Un an après son premier et très réussi album éponyme, le PAT METHENY GROUP revient avec American Garage qui annonce clairement la couleur par son titre et sa pochette ornée de rutilantes caravanes : cet album sera ancré dans l’imagerie américaine des longues routes arpentées par les pionniers des temps modernes. On voit d’ailleurs au verso le groupe (reconduit à l’identique de l’album précédent) jouer dans un garage pour ancrer ce concept très roots.
Le contenu est à l’avenant, avec une inspiration largement puisée dans les musiques traditionnelles américaines (coutry, folk, funk, rock…), ce qui vaudra d’ailleurs au groupe de se voir coller une étiquette de 'Jazz pastoral' qui ne lui sied que très ponctuellement et partiellement. Car Pat Metheny entendait bien à l’époque continuer à explorer de nouveaux territoires musicaux, et certainement pas opérer un repli sur des formats plus traditionnels, d’où une légère incompréhension à la sortie de l’album. Pat a dit d’ailleurs lui-même que le groupe a commis à peu près toutes les erreurs possibles sur cet album.

Il faut admettre que le contenu proposé, tout en restant globalement très correct, est moins réussi que celui du premier opus (on ne retrouve d’ailleurs aucun des titres de l’album sur le double live Travels sorti 4 ans plus tard). Nous avons bien évidemment toujours affaire à une musique d’essence Jazz fort bien pensée, écrite et interprétée, avec une grande expressivité et des moments de bravoure réussis, mais la qualité des compositions me semble en retrait. L’album souffre par ailleurs de tâtonnements quant au son des claviers de Lyle Mays, parfois un peu kitsch, parfois franchement datés, alors que les passages au piano restent eux superbes. En revanche, rien à redire sur les prestations de Danny Gottlieb et Mark Evan qui assurent une assise rythmique dynamique et de belle facture tout au long du disque, quel que soit le genre abordé.

Parmi les pièces proposées, "The Epic", comme son nom l‘indique la plus longue (proche de 13’), nous offre un beau développement central où le groupe accélère le tempo et Pat nous gratifie de son chorus le plus marquant de l’album. Lyle n’est pas en reste avec plusieurs belles envolées parfaitement soutenues par une rythmique en belle osmose. "Cross the Heartland" est en phase avec le fil conducteur de l’album grâce à son thème aux consonances country. On relève quelques passages funk à la Georges Benson, notamment dans le solo de Pat, et des traits répétitifs d’arpèges de guitare sèche qui portent le morceau. "Airstream" et "American Garage" sont pour moi les 2 pièces les moins intéressantes de l’album. La première lorgne vers un funk-pop un peu mou, et la seconde bien plus rock sonne un peu contre nature, malgré les efforts de Pat en solo. "The Search" enfin est un joli morceau, précurseur des succès futurs dans l’utilisation des mélodies chantées. Cette pièce a le mérite de projeter le groupe vers des ambiances plus riches et en phase avec ses aspirations profondes et futures.

Finalement, même si on ne peut pas parler réellement d'un album raté, force est de reconnaître qu’il marque un petit recul au regard du potentiel affiché dans la première offrande du PAT METHENY GROUP, et des ambitions du combo. Pat s’en rendra parfaitement compte, et le PAT METHENY GROUP saura magistralement redresser le tir dès sa livraison suivante.