abord et déchante vite, connaît divers amants, cinq en tout, qui sont un jour retrouvés morts mystérieusement. En parallèle, Madame rencontre un Italien de passage mais dont elle tombe follement amoureuse. Difficile de ne pas voir un peu de BARBARA et de sa nature dans l'esprit, la femme indépendante et vive dans ses décisions, le coup de foudre pour des hommes très "dans l'instant" etc.

Cependant, la partie vivante du spectacle est un échec, en termes de succès et même humains. Notre artiste s'entend mal avec le réalisateur et les autres acteurs dès les répétitions. Le public se retrouve peu dans l'histoire et semble ne pas vouloir donner de crédit à une BARBARA tout en apparence, quelque peu exubérante. Quelques représentations de Madame ont lieu à Paris, mais très vite, l'histoire prend fin. Tout cela est donc un gros quelque chose, amenant une rupture dans sa carrière y compris en terme artistique, et qui n'a laissé qu'un goût de "petit". Pour Lily-Passion, spectacle autobiographique à la fin des années 80, la Dame en Noir aura mûri et sera plus flexible !

La meilleure chose à tirer de Madame, c'est un disque court ('petit', pour la dernière fois), à peine vingt minutes, reprenant les chansons du spectacle. Là encore, et malgré l'écriture facilement reconnaissable, voire quelques moments (tel "Je serai douce") qui renvoient directement aux albums précédents de BARBARA, c'est une parenthèse très marquée pour elle. D'autant plus qu'aux côtés des habituels Michel Gaudry (contrebasse) et Roland Romanelli (accordéon), on rencontre de futures pointures des sessions musicales françaises comme le pianiste Mat Camison. Et puisque l'histoire se passe en Afrique, une forte couleur tribale se voit soutenue par les batteurs Bernard Lubat (jazzman reconnu) et Pierre-Alain Dahan, ainsi que le percussionniste Marc Chantereau.

Enfin, détail non négligeable, les arrangements sont signés de Jean-Claude Vannier qui fait alors aussi ses armes auprès de Johnny HALLYDAY, Serge GAINSBOURG etc. Ce disque sorti en 1970, c'est l'idée d'une BARBARA psychédélique, et même s'il y a là de quoi titiller le cynisme des sceptiques, une écoute suffit pour confirmer. La preuve arrive même dès les premières notes partagées entre les instruments d'orchestre et les profanes. L'intelligence musicale se fait elle aussi sentir d'emblée, séparant les couplets des refrains en style mais liant le tout dans un effet conceptuel. BARBARA est coutumière du fait, mais là, il y a une histoire étendue à plusieurs chansons.

Elle n'en a pas beaucoup fait, des disques dont les premiers titres s'appellent "De jolies putes", emplis de vers directs, d'images crues avec descriptions de filles et de détails intimes, et où les hommes fréquentés sont censés être des puissants, des "généraux". Dès "Le quatre novembre", avec une protagoniste déjà en plein désenchantement dans un bordel qui a fermé ses portes, ça fourmille de détails musicaux : fausse balade ensorceleuse, marimba, accordéon virevoltant. "Regardez le regard des hommes" multiplie les percussions, résonances, effets de clavecin et orgue dans les aiguës, tout cela pendant que la chanteuse plane en se montrant sensuelle.

Sur la valse tortueuse (à l'image d'autres nombreuses mélodies ici, plus qu'avant compte tenu de l'orchestration) qui suit, les cinq amants nous sont présentés avec leurs différences, les chauds-lapins, le gentleman etc. BARBARA use et abuse de ses méandres vocaux, pour notre plus grand bonheur, sachant que jusque là, tout est d'une très bonne qualité sur ce disque, et étonnant. "Je serai douce" est susceptible de faire succomber l'auditeur, tant la chaleur sensuelle y est présente, avec des couleurs psyché, même si encore une fois c'est plus classique pour du BARBARA.

"Le passant", titre court incarné par l'Italien "de passage" dont Madame tombe amoureuse, est un des rares instrumentaux de la chanteuse, où elle se contente de fredonner, mais c'est déjà beaucoup. "Amoureuse" ne lui en fait retrouver son verbiage que de plus belle, c'est le moment où elle devient vraiment malheureuse car délaissée. Un charme très baroque avec l'apport du clavecin de Camison. "La nuit tu dors" conclut le tout en valse hivernale, ponctuée de regrets, d'envies de voyage et d'ailleurs pour tout recommencer. Une fausse berceuse qui demeure peut-être la moins bonne chanson du disque, ce dernier étant des plus recommandables pour qui veut voir BARBARA autrement.

Disque court on l'a dit, mais dont la réédition a permis l'ajout de quatre chansons écrites à l'époque et inédites pendant des années, avec un ensemble musical simplifié. À noter parmi celles-ci, "Les amis de Monsieur" avec un jeu de séduction entre un patron et une servante, pour finir par une chute assez croustillante dans la mesure où au moment de passer à l'acte, celle-ci dit à Monsieur qu'il n'est pas le premier ! "La vie d'artiste" et "La chanson de Margaret" aussi, très proches du meilleur de BARBARA dans un style minimaliste.

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   MARCO STIVELL

 
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- Barbara (piano)
- Michel Gaudry (contrebasse)
- Roland Romanelli (accordéon)
- Mat Camison (clavecin, piano)
- Bernard Lubat, Marc Chantereau (percussions)
- Pierre Dahan (batterie)
- Michel Zaunonghi (percussions)
- Jacques Di Donato (clarinette)
- Bernard Vittet (trompette)
- Francis Darizcuren (guitare)
- Gilbert Sigrist (piano)


1. De Jolies Putes
2. Le Quatre Novembre
3. Regardez Le Regard Des Hommes
4. Ils étaient Cinq
5. Je Serai Douce
6. Le Passant
7. Amoureuse
8. La Nuit Tu Dors
- titres Bonus
9. Les Amis De Monsieur
10. La Vie D'artiste
11. Elle Vendait Des P'tits Gateaux
12. La Chanson De Margaret



             



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