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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Membre : Roland Romanelli

BARBARA - La Louve (1973)
Par MARCO STIVELL le 29 Août 2021          Consultée 967 fois

L'album rose de BARBARA (rose gaufré même en ce qui concerne la texture de la pochette originelle) ne suit que d'un an la paire fortement inspirée de 1972. Entretemps, il s'est passé des choses, musicalement ou non. BARBARA a rencontré François WERTHEIMER, musicien chanteur et artiste multi-talents qui s'est fait connaître en première partie des concerts de Johnny HALLYDAY depuis le début de la décennie, et avec qui elle vit une idylle qui marque sa carrière mieux que les autres auparavant (si l'on excepte Roland Romanelli). C'est pour lui qu'elle écrit "L'homme en Habit Rouge" (référence au parfum de Guerlain), interprétée au cours de la dernière tournée, où dans sa folle passion verbale, elle mène une danse sautillante et libre approchant du music-hall, faisant la part belle aux claviers et à l'accordéon. Cette chanson qui se fait une belle place dans le cœur du public de façon durable et à juste raison, n'est pas incluse au nouvel album à paraître. En revanche, la grande nouveauté pour celui-ci, c'est que François WERTHEIMER écrit tous les textes, laissant la part musicale à BARBARA !

De ce côté-ci, pour les arrangements et en remplacement de Michel Colombier, la place revient à un petit jeune très prometteur : William SHELLER. En 1972, il a sorti un premier album de rock progressif instrumental, Lux Aeterna, adaptation d'une musique de messe qu'il a composée pour le mariage d'un couple ami (pour le reste, vous êtes conviés à lire la très belle chronique correspondante de Korama). BARBARA, impressionnée, lui donne carte blanche pour habiller les chansons de La Louve, et ensuite, par ricochet, c'est fort de cette expérience qu'il chantera lui-même ses propres compositions.

Ce qui est sûr, c'est que ce disque rose est fortement imprégné par l'amour de SHELLER pour la musique classique autant que le rock anglo-saxon. Le premier et le dernier morceau, surtout, en sont l'équilibrage parfait, même si on a toujours de quoi être surpris notamment par "Je t'aime", duo avec François WERTHEIMER qui, sans avoir la voix de Johnny, beugle à la manière des rockeurs attirés par le hard-rock d'époque sur fond de grosses guitares. Pas très BARBARA tout cela, mais comme elle l'a fait pour Georges MOUSTAKI, elle crée une dynamique avec son empreinte à elle, tout en acceptant de mélanger les deux aspects cette fois. Le début du disque, avec l'impressionnant "Enfant laboureur", est inspiré par la folk et le rock sudiste, ouvert par une basse goulue et des guitares en arpèges. Dix ans plus tôt, BARBARA enregistrait "Nantes" et, au bout de tout ce temps bien rempli, les fans de la veille ont de quoi être désarçonnés !

Les textes de WERTHEIMER tirant vers l'abstrait ou simplement le 'très différent' comme cet "Enfant laboureur", il faut attendre "Marienbad" pour entendre la Dame en noir parler d'amour ! Comme souvent, le titre le plus efficace obtient une place de choix en début de deuxième face de vinyle. Il fait référence au film d'Alain Resnais sorti en 1961 et s'ancre lui aussi dans la ville de Prague, sous forme de romance aux allusions païennes. Très riches, les arrangements musicaux de SHELLER diffèrent à chaque couplet et usent de harpe, de piano 'punaise', de violon tzigane, de cordes baroques et enfin, de saxophones. Le 'tube' du disque, assurément, pourtant aussi étrange que celui-ci peut l'être !

Les amateurs de BARBARA en piano-voix avec des mots personnels et feutrés n'ont que le très joli "Ma maison" auquel se raccrocher, avec l'orgue et Romanelli pour accompagnement. Le piano rythme tout autrement "Le minotaure" qui, avec ses métaphores de labyrinthe et de dieux grecs, donne une couleur fantastique à l'univers de BARBARA, surprenante et cependant logique après "L'aigle noir". L'impressionnisme se dégage fortement de la palette sonore et jusque dans la voix de BARBARA, à travers des morceaux très divers : "La louve", aussi bestial qu'évanescent, "Les hautes mers" où les vagues de cordes se heurtent aux menaces des cuivres, titre court par comparaison avec l'instrumental-narration tragique et tâtonnante de "Chanson pour une absente". Au début de celle-ci, BARBARA parle en plein studio, sans doute à SHELLER pour lui donner la direction à prendre : "Une chanson qui est absolument sans texte, une traversée de Paris lente..."

Un album difficile d'accès, collage d'idées dans une veine créative mais assez déroutant. Le talent de SHELLER n'est pas en cause, mais en matière de direction, on comprend mal celle où "Mr Capone" veut nous conduire avec son faux tango mâtiné de jazz. Au pays du dollar et des mafieux italiens, certes, mais en dehors de l'exercice et du renouvellement, fort louables en soi il est vrai, comment apprécier sur la longueur cette prestation forcée de BARBARA, toute en intonations traînantes, soufflées ? Tout l'inverse de "Là-Bas", pièce maîtresse dont on ne conteste pas la durée, où la chanteuse use d'un beau falsetto et de sensibilité, sur un ensemble folk embrumé. SHELLER magnifie cette ballade fantastique jusque dans ses paroles en dirigeant le choeur à vocalises, aussi bien que la splendide guitare électrique à trémolos. De quoi faire planer l'auditeur, et puisqu'il est question du monde à part de l'autre côté du miroir, il convient de dire qu'à la suite de cette expérience éphémère et du terme de l'idylle, François WERTHEIMER réalisera un album pour enfants dédié à Alice au Pays des Merveilles en 1978, son ultime effort studio musical par ailleurs.

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   MARCO STIVELL

 
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- Barbara (chant, piano)
- François Wertheimer (chant, textes)
- William Sheller (claviers, arrangements)
- Roland Romanelli (accordéon, claviers)


1. L'enfant Laboureur
2. Le Minotaure
3. Là-bas
4. Les Hautes Mers
5. Chanson Pour Une Absente (le 6 Novembre)
6. Marienbad
7. La Louve
8. Mr Capone
9. Ma Maison
10. Je T'aime



             



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