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Claude NOUGARO - Chansons Nettes (1981)
Par RAMON PEREZ le 6 Novembre 2024          Consultée 308 fois

As-tu dit cliché ? Bruno de Monès tire le portrait de Claude Nougaro pour ce nouvel album, il capte l’image d’Epinal de ce chanteur / boxeur que l’on retrouve en habit de lumière au milieu d’un étrange ring. Mais un ring de fleurs sans fleurs, loin de sa splendeur. Les meilleures années sont-elles passées ? On sait aujourd’hui que oui. Le toulousain a alors trouvé une formule qui lui convient, il se contente en un sens de la suivre. Sans grande prise de risque, sans ratage majeur. NOUGARO fait du Nougaro parce qu’il le faut bien. Quelques mois seulement après un Assez ! rempli de morceaux big band, sa nouvelle livraison prolonge le cuivre encore un moment, ce qui nous fait rentrer dans ce disque de façon relativement confortable mais peu marquante. S’il faut retenir un titre de ce lancement, ce serait sans doute « Ça fait mal », une chanson d’amour pleine de maturité, joliment construite sur un air de Duke ELLINGTON. On peut aussi noter la première phrase prononcée par le toulousain : "C’est pas le moment de douter de soi".

Il parle du moment de monter sur scène, sujet d’une première chanson qui est un hommage à tous ceux qui travaillent avec lui sur la route, mais on peut entendre derrière cette phrase quelque chose de plus large dans cette période où le doute s’installe progressivement. Il y a déjà un changement majeur à relever : l’éloignement avec le complice de presque toujours Maurice Vander. Ça se sentait venir sur l’album précédent, les deux finissent par se brouiller au prétexte de bisbilles financières masquant des divergences plus profondes sur le plan artistique. Ce retrait laisse davantage de place aux musiciens qui accompagnent le petit taureau dans ces années-là, en particulier Richard Galliano et Bernard Arcadio qui se partagent la direction musicale avec l’envie de moderniser le son nougarien. Malheureusement, les années 80 n’étaient pas la meilleure période pour tenter d’être moderne. Ainsi Arcadio choisit de jouer sur un piano électrique ; disons sans en rajouter qu’un piano à queue a quand même une autre classe. Ce modernisme est poussé