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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Membre : Roland Romanelli

BARBARA - Barbara (1996)
Par MARCO STIVELL le 13 Septembre 2021          Consultée 898 fois

BARBARA publie son dernier album en novembre 1996, un an avant de quitter ce monde à l'âge de 67 ans, 'juste à temps' donc. Ses mémoires commencées peu après n'auront pas la même chance et se verront interrompues de la manière la plus frustrante qui soit. Usée physiquement (jusque dans ses cordes vocales) par la prise de calmants au fil des décennies, la Dame en noir fournit ce dernier témoignage aux côtés d'une partie des musiciens qu'elle a adoré et qui l'ont accompagnée longtemps : Eddy Louiss, organiste de jazz présent sur ses albums des années 60 ainsi que Seule (1981) ; Richard Galliano à l'accordéon qu'elle avait recruté pour Lily Passion en 1986, sans oublier le soutien principal à savoir Gérard Daguerre au piano et à la direction musicale, remplaçant de Roland Romanelli dont on ne peut s'empêcher de déplorer l'absence, même en tant qu'invité. De grands noms solistes et accompagnateurs de la scène française s'ajoutent : Jean-Louis Aubert, Dominique Mahut, Jean-Louis Hennequin, Laurent Vernerey, Patrick 'Kako' Bessot, les virtuoses du violon Didier Lockwood et de l'harmonica Jean-Jacques Milteau...

Ce bouquet final publié par Philips (désormais affilié à Mercury) est enregistré à Suresnes, 'loin' du Précy-Sur-Marne si cher à la Dame. La direction globale est aussi fidèle à l'univers de BARBARA, piano-voix et esprit jazz ou 'variété' ancienne entendus sur tous ses disques, qu'il ne cherche à innover un peu tout cela. Loin de l'isolement de Seule (1981), Barbara l'album sobrement intitulé où la Dame pose en rockeuse sur la pochette (évoquant Véronique SANSON plutôt que l'interprète de "Nantes") est un bel effort collectif où l'on trouve par exemple "Le jour se lève encore" dont le ton rhythm'n'blues peut surprendre à plus d'un titre ! Avec l'orgue sautillant de Louiss et la contrebasse de Vernerey, le choeur d'enfants gospel, BARBARA et sa voix cassée se montrent sous un tout nouveau jour, et par effet miroir, elles font de même en donnant une autre couleur à cette musique très identitaire. Sans être fan, on ne peut que saluer cette tentative de dernière minute, nouvelle forme d'écriture et apprécier les paroles porteuses, emplies d'espoir. Et BARBARA ne perd pas la main en termes de 'déconstruction' mélodique.

"Le Jour Se Lève Encore" ainsi qu'une partie des chansons ("Femme Piano", "Sables Mouvants") avait été jouée trois ans plus tôt au théâtre du Châtelet (quelques semaines avant l'ultime concert), la susmentionnée ayant même été proposée en rappel final. BARBARA a en revanche écarté plusieurs chansons proposées sur scène depuis 1988 et sur des thèmes bien précis : "Sid'amour à Mort", "Gauguin (Lettre à Jacques Brel)"... À la place, on a "Il me revient", nouvelle chanson après "Mon Enfance" (album Le Soleil Noir, 1968) où l'artiste parle du village de Saint-Marcellin avec désillusion d'adulte. Conduit par le piano, l'effet romantique bascule dans le martial terre-à-terre, avec accordéon de Galliano pour enjoliver le tout. Plus loin, avec des paroles de Luc Plamondon (pour boucler la période Lily Passion) sur un jazz très félin-féminin et chaleureux, "Lucy", n'assume pas non plus le fait de rendre les hommes fous à force de s'y attacher.

Il faut reconnaître que ce disque possède un ventre mou, principalement dans le trio "Fatigue"/"Femme piano"/"John Parker Lee", erratique et même parfois éprouvant. La texture cuivres et music-hall pour deux de ses titres, ou bien le jazz dépressif de "Fatigue" rendent l'écoute plus ardue que l'on ne s'y attendait. Le traînant comme l'emphase se conjuguent avec le strass/paillettes et la pulsation bien marquée aux percussions de Dominique Mahut, mais tout cela posait moins de problème au temps de Madame, le spectacle avorté à la fin des années 60, par rapport à "Femme piano", même si BARBARA fait toujours preuve d'audace en musique. Ce disque est, tout comme La Louve (1973), parfois victime de sa réalisation collective, d'une diversité qui confine paradoxalement à l'homogénéité. Peut-être a-t-il manqué d'efforts similaires antérieurs dans le genre durant la carrière de l'artiste ; après tout les derniers en date remontent à la première moitié des années 70 !

En revanche, il est difficile de bouder son plaisir et trouver à redire concernant des merveilles comme "À Force de", belle manière de renouer avec Depardieu puisque Guillaume, fils de Gérard, écrit le texte. Ce piano-voix où BARBARA, pleine de regrets après une séparation, brille de fragilité et d'âme jazzy est un premier chef d'oeuvre. "Faxe-moi", grande ballade romantique avec le violon de Didier Lockwood et l'accordéon de Richard Galliano, offre un beau verbiage passionné de la chanteuse qui use de métaphores impressionnistes. Le début des années 60 ne semble plus aussi loin ! Quant à Jean-Louis Aubert, il se réserve les synthétiseurs et le privilège de façonner les ambiances de "Vivant Poème" dont il écrit le texte (qu'il reprendra ensuite à son compte sur son album Stockholm, 1997), tout en soulignant avec sa compagne guitare électrique la prestation d'une BARBARA habitée et splendide au milieu d'un ensemble blues lent et brumeux, très élégant. Autre régal absolu et toujours avec Aubert dans un domaine plus électro-ambient, "Le couloir" happe l'auditeur par son ambiance oppressante qui n'est pas sans évoquer en bien le morceau "Seule" (1981). Quelle mélodie, et ce petit piano surgi d'un coup pour ramener la lumière !

La grandeur des derniers instants se trouve également dans "Sables mouvants" qui respire totalement au contraire. Serait-ce l'évocation de la possible rupture, libératrice cette fois ? Femme en chansons, BARBARA a toujours aimé jouer sur les deux tableaux. Ce beau morceau folk chaloupé et réverbéré nous emporte, Jean-Jacques Milteau l'illuminant de son harmonica. Il revient, transition toute choisie, pour le non-moins superbe "Les enfants de novembre", mélodie printanière et folk elle aussi, avec une pointe d'Afrique et où les oiseaux participent à la fête. Pas l'ombre d'un aigle noir en vue, même si la progression et le crescendo ne sont pas sans rappeler la chanson de 1970, la plus célèbre de BARBARA. Le texte est positif, il y a comme l'idée d'un message venu d'ailleurs, avec une pointe de fantastique, par celle qui s'apprête à passer dans un autre monde. Le voyage permet au violon et à la guitare électrique de se confondre en s'envolant, le chant de la Dame en noir se laisse porter finalement et nous salue de bien haut. Pour la dernière fois...

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Barbara (chant, piano)
- Gérard Daguerre (piano)
- Eddy Louiss (orgue hammond)
- Jean-louis Hennequin (synthétiseurs)
- Jean-louis Aubert (synthétiseurs, guitare électrique)
- Jean-marie Ecay (guitares)
- Doc Matéo (guitare acoustique)
- Laurent Vernerey (contrebasse)
- Loïc Pontieux (batterie, percussions)
- Richard Galliano (accordéon, accordina, bandonéon)
- Patrick Bessot (trombone, bugle, trompette)
- Bernard Camoin (trombone basse)
- Didier Lockwood (violons)
- Dominique Mahut (percussions)
- Jean-jacques Milteau (harmonica)


1. Il Me Revient
2. À Force De
3. Le Couloir
4. Le Jour Se Lève Encore
5. Vivant Poème
6. Faxe-moi
7. Fatigue
8. Femme Piano
9. John Parker Lee
10. Sables Mouvants
11. Lucy
12. Les Enfants De Novembre



             



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