Après l’échec commercial (tout autant qu'artistique) de leur deuxième album et le départ de Rudy Sarzo (basse) et Randy Rhoads (guitare) pour l’équipe d’Ozzy OSBOURNE, QUIET RIOT a été mis entre parenthèse pendant quatre années. Le retour de Rudy Sarzo au bercail, l’arrivée de Frankie Banali (batterie) et la sortie de Metal Health scellent la reformation du groupe en 1983. Un retour qui s’apparente fortement à une renaissance. Loin de l’échec cuisant de leurs deux premiers essais, ce troisième disque rencontre un succès colossal et devient même le premier album de Metal à atteindre la première place des charts US (l’année même où parurent pas moins que Shout At The Devilet Pyromania, dans le même style).

Pourtant, à l’écoute de celui-ci, on peut se dire que cela n’était pas évident. En effet, si le groupe a considérablement évolué et propose là un Heavy Metal accessible et bien ficelé, on ne peut tout de même pas parler de monument. Le savoir-faire de QUIET RIOT réside principalement dans son aptitude à proposer une musique combinant l’agressivité du Heavy Metal, l'immédiateté et l'accessiblité de la Pop musique. Il en resulte une série d’hymnes à la fois entrainants et puissants, combinée à des ballades plus ou moins romantiques.

La reprise de SLADE, "Cum On Feel the Noize", est à ce titre assez symbolique. Porté par une voix bien rugueuse et criarde, le morceau est énergique au possible. La batterie métronomique, les deux soli de guitares et surtout les vocaux de Kevin DuBrow lui confèrent un aspect Heavy indéniable, alors que le refrain, les chœurs et la mise en retrait des riffs lui apportent la fraîcheur et le côté catchy qui fera de ce titre le plus gros succès du groupe. Son histoire est assez ironique puisque ce n’est en effet pas grâce à un titre original mais à une reprise que le groupe accède à la notoriété mondiale. Second single du groupe, il se voit matraqué sur toutes les radios et TV, hissant QUIET RIOT vers les sommets et une popularité assez éphémère. Ephémère mais si importante que le groupe restera prisonnier de cette image de groupe de reprises et ne bénéficiera jamais d’une reconnaissance artistique équivalente à la hauteur de son succès commercial.

Au-delà de ce titre phare, on trouve un morceau déjà présent dans "QR II, "Slick Black Cadillac" dans une version qui n’a rien à envier à l’originale. Bien plus intéressant, "Metal Health" est un hymne heavy, porté par des guitares efficaces et un Kevin DuBrow très convaincant. Placée en premier, cette chanson, qui apparaît dans le film Footloose, laisse espérer que nous allons recevoir un disque majeur dans nos oreilles. Les "Bang Your Head" scandés à l’envie sont des modèles du genre. Après la reprise déjà mentionnée, le mid-tempo "Don’t Wanna Let You Go" se révèle également assez plaisant. Comme c’est bien souvent le cas avec les chanteurs ayant une voix rocailleuse, cette ballade est une réussite.

Malheureusement, au-delà des quatre premiers morceaux précités, il n’y a pas grand-chose de réellement intéressant dans cet album. Tout le reste est tout au plus correct. "Battle Axe" est un instrumental banal, "Thunderbird ", une ballade convenue, "Let’s Get Crazy", un morceau quelconque utilisant une rythmique routinière, et la liste pourrait continuer ainsi longtemps.
A cette époque, QUIET RIOT ne joue décidément pas dans la même division que les RATT, BON JOVI et MÖTLEY CRÜE, auxquels il a pourtant été associé. Le groupe est honnête et possède un bon chanteur (quoique sa voix soit un peu lassante sur la durée.), mais il ne possède pas le petit grain de génie qui lui aurait permis de sortir du lot. Sa popularité, aussi importante qu’éphémère, donne tout son sens à l’expression 'Premier dans un concours de circonstance'.