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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Membre : Roland Romanelli

BARBARA - Dis, Quand Reviendras-tu ? (1964)
Par MARCO STIVELL le 1er Juillet 2021          Consultée 1393 fois

Après deux albums de reprises au début des années 60, il faut attendre l'année 1964 pour que BARBARA lance réellement sa carrière discographique, et que lui revienne de la part du public parisien une meilleure reconnaissance, car frileuse jusque-là.

Bien confortablement installée au cabaret de l’Écluse dont elle est vedette, BARBARA s’éprend du diplomate et voyageur Hubert Ballay, qu’elle ne voit que par périodes et qu’elle finit par suivre à Abidjan, en Côte-d’Ivoire (où il travaille pour la décolonisation) pendant quelques mois. Elle s’installe dans la villa qu’il occupe et arrive à se faire embaucher au cabaret le Refuge, monté par le gangster Jo Attia. Finalement, elle retourne à Paris, et, toujours amoureuse, lui écrit beaucoup, pas seulement des lettres. Lorsqu'il a décidé lui-même de la rejoindre, ils ne sont déjà plus un couple soudé et, après un voyage dans le centre de l’Europe, se séparent vite. Ainsi est faite la vie de Monique Serf dite BARBARA à la suite de son premier mariage raté : des passions arrêtées dans le temps (à l’exception de Jacques BREL), même si les suivantes ne sont pas aussi mouvementées.

Revenue à l’Écluse pour un court temps et après le label Vogue puis Odéon, la chanteuse signe avec CBS le temps d'un album seulement, celui qui nous intéresse ici. La stabilité de ce côté n'arrive que quelques semaines plus tard et le résultat n'en est que plus savoureux. Au moins déjà, BARBARA fait une rencontre décisive : l’agent-imprésario Claude Dejacques avec qui elle souhaite travailler, et s’en remet à François Rauber, l’arrangeur de BREL, pour les orchestrations de son troisième disque.

Ce qui est certain, c'est que BARBARA, encouragée par Jacques 1er de Belgique, gagnait à chanter ses propres compositions, même si, très timidement, elle s'en remet à d'autres. Dans ses mémoires inachevés, elle dit par exemple qu'elle a proposé "Le temps du lilas" à un grand monsieur, Yves MONTAND, et on imagine fort bien ce dernier entonner cet excellente java dédiée à l'époque de l'insouciance révolue, avec sa "belle-uh légèreté-uh". Cependant, et même si BARBARA a eu raison de la garder, la différence est mineure dans le sens où cette chanson ne prétend pas à figurer parmi ses plus mémorables. En revanche, l'anecdote comme quoi elle aurait également soumis LA chanson de ce disque à Colette RENARD, l'une de celles qui, en cette année 1964 permet à sa carrière de décoller, est assez frappante. Dans les deux cas, elle avait heureusement son agent pour lui faire faire les bons choix !

"Dis, quand reviendras-tu ?" est à la fois dédiée à Hubert Ballay, le diplomate dit "H." dans ses mémoires, et ce qui reste le mieux et de façon ouverte (pour le public) des moments où il était en voyage et elle lui adressait des mots passionnés, avant que la relation ne s'effrite. Une valse lente avec cordes (BARBARA apprécie grandement le travail de Rauber) contrebasse, harpe, vibraphone. De la part d'une artiste nourrie de poésie (Eluard, Aragon etc), le texte épouse les formes classiques jusque dans son rythme.

Cela lui donne un charme précieux, en plus d'une mélodie plaintive, scindée entre des couplets fournis (augmentés par les méandres vocaux, du falsetto au timbre normal) et des refrains implorants mais aussi plus aérés, précédés de respirations bienvenues. Des instruments bois viennent soutenir le chant, avant qu'un bugle ne prenne le relais. Pour BARBARA, c'est un bel équivalent au "Ne me quitte pas" de son grand ami, une forme de lyrisme en chanson populaire très travaillé et riche, symbole d'écriture et d'interprétation bien à elle (seulement les roulements de "r", paradoxalement plus secs qu'autre chose, sont contestables) et qui a de quoi marquer les esprits durablement.

Le reste de l'album est empreint de souvenirs nostalgiques en amour : "Tu ne te souviendras pas", "Attendez que ma joie revienne", des chansons plus ou moins marquantes, sur un pas de valse avec détails musicaux charmants (cor anglais etc). Le piano, chose curieuse, n'intervient qu'au sixième titre, "Chapeau bas", une des premières compositions que BARBARA a écrites et chantées elle-même. Le ton est plus léger, mais la limite est souvent plus ténue qu'on ne le pense entre les personnalités de la Dame en noir. Sur "Vous entendrez parler de lui", elle fait preuve d'une insistance et d'une tendance à se livrer ne serait-ce que par des exclamations ("et ce sourire, ah ! ce sourire...") telle qu'elle ne peut jamais laisser indifférent.

"De Shanghai à Bangkok", autre dédicace à H. offre un rythme plus enlevé au parfum d'Europe de l'Est, une ambiance music-hall et fantaisiste pour "sortir du cap de désespérance". À l'Écluse ou au Refuge, BARBARA jouait cette chanson debout devant son piano. Les images de guerre et notamment 14-18 s'imposent avec évidence sur "Le verger en Lorraine" et "J'entends sonner les clairons" mais avec toujours une forme d'empathie pour les morts, les amours déchirées. Le bugle, les tambours, la harpe dirigés par Rauber accompagnent ces tours de chant sans lourdeur. La chanteuse emprunte "Liberté" à Charles AZNAVOUR, titre social où elle s'accompagne en frappant le rythme du boléro sur son piano, procédé qu'elle réemploie sur "Ce matin-là", une balade dans les champs avant retrouvailles amoureuses, à l'esprit folk. Preuve qu'elle sait sortir du cabaret, de Paris même, et que les promenades en province sont très présentes dans son écriture ; elles le resteront !

Vous allez dire que cet imbécile de chroniqueur a oublié une chanson ? Celle-là en plus ? Pas d'oubli, mais seulement l'envie d'en parler sur l'album suivant où elle figure également !

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   MARCO STIVELL

 
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- Barbara (chant, piano)
- François Rauber (arrangements)


1. Dis Quand Reviendras-tu ?
2. J'entends Sonner Les Clairons
3. Tu Ne Te Souviendras Pas
4. Le Verger En Lorraine
5. Ce Matin-là
6. Chapeau Bas
7. Le Temps Du Lilas
8. Liberté
9. Attendez Que Ma Joie Revienne
10. Vous Entendrez Parler De Lui
11. De Shanghai à Bangkok
12. Nantes



             



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