Recherche avancée       Liste groupes



      
FOLK INDIE-POP  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 



Taylor SWIFT - Evermore (2020)
Par MARCO STIVELL le 27 Juin 2023          Consultée 748 fois

L'album petit frère, le presque-jumeau, de Folklore. Deux albums en moins de six mois et qui se ressemblent jusque dans leur présentation, avec des différences voulues. Taylor SWIFT propose une pochette un peu plus estivale, a contrario de sa volonté d'un album paru début décembre 2020 (peu avant son 31ème anniversaire) et mieux imprégné par la mauvaise saison. Des couleurs, d'abord dans sa nouvelle tresse dite française éclatante de blondeur, ensuite dans son manteau en tartan designé spécialement et sur mesure par Stella McCartney, fille de Sir Paul. La musicienne n'est plus perdue au loin dans la forêt de l'état de Rhode Island, elle reste bien visible, même si de dos. Une autre forme d'invitation à son univers magique, ô combien nécessaire étant donné le contexte !

Chacun doit alors rester chez soi, mais il peut planer loin en grandeur artistique avec ce qui demeure l'une des plus belles surprises discographiques (rien à faire, ce mot vaudra toujours mieux que "streamables") de la période, voire avant et après. Car Taylor SWIFT, qui n'a rien concédé aux fans pour présenter Evermore avant sa date de sortie (pas plus qu'elle ne l'avait fait quelques semaines plus tôt pour Folklore), a réussi ce virage de bout en bout, avec une classe qui n'appartient qu'à elle et que peu ont eue au cours des deux-trois dernières décennies. Même si ce n'est qu'une parenthèse dans sa carrière, même si elle remonte par la suite – dès que possible – sur scène pour se déhancher sur des rythmes pop modernes avec ses bottes et ses tenues moulantes (ensemble qui, curieusement, lui convient mieux qu'à bien d'autres là encore), merci, merci mille fois mademoiselle !

Faisant au mieux pour respecter les règles d'éloignement général tout en travaillant main dans la main sans user de gel hydroalcoolique au coeur de la campagne de l'état de New York, l'équipe de Folklore demeure, avec un trio de tête constitué par SWIFT, Aaron Dessner et Jack Antonoff. On note le retour de Justin Vernon alias BON IVER, quoique de loin et envoyant de nouveau son travail depuis le Wisconsin, ce qui fait qu'il n'a jamais rencontré vraiment la principale intéressée durant ces créations-là. William Bowery, de son vrai nom Joe Alwyn et qui n'est autre que le chéri de Taylor (quelle chance, mais quel c... chanceux !) est davantage présent dans l'écriture qui, liées par un goût mutuel, concerne les chansons noires et tristes du pourtant plus optimiste Evermore.

L'éveil solaire d'une relation amoureuse, le charme acoustique légèrement teinté de modernisme nous prennent aux oreilles avec le superbe et sensuel "Willow", au rythme chaloupé lent, un rien latin avec son piano qui fait contrechant. Les chansons printanières fleurissent, distillant à merveille leurs ambiances folk-country chaleureuses et en finesse, telles "Ivy", les titres bonus "It's Time to Go" et "Right Where You Left Me" qu'il convient d'avoir, ainsi que "No Body, No Crime", en collaboration avec deux des trois soeurs HAIM. L'absence d'Alana s'explique peut-être par son investissement en rôle principal du très joli film ado/rétro/feel good Licorice Pizza (2021/22), en tout cas Este se trouve être une amie proche de Taylor, qui donne d'ailleurs son prénom à la disparue de sa chanson, une femme à venger. Si les "you did it!" synthétiques en intro font penser à Laurie ANDERSON sur l'immense Zoolook de Jean-Michel JARRE (1984), la suite n'est que voix féminines, harmonica et guitare slide avec chorus, tout en distinction des plus ensorceleuses.

De "Champagne Problems" (sur un mariage raté) à une "Tis the Damn Season" évoquant d'ailleurs Hollywood (où se rend et réussit une jeune fille de province, qui revient un jour chez elle et retrouve un ancien amoureux), notre miss blonde à tresse revient ainsi parfois à ses premières heures en tant qu'artiste professionnelle, dix à quinze ans plus tôt, mais avec un autre regard, mélangeant terroir, intimité précieuse au féminin et quelques sources d'étonnement. Ceci, malgré la douceur fragile et l'espace imaginaire, en particulier d'un point de vue rythmique : au-dessus de tout, "Closure", où la boîte à rythmes indus rencontre le piano le plus collégial, où on a carrément des mesures composées (?, ah, que les cours de formation musicale solfégique semblent loin).

