Le très réussi Welcome Home...Mr Bulbous nous avait laissé sur un feeling très positif quant à la capacité de KING’S X à renouer avec un lustre un peu perdu lors des deux albums précédents. Autant dire d’emblée que Manic Moonlight a causé aux fans du groupe une bien cruelle déception, ce neuvième opus raflant haut la main le titre du plus mauvais album des Texans depuis leurs débuts.
Toujours produits par leur guitariste Ty Tabor, les intentions du groupe pouvaient sembler pourtant légitimes, essayant d’expérimenter et de proposer des formats alternatifs à ceux qui commençaient à s’essouffler avec le temps. Mais quelles que soient les envies de départ, rien n’est possible sans une implication totale de chaque membre, une envie de bosser dur ensemble, et surtout une inspiration qui fait ici cruellement défaut.
En guise de nouveauté, on se retrouve donc avec des loops électroniques qui ouvrent la plupart des titres, réduisant la guitare de Ty Tabor à la portion congrue, alors que la batterie de Jerry si joliment captée sur l’opus précédent sonne cette fois très mal, avec un son de caisse claire que même le Lars Ulrich des heures sombres n’aurait pas osé conserver. Quant à Doug, ses lignes de basse et son chant (très peu partagé avec ses compères cette fois) sont bien médiocres, pour un rendu bien loin des standards du trio, et particulièrement mou sur la plupart des titres.
Ainsi, le début du disque avec l’enchaînement "Believe" et "Manic Monlight" se traîne-t-il en longueur, même les refrains, habituel point fort des Texans, ne parvenant pas à sauver ces titres d’un profond ennui. A peine meilleurs, les deux plus longs morceaux du disque "Skeptical Winds" et "Vegetable" doivent surtout leur durée à la répétition des motifs, bien loin des flamboyances quasi-progressives du passé. Même constat pour "Static" pas trop mal mais tellement prévisible, alors que "Yeah" est un peu le degré zéro de l’inspiration avec un refrain se contentant d’ânnoner le titre de la pièce. "Other Side" est plus raté encore, avec le pire refrain du disque. Je sauve peut-être "False Alarm" (malgré une intro 'électronique' de nouveau insupportable) doté d’un arpège de guitare et d’un refrain corrects, et "Jenna" un poil plus inspiré et agrémenté en son centre d’un passage assez mélodieux à la guitare et enfin d’un bon refrain; cependant ces deux titres ne mériteraient pas la face B du plus mauvais morceau de Gretchen ou Faith Hope Love. Jetons un voile pudique sur "Water Ceremony" qui nous laisse avec le sentiment amer que le groupe s’est finalement bien moqué de nous.
Quelles explications trouver pour ce premier réel faux pas d’un groupe que nous aimons tant ? Il est probable que, à l'époque où chaque membre s’investissait dans moults side-projets, KING’S X n’était plus leur absolue priorité et clairement plus le réceptacle de leurs meilleures idées. Dommage pourtant d’avoir gâché le regain d’intérêt des fans généré par l’opus précédent; 20 ans après la déception reste cruelle, et beaucoup (dont moi) ont décroché à l’époque, d’autant plus que la suite sera à peine plus reluisante.

Note réelle 1,5 portée à 2 car l’amour rend aveugle, mais n’achetez pas ce disque, il y a bien d’autres merveilles pour aborder en beauté ce groupe majeur.