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- Style + Membre : Pat Metheny

PAT METHENY GROUP - Quartet (1996)
Par ELK le 18 Février 2023          Consultée 525 fois

En 1996, à l’heure de donner un successeur au très expérimental et partiellement réussi We Live Here, Pat METHENY décide de rompre avec les habitudes prises par le groupe ces dernières années. Au lieu de prendre de longs mois pour composer et peaufiner en studio la nouvelle œuvre du PAT METHENY GROUP, il mise cette fois sur la spontanéité d’une musique conçue et enregistrée très rapidement. Pour ce faire, il se recentre sur le cœur du groupe, optant pour un Quartet au sein duquel on retrouve sans surprise Lyle Mays, Steve Rodby et Paul Wertico. Et, défi supplémentaire, les instruments seront cette fois essentiellement acoustiques, à l’exception des guitares de Pat et de certains claviers.
Après une courte période de préparation, le groupe entre en studio en Mai et enregistre en quelques jours plus de 67 minutes de musique, dans une démarche proche du Jazz traditionnel, et opposée à l’extrême sophistication des enregistrements habituels du P.M.G.
Répondant parfaitement aux attentes de son leader, le groupe concocte une œuvre superbe mais à la séduction moins immédiate que de coutume, et qui nécessite un effort supplémentaire de la part de l’auditeur pour en apprécier tous les contours. L’album développe en effet une atmosphère très riche, souvent lente et introspective, ainsi qu’un niveau élevé de complexité harmonique et rythmique, se permettant même de proposer des passages entièrement improvisés et des moments de 'free Jazz' comme le groupe n’en avait plus enregistrés depuis Offramp.

Le début de l’album est particulièrement réussi avec "Introduction" qui, sous son apparente simplicité, cache une juxtaposition instrumentale des plus sophistiquées. Lui succède le superbe "When We Were Free", sorte de valse lente, étirée sur 5’37, à l'atmosphère sereine et intense, qui tisse une trame harmonique parfaitement agencée par la section rythmique, sur laquelle se pose une longue tirade lyrique de Pat dont la part d’improvisation va crescendo. Lyle en profite pour poser également un solo superbe, particulièrement mis en valeur par le piano acoustique. Cette première pièce démontre, si besoin en était, l’immense capacité du groupe à nous captiver dans un format de Jazz classique et classieux.
Au rayon des grandes réussites, on peut également citer "Take Me There", petite bombe au tempo rapide, drivé par les cymbales de Paul Wertico, sur lequel Pat enchaîne les prouesses dans un esprit très Be-Bop ; j’apprécie particulièrement dans ce contexte la justesse de la contrebasse de Steve Rodby qui participe pleinement à l’intensité et à la grande maîtrise de cette pièce.
"Sometime I See" est une magnifique ballade, une des plus réussies du P.M.G. tant l’auditeur est happé par son atmosphère sereine et nostalgique, alors que la guitare de Pat et le piano de Lyles nous entraînent vers des trésors de beauté mélodique et de feeling.
Mais le sommet de l’album est incontestablement le fantastique "Langage of Time", pièce de 7’33 dont l’intro évoque fortement les premières œuvres du P.M.G., avant que le titre, drivé par la basse de Steve (qui conclut aussi magnifiquement la morceau), s’engage vers des harmonies profondes et oniriques sur un tempo medium. La guitare synthé de Pat décline un thème superbe, avant d’entamer un époustouflant et long chorus d’une ampleur et d’une richesse dont il a le secret. Le tout est parfaitement appuyé par un groupe à son meilleur, chaque musicien pouvant démontrer tout son talent dans un tel format.
Parmi les nombreux passages marquants du disque, "Dismantling Utopia" se distingue par son étrangeté avec des instruments aux accordages vaguement dissonants tissant une sorte de mantra collectif prolongé par un thème hautement improbable mais totalement maîtrisé.
"Badland" est une pièce improvisée, qui installe une atmosphère planante et tourmentée. On y entend la fameuse guitare 'Pycasso' aux 42 cordes de Pat qui lui confère une couleur orientale.
"Montevideo" commence par une impro en mode 'free jazz' avant d’évoluer vers des harmonies latines où Lyle se prend quelques instants pour Chick COREA.
"Seven days", "Oceania", "Second Thought", "Glacier" et "As I Am" sont pour leur part des pièces très intéressantes et réussies, le plus souvent sur un tempo lent et dans un registre introspectif. "Double Blind", par sa grande liberté harmonique et rythmique, permet à Lyle d’adresser un clin d’œil aux pianistes 'libertaires', alors que "Mojave" installe une ambiance carrément angoissante, très inhabituelle chez le P.M.G..

Ce disque est donc une nouvelle grande réussite du PAT METHENY GROUP qui démontre, si besoin en était, sa capacité à s’adapter à tous les formats. Beaucoup se sont réjouis de voir le groupe débarrassé de ses artifices habituels et revenu à une formule plus 'pure' du Jazz. Les auditeurs attentifs n’ont pas été surpris par cette capacité des Américains à relever tous les défis et à exceller dans un registre moins attendu. Le seul bémol à apporter au projet réside peut-être dans l’exigence de l’album pour ses auditeurs, en raison de sa longueur et de la lenteur rythmique de nombre de ses pièces; ces traits rendent nécessaire une écoute encore plus attentive que de coutume. Pour ceux qui sauront faire cet effort, une belle récompense les attend tant le disque contient des splendeurs, souvent évidentes, parfois plus cachées.

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- Pat Metheny (guitare, guitare-synthétiseur, guitare 12 cordes, )
- Steve Rodby (contrebasse, basse piccolo)
- Lyle Mays (piano, claviers)
- Paul Wertico (batterie, percussions)


1. Introduction
2. When We Were Free
3. Montevideo
4. Take Me There
5. Seven Days
6. Oceania
7. Diamantling Utopia
8. Double Blind
9. Second Thought
10. Mojave
11. Badland
12. Glacier
13. Language Of Time
14. Sometimes I See
15. As I Am



             



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