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Claude NOUGARO - Bleu Blanc Blues (1985)
Par RAMON PEREZ le 20 Janvier 2025          Consultée 367 fois

La première fois que j’ai vu le titre de cet album, je me suis dit "tiens, NOUGARO a fait un album de blues, why not". Sauf que pas du tout. Mais pas une note de blues, rien, walou ! Le vrai titre du disque, ça aurait dû être "Sa majesté le jazz", tant c’est du pur. Oui, un disque de puristes, pour puristes. Mais de jazz, donc. Conséquemment, il existe deux écoles à propos de Bleu blanc blues. Tout d'abord celle des amateurs du genre, bien contents que le Toulousain soit entièrement revenu à ses racines. Ils voient en ce disque un effort davantage louable que les quelques albums qui l’ont précédé. Et puis celle d’un public moins spécialiste qui se fait un peu chier à la longue si on ne lui sert que du jazz. Pas de suspense, je suis dans la seconde catégorie car je préfère le NOUGARO populaire et musicien du monde à cette forme d’élitisme. Comme a priori pas mal de monde en ce temps, ce disque ayant surtout fait date par son bide mémorable.

Pourtant, il convient de clarifier ce point. Je parle depuis quelques albums d’une période moyenne de NOUGARO (qui arrive ici à son terme), mais c’est une lecture a posteriori. La suite de l’histoire est connue, il est possible de mieux analyser le parcours de l’artiste. Si l’on se replace dans le contexte de l’époque, les choses ne sont pas aussi nettes. Car, en réalité, il n’a pas connu de désaffection du public dans ces années-là. Au début de la décennie, il a tourné avec Arcadio, Galliano et les autres pendant un bon moment, devant un public massivement présent. Certes il ne remplissait pas les stades, mais ce n’était de toute façon pas vraiment les habitudes de ce temps qui inaugurait à peine les premiers zéniths. Par contre il jouait devant des salles remplies, parfois devant plusieurs milliers de personnes. Il vendait aussi pas mal d’albums, simplement pas autant que quelques années auparavant.

En revanche, on l’a dit à la chronique précédente, il a traversé une période de troubles sur le plan personnel qui s’est traduite par une certaine dissolution artistique culminant avec Ami Chemin, un album qui sentait la cuite musicale. On le retrouve deux ans plus tard pour un effort qui sent à l’inverse la consommation certes salvatrice mais peu emballante de l’eau. C’est l’heure de la reprise en main. Celle-ci a débuté peu après le disque précédent et trouve, comme souvent avec lui, ses origines dans son intimité. Il est allé faire un concert à la Réunion dont il est ressorti à moitié cassé. Alors, il a trouvé une kiné et là, boum, ça lui tombe sur la gueule. Il est amoureux comme ça faisait longtemps qu’il ne l’avait pas été. Il lui propose de le suivre en métropole, elle finit par le rejoindre. Ils ont plus de trente ans d’écart, mais c’est bien avec elle qu’il va définitivement s’arrimer. La femme de sa mort, ainsi qu'il l’appelle, qui, au contraire des autres, va progressivement s’impliquer dans sa vie artistique. Mais, en 1985, ce n’est que le début de l’histoire. Il la raconte dans "Réunion", une chanson d’amour grande classe ; pour Hélène, le socle du NOUGARO tardif.

Reprise en main dans le privé puis dans le public. Il tourne la page de son groupe de ritals pour renouer avec son frère de notes Maurice Vander, avec qui il s’était brouillé quelques années auparavant. Il embauche par la même occasion Pierre Michelot à la contrebasse puis Bernard Lubat à la batterie. C’est avec ce trio qu’il reprend la route pour une tournée qui durera finalement près de quatre ans, dont Bleu blanc blues est une émanation directe. Une tournée couronnée de succès, au cours de laquelle une cohésion particulière se crée autour de ce pur jazz qu’ils finissent par créer ensemble. Ils sont dans leur bulle, composant quelques titres dans cet esprit. Aucune envie d’adapter un standard américain, tout juste celle de remettre au goût du jour un titre du premier et obscur album du Toulousain, "Le piano de mauvaise vie". Le disque est logiquement d’une grande densité, avec une ligne directrice parfaitement claire. On dirait une jam entre quatre musiciens. Il est même permis de douter du fait qu’ils aient eu conscience que ce qu’ils faisaient serait écouté un jour par d’autres personnes.

Ils jouent pour eux, il n’est donc pas facile de rentrer au sein de leur cercle. C'est sans doute aucun l’album le moins accessible depuis Sœur Ame, un disque qui avait aussi ce côté puriste. C’est d’autant plus difficile si l’on n’est pas très équipé en jazz ; je reste personnellement quelque peu en-dehors. Cela dit, à force de l’écouter, j’en viendrais presque à revoir mon jugement. Je comprends mieux ce disque qu’au début. Peut-être même que dans quelques temps je serai suffisamment familiarisé pour ajouter une troisième étoile, va savoir. Mais bon, à ce stade j’ai toujours du mal avec cette forme musicale, surtout quand ça s’endort sur trois notes et un léger tripotage de cymbales.

Par contre, j’aime bien les morceaux où l’on entend principalement cet orgue qui swingue incroyablement. Il me semble que c’est Bernard Lubat qui le joue, mais je peux me tromper. Ce pourrait être Vander, mais ça ne ressemble pas tellement à son jeu qu’il est par ailleurs vraiment plaisant de retrouver. Quel pianiste boudu ! De son côté, la contrebasse envoie aussi son lot de groove, c’est vraiment chouette par moments. Enfin, on sent bien que NOUGARO est dans son élément. On le retrouve calé comme aux grandes heures, misant davantage sur sa précision que sur la force de son chant. Il nous parle de musique et d’amour, mais aussi de la vieillesse qui le guette au détour d’une de ses chansons les plus imposantes. Alors oui, cet album est tout à fait défendable. Simplement, je ne m’y retrouve pas suffisamment ; j’insiste, c’est une affaire de goût. Cependant, il faut bien dire qu’à ne vouloir parler qu’entre connaisseurs, on prend le risque de n’intéresser que ces derniers. Bleu blanc blues a logiquement fait un four important, révélant que pour sortir de cette période de moyenne inspiration la solution n’était ni de faire comme d’habitude, à l’instar d’Assez! et de Chansons Nettes, ni de partir dans tous les sens comme Ami Chemin, ni encore de s’en tenir aux fondamentaux comme celui-là. Mais il aura fallu en passer par là pour le découvrir, la suite va clairement l’établir.

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   RAMON PEREZ

 
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- Claude Nougaro (chant)
- Maurice Vander (piano)
- Bernard Lubat (batterie)
- Pierre Michelot (contrebasse)


1. Bleu Blanc Blues
2. Sa Majesté Le Jazz
3. Femme Orchestre
4. Le Piano De Mauvaise Vie
5. Go Man
6. Vieillesse
7. Réunion
8. Prof De Lettres
9. C'est Boa



             



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