Une fois encore, c'est de la qualité haute, presque pure. Évidemment, un ensemble de quinze chansons sans compter les bonus (encore une fois indispensables néanmoins), minimum auquel SWIFT ne semble pouvoir contrevenir depuis ses débuts, n'est pas forcément toujours égal. "Coney Island" avec The NATIONAL (Aaron Dessner oblige) invité pour un duo femme-homme séparé puis rapproché, "Cowboy Like Me" qui reprend les même ingrédients en plus simple, seraient peut-être les moins bon titres, mais toujours agréables. Comment chipoter néanmoins avec l'autre duo magistral cette fois qu'est "Evermore", incurablement hivernal, sombre et féérique, avec les timbres de voix et intentions écrites s'opposant d'abord pour mieux se fondre enfin ? Comment dédaigner "Gold Rush" et sa folk indé au refrain pop de maître(sse), "Happiness" brumeuse et ensorceleuse, ponctuée de synthés modulaires, "Dorothea" et sa joyeuseté suave, exquise en ternaire ?

Taylor SWIFT l'avait bien dit, ses influences principales désormais se nomment Bruce SPRINGSTEEN et Lana DEL REY. Par rapport à cette dernière, elle semble partout présente dans les "Ivy", "Happiness" etc, d'abord à travers les harmonies vocales, ensuite la beauté mais qui paraît du coup beaucoup moins aride et tortueuse, plus limpide grâce à notre intéressée, de quoi espérer un jour voir les deux réunies (ndlr : c'est arrivé depuis). Taylor SWIFT n'est sans doute pas la plus grande chanteuse de sa génération, mais tout ce qu'elle fait, de la ballade susurrée à la voix de tête pour un refrain épique, elle le fait bien, avec personnalité y compris dans l'hommage.

"Marjorie", qu'elle dédie à feu sa grand-mère cantatrice, petite perle entre exotisme et profondeur, est positionnée en titre n°13, autre manière de célébrer ses 31 ans (chiffre inversé), auxquels elle associait depuis toujours une volonté de coup d'éclat artistique (pari gagné). Enfin, malgré un son drum'n'bass inattendu, très seyant néanmoins, l'amour envers SPRINGSTEEN "The Boss" ressort mieux qu'ailleurs sur l'héroïque "Long Story Short", dans la composition comme ces claviers très Tunnel of Love (1987, parmi ses meilleurs albums à lui), rêveurs, aux reflets bleus mélancoliques. Et toujours ces harmonies, cette beauté incroyables. C'est celle des deux disques, Folklore et Evermore, celle de Taylor SWIFT, brillante, intelligente, généreuse. Miracle !

A lire aussi en FOLK par MARCO STIVELL :


GRATEFUL DEAD
In The Dark (1987)
Succès massif et tardif




Marissa NADLER
July (2014)
Folk noir et onirique


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Taylor Swift (chant, guitare acoustique)
- Aaron Dessner (guitares, basse, piano, claviers, programmat)
- Jack Antonoff (guitares, basse, batterie, piano, mellotron)
- Thomas Bartlett (claviers, synthétiseurs)
- Mikey Freedom Hart (guitares, claviers)
- Sean Hutchinson, Jt Bates (batterie)
- Michael Riddleberger (batterie)
- Evan Smith (saxophones, cuivres)
- Dave Nelson (trombone)
- Benjamin Lanz (trombone, synthétiseur)
- Bryce Dessner (piano, orchestrations)
- Nick Lloyd (orgue hammond b3)
- James Mcalister (synthétiseurs, programmations, percussion)
- Bryan Bevendorf (percussions, programmations)
- Scott Devendorf (basse, piano)
- Josh Kaufman (harmonica, guitare électrique, lap steel, org)
- Jason Treuting (glockenspiel, percussions)
- Yuki Numata Resnick, Bobby Hawk (violon)
- Clarice Jensen, Gabriel Cabezas (violoncelle)
- Logan Coale (contrebasse)
- Stuart Bogie (clarinettes, flûte)
- Kyle Resnick, Trever Hagen (trompette)
- Alex Sopp (flûtes)
- William Bowery (piano)
- Marjorie Finlay (choeurs)
- Justin Vernon (chant, banjo, guitare électrique, synthétise)
- Matt Berninger, Marcus Mumford (chant)
- Este Haim, Danielle Haim (choeurs)


1. Willow
2. Champagne Problems
3. Gold Rush
4. 'tis The Damn Season
5. Tolerate It
6. No Body, No Crime (feat. Haim)
7. Happiness
8. Dorothea
9. Coney Island (feat. The National)
10. Ivy
11. Cowboy Like Me
12. Long Story Short
13. Marjorie
14. Closure
15. Evermore (feat. Bon Iver)
16. Right Where You Left Me (titre Bonus)
17. It's Time To Go (titre Bonus)



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod