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ALBUMS STUDIO

1966 Bidonville
1967 Petit Taureau
1971 Soeur Ame
1973 Locomotive D'Or
1974 Recreation
1975 Femmes Et Famines
1977 Plume D'Ange

COMPILATIONS

1964 Cécile, Ma Fille

VHS/DVD/BLURAYS

1989 Made In Nougaro
 

- Style : Mouss Et Hakim, Serge Gainsbourg , Bernard Lavilliers , Art Mengo , Michel Legrand

Claude NOUGARO - Cécile, Ma Fille (1964)
Par RAMON PEREZ le 19 Décembre 2023          Consultée 352 fois

Ce disque n’est pas un album mais une compilation. Il nous intéresse cependant car il constitue une porte d’entrée tout à fait valable dans cette discographie. La production nougarienne des débuts est, comme pour beaucoup d’autres à cette époque, un foutoir sans nom auquel la maison de disque n’a jamais mis bon ordre. Les 45-tours s’enchainent alors, alternant régulièrement avec quelques maxis ou 25cm. Ce n’est que vers la fin de la décennie, et plus encore pendant la suivante, que les choses deviennent plus cohérentes avec l’émergence de ce format qui s’est finalement imposé et, avec lui, la notion d’album : le 33-tours 30 cm, dont il s’avère que ce disque est le premier sorti pour Claude NOUGARO. Comme il synthétise les enregistrements des premières années avec sa maison de disque, on peut le retenir en priorité pour cette période avant d’éventuellement aller plus loin, en explorant plus en détail la foule des petits enregistrements existants.

On se rendrait alors compte que cinq des douze morceaux viennent de l’album 25 cm de 1962, quatre autres d’un maxi paru en 63 et deux d’un 45-tours de 64 (le dernier morceau est une face B de 63). Trois années de production et pourtant une cohérence absolument étonnante, qui renforce encore ce faux-air d’album tant il est clair que tout sort du même moule. Une signature bien établie, une identité très claire. La première édition fait partie d’une collection de Philips intitulée Les grands auteurs & compositeurs interprètes. On retrouve ces compilations chez d’autres grands noms, en particulier BREL et GAINSBOURG. Cette version nougarienne est notable à plus d’un titre. On peut notamment relever que la maison de disque n’hésite pas à donner ce titre de "grand ACI" à une jeune pousse ; belle marque de confiance. En effet, si Claude vient certes de connaitre ses premiers succès, cela est alors tout récent.

Cependant, on note que ce titre est légèrement usurpé : si NOUGARO est clairement un grand auteur et un grand interprète, on peut davantage discuter de ses compositions. Tout simplement car il n’a à cette époque rien composé du tout (il s’y mettra un peu plus tard avec le support de Maurice Vander). Sur cette compilation, on retrouve deux compositeurs bien de leur époque, tout à fait déterminants dans le lancement de la carrière du Toulousain ; ils signent six titres chacun. Il y a Jacques Datin, dont on retrouve les partitions chez pas mal de contemporains (de PIAF à Serge LAMA, en passant par GRECO ou encore REGGIANI). S’il a connu des réussites avec d’autres, c’est bien pour son travail avec NOUGARO qu’on le retient principalement de nos jours. Il est en effet derrière l’essentiel des premiers succès de ce dernier, que l’on retrouve tous ici. Le premier petit succès en ouverture de disque, le très habité "Une petite fille", le premier grand succès, "Cécile, ma fille", et encore deux autres classiques "Le jazz et la java" bien-sûr et enfin "Je suis sous…". Sacrée liste pour un début de carrière.

L’autre personnage n’est pas le moindre puisqu’il s’agit de Michel LEGRAND, quelqu’un qui a largement participé à définir le ton et le son musical de cette époque. Ne nous étendons pas sur son CV mais relevons que son sens complexe de la composition ainsi que de la mélodie trouve à qui parler avec NOUGARO. Les deux s’entendent très bien musicalement et cela se ressent parfaitement. S’il n’y a pas de morceau particulièrement connu dans ce qu’a composé l’un pour l’autre, on peut toutefois penser qu’il a activement participé à construire les fondations de l’œuvre de Claude. Datin pour la lumière, Legrand pour l’ombre en quelques sortes. Nous reviendrons une autre fois sur ce point, mais il est clair que l’on peut dire de ce dernier qu’il a mis le pied à l’étrier à ce cavalier des mots. Une contribution majeure fut l’orchestration de toutes ces premières chansons. D’où la cohérence de cette compilation dont je parlais au début. C’est en effet l’orchestre de Michel LEGRAND que l’on entend sur pratiquement tout le disque, à l’exception des titres de 1964 qui sont mis en musique par Maurice Vander, dans la claire lignée de Legrand cependant.

Une orchestration assez modeste : un petit ensemble composé essentiellement de l’incontournable paire contrebasse-batterie, avec un pianiste et un organiste. Peu d’autres instruments, si ce n’est ici ou là une discrète guitare, un léger cuivre ou encore une basse électrique lorsque ça devient un peu plus rock’n roll. Ce côté ramassé fait que ça a assez peu vieilli pour quelque chose de cette époque. Il y a une chose assez étonnante, c'est la place des percussions dans les arrangements. Elles sont souvent complexes et centrales, au point que l’on peut facilement penser lors de plusieurs passages à l’album Gainsbourg percussions sorti juste après et dont on peut comparer au passage la pochette avec celle de ce disque (voir "Mon assassin" pour l’exemple). La musique est souvent enlevée, régulièrement soyeuse. Un léger mais solide swing nous amène facilement à entrer dans ce disque ornementé ailleurs avec une superbe délicatesse.

Un terrain de jeu à la hauteur du large éventail du très grand interprète qu’était Claude NOUGARO. Il émeut franchement par l’évocation tout en retenue de sa paternité, avec ce chant intemporel qui a fini par donner son nom à ce disque lors de la réédition CD. Une retenue que l’on retrouve à d’autres endroits où il se fait quasiment crooner, en gardant toutefois un fond de vivacité indéniable. Le passage de ce style posé à celui beaucoup plus enlevé est parfois très rapide, ce qui amène un grand contraste. Par exemple "L’église" est un pur régal avec ce dialogue entre ce qui est peut-être sa bonne conscience avec ses inclinaisons plus diaboliques, qui l’emporteront. Les mots de NOUGARO sont d’ores et déjà d’une grande précision, à l’égal de la clarté rythmique dont il fait constamment preuve. En particulier sur "Le jazz et la java", évidente démonstration.
Terminons sur quelques chansons quasiment théâtrales où il nous embarque dans son monde pour nous faire ressentir des émotions tout à fait physiques, de l’angoisse à l’exaltation. "Une petite fille" marque en nous faisant revivre le cinéma intérieur que l’on s’est tous fait à un moment ou à un autre, tandis que "Je suis sous…" n’aura jamais fini de nous amuser avec cette classique mais lamentable scène de dépit amoureux alcoolisé. Cette compilation contient l’essentiel de ce qui a fait le succès de Claude NOUGARO ; en d’autres temps, elle aurait été un formidable premier album.

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   RAMON PEREZ

 
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1. Une Petite Fille [1962]
2. Les Don Juan [1962]
3. Cécile, Ma Fille [1963]
4. L'Église [1963]
5. Ouh ! (allez-y Les Bergères) [1962]
6. Mon Assassin [1964]
7. Je Suis Sous... [1964]
8. Le Cinéma [1962]
9. Le Jazz Et La Java [1962]
10. Chanson Pour Marilyn [1963]
11. Les Mines De Charbon [1963]
12. Ma Fleur [1963]



             



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