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- Membre : Roland Romanelli

BARBARA - Le Soleil Noir (1968)
Par MARCO STIVELL le 2 Août 2021          Consultée 1228 fois

BARBARA, en 1968, est orpheline. Peu de temps après la parution de son dernier album en date, elle a perdu sa mère, qui a certes moins "habité" ses chansons que son père, mais avec qui elle a connu un lien plutôt solide et stable, même si apparemment dépourvu de tendresse.

Lorsque BARBARA revient sur disque, avec son Soleil Noir, son portrait est comme voilé, et c'est l'occasion de faire référence à la poésie romantique, El Desdichado de Gérard De Nerval. En 1968, l'heure est plutôt au rouge des combats ou à un vrai soleil éclatant, celui des jeunes qui veulent au contraire refaire le monde avec des bouquets de fleurs.

Même si le noir domine, tout ne l'est pas ici. "Gueule de nuit" reprend certains éléments populaires déjà croisés avec parcimonie lors des disques précédents, en y incorporant une tonalité cabaret/music-hall qui préfigure le spectacle Madame, pour prestation d'une BARBARA plus diva. Ou en tout cas, un effet sorcière de scène à l'attitude séductrice. L'accent parisien traîne un peu, et dans l'ensemble l'ambiance avec piano bastringue se révèle très convaincante, à l'instar de l'écriture.

L'écriture ! Sur une chanson fortement opposée dans la texture (même s'il y est aussi question de la puissance féminine, volage certes), "Le soleil noir" qui ouvre l'album en faisant impression use de l'audace autant que de l'efficacité. Les deux titres font s'enchaîner couplets et refrains totalement différents, laissant l'impression du plus grand naturel, à moins que ce ne soit la voix de BARBARA qui ensorcelle l'auditeur, le conduit là où elle veut. Il ne faudrait toutefois pas sous-estimer le pouvoir des arrangements de Michel Colombier, simples enrichissements de ses travaux précédents.

Rien que le tout début du "Soleil noir" vaut son pesant de notes d'or, avec la voix de la chanteuse seulement ornementée par la contrebasse de Michel Gaudry, dans un esprit jazz quasi latino. Le sax de Michel Portal revient apporter sa chaleur, comme en 1964/65, mais on note également la présence de l'organiste français Eddy Louiss (qui a accompagné les jazzmen Stan GETZ, Dizzy GILLESPIE...) pour de remarquables développements musicaux. De même pour "L'amoureuse", nouvelle chanson nostalgique sur les illusions perdues de jeune fille, marquée par un ton vocal de sorcière dès le départ, des violoncelles/contrebasses splendides et une conclusion funeste.

Toujours aussi inspirée, et même plus qu'elle ne l'a été durant les trois dernières années, BARBARA nous offre un 33-tours non seulement classieux mais qui semble s'écarter un peu de l'habituelle collection de chansons, avec un tout homogène et des moments audacieux. Comment ne pas succomber de plaisir à l'écoute de ces valses hivernales que sont "Joyeux Noël" (clin d'oeil à BREL avec une Madeleine et un Eugène) et "Le sommeil" où les clavecins et autres pianos non classiques ont la part belle, où le saxophone et les cordes de Michel Colombier soulignent un "blues" magnifique ? BARBARA s'y fait contemplative, moins bavarde et se laisse elle-même porter par moments. "Plus rien", titre en apesanteur, la rend fataliste et rapproche sax et descentes de gammes romantiques au piano dans une lumière tamisée.

L'amour est toujours au coeur de ses préoccupations, avec la déclaration enflammée de "Tu sais", ou encore "Mes hommes" au titre-leitmotiv bien placé entre divers élans de tendresse féline, tandis qu'Eddy Louiss fait sonner l'orgue Farfisa comme un jouet. Chanson lumineuse qui, dépourvue d'autres touches noires et blanches, se cale à merveille entre deux autres morceaux faits de piano-voix. Un bon point supplémentaire concerne le soin apporté à une réalisation bien pensée, si l'on y ajoute la qualité de l'enregistrement dû à l'ingénieur Franck Giboni, présent pour quelques albums avant d'aller travailler également pour Alan STIVELL dans sa meilleure période.

"Le testament", en revenant sur la fin d'une relation passionnée ('l'orage éclata soudain, nous laissant un ciel chagrin et l'humeur chagrine'), apparaît superbe dans sa simplicité. Le classique de cette fournée 68 demeure "Mon enfance" où BARBARA décrit là encore avec humeur chagrine et cependant très poétique son retour de passage à Saint-Marcellin (Isère, 38), longtemps après y avoir vécu petite. Le décalage entre les souvenirs et la réalité actuelle, autre motivation du romantisme... La chanson amène une belle progression, une fois de plus les arrangements sont au rendez-vous avec finesse et l'accordéon un peu plus rare de Roland Romanelli dont on a déjà parlé en 1964 et qui peu à peu remplace Joss Baselli pour de belles années musicales plus riches à venir. Déjà, ce disque noir est éclatant presque de bout en bout !

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   MARCO STIVELL

 
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- Barbara (chant, piano)
- Michel Colombier (arrangements)
- Michel Gaudry (contrebasse)
- Michel Portal (saxophone)
- Eddy Louiss (orgue)
- Roland Romanelli (accordéon)


1. Le Soleil Noir
2. Plus Rien
3. Gueule De Nuit
4. Le Sommeil
5. Tu Sais
6. Le Testament
7. Mes Hommes
8. Mon Enfance
9. Du Bout Des Lèvres
10. L'amoureuse
11. Joyeux Noël



             



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