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CHANSON JAZZ  |  STUDIO

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1966 Bidonville
1967 Petit Taureau
1971 Soeur Ame
1973 Locomotive D'Or
1974 Recreation
1975 Femmes Et Famines
1977 Plume D'Ange
1978 Tu Verras
1980 Assez !
1981 Chansons Nettes
1983 Ami Chemin

COMPILATIONS

1964 Cécile, Ma Fille

VHS/DVD/BLURAYS

1989 Made In Nougaro
 

- Style : Mouss Et Hakim, Serge Gainsbourg , Bernard Lavilliers , Art Mengo , Michel Legrand

Claude NOUGARO - Assez ! (1980)
Par RAMON PEREZ le 2 Octobre 2024          Consultée 425 fois

Avec ce disque, nous entrons dans la période mal-aimée de Claude NOUGARO. Une suite d’albums qui n’ont pas particulièrement marqué les esprits et que beaucoup considèrent comme parmi ses plus faibles. Il y a probablement une manifestation d’un fait récurrent à cette époque : les artistes qui ont brillé dans les années 60 et 70 n’ont pas souvent su quoi faire avec la décennie suivante, période de changements techniques importants ainsi que d’une évolution de la structure même de l’industrie dans laquelle il a fallu se retrouver. Peu en phase avec l’air du temps, on peut tout de même relativiser la faiblesse supposée de cette période maintenant que celui-ci s’est dégagé. Il n’y a pas non plus de hasard : nous abordons ici la difficile question de la production moyenne, une matière sur laquelle il n’est pas le plus facile d’écrire.

En 1980 le toulousain sort d’un véritable succès critique et populaire. Il a trouvé une recette avec sa précédente production, il mise donc sur une certaine forme de continuité. Cette recette, on peut la résumer en trois principaux ingrédients : une musique plus simple, joyeuse et accessible ; un chanteur mis en avant, parfois jusqu’à la démonstration ; des textes riches, fournis en figures de style. Et cette recette produit ce qui était attendu : de bonnes chansons. Sauf que le monde a vite changé et que ça ne suffit déjà plus. Il manque probablement un ou deux autres ingrédients, notamment une dose d’aventure, pour produire les grandes chansons.

Celle qui a traversé les âges, du moins pour les initiés, s’appelle "Le coq et la pendule". Le coq c’est Maurice Vander, le fidèle pianiste. Il habite dans la Vienne avec sa femme qui est suisse. En langage nougarien ça devient Dans une ferme du Poitou, un coq aimait une pendule… Un texte parfaitement représentatif du meilleur de Claude, plein d’humour ainsi que de rêverie, servi sur une mélodie limpide et une orchestration simple mais tellement classe. Oui, une très bonne chanson. Mais, malgré cet hommage appuyé, Vander ne semble pas particulièrement à son aise sur cet album. Il a certes composé trois morceaux placés au milieu du disque (dont celui dont nous venons de parler), cependant le pianiste parait étrangement effacé. Mis à part sur "sa" chanson où il s’impose davantage (quoi que ses prestations live ultérieures aient pu être au-dessus sur le plan pianistique), on ne reconnait pas son jeu brillant caractéristique.

Son piano est plus simple, il se fond dans un ton musical qui se veut globalement accessible. Pour cet album, Claude et son entourage ont voulu du cuivre ; alors ce sont les trompettes ou autres trombones qui se taillent la part du lion. C’est en effet un vrai big band qui orchestre ces morceaux, ce qui est tout à fait sympathique mais un peu lourd à la longue. Et pas toujours pertinent. Je reste par exemple dubitatif devant le concept d’une chanson de pirates sur ce mode. Au passage celle-ci est un rare exemple d'un texte adapté par NOUGARO (il est de Victor Hugo), alors qu’il a plutôt l’habitude de reprendre des musiques. Or il n’y a que des compos ici, si ce n’est la deuxième piste qui adapte non pas un standard jazz mais un vieux classique de la Chanson ("Les crapauds").

Mais nous disions qu’il y a du big band sur pratiquement tout l’album. Michel LEGRAND, qui fait ici son retour comme compositeur pour la première fois me semble-t-il depuis Sœur Ame, joue le coup à fond avec deux morceaux en fin d’album saturés de vents, épiques dans leur style quoi qu’un peu vains. On peut être davantage impressionné par l’ampleur du morceau-titre qui se veut bien plus grandiose, un cri de ras-le-bol par rapport aux malheurs du monde, mais aussi par rapport à la façon dont l’Homme traite la nature (un début de réflexion sur ce thème que l’on retrouvera assez fréquemment par la suite dans les textes nougariens), le tout magnifiquement supporté par cette dose de cuivres.

Assez ! laisse l’impression globale d’un disque cuivré et chaleureux, mais il s’ouvre pourtant sur une fausse piste par deux chansons assez sombres (Claude y parle de la misère sociale) dominées par l’accordéon de Richard GALLIANO. Ce dernier fait alors partie des musiciens habituels du chanteur, il prend de plus en plus de place dans les orchestrations. Ce n’est qu’à la troisième chanson que les trompettes débarquent pour agrémenter une superbe bossa parfaitement équilibrée, laissant toute la place aux mots du chanteur (cette "chanson qui t’aille" est d’ailleurs une vraie réussite). Il n’y a ensuite que le dernier morceau où les cuivres sont absents. C’est le plus surprenant musicalement parlant, composé pour une fois par Henri SALVADOR, il met en avant le côté blues, avec un accent carrément funk très prononcé. Comme globalement NOUGARO prend peu de risques sur ce disque, cette fin singulière est plutôt bienvenue même si la chanson en elle-même est un peu fade, malgré son texte hédoniste dans la grande tradition du chanteur.

En résumé ce disque s’écoute très facilement mais marque assez peu au regard d’autres productions plus ambitieuses. Le problème c’est qu’à l’époque le public avait bien en tête ce qui avait précédé, il a pu rester sur sa faim. Je pense néanmoins qu’Assez ! peut être un choix judicieux pour entrer en contact avec cette œuvre tant c’est du NOUGARO pur-sucre. Commencer par les choses simples est une bonne initiation, on ne devient pas gastronome du jour au lendemain.

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   RAMON PEREZ

 
  N/A



- Richard Galliano (accordéon, trombone)
- Luigi Trussardi (basse)
- Charles Bellonzi (batterie)
- José Souc (guitare)
- Maurice Vander (piano)
- Gilles Perrin (percussions)
- Bob Garcia & Francis Cournet (flûte, saxophone)
- Tony Russo (trompette)
- Marc Steckar (tuba)


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10. Des Goûts Et Des Couleurs



             



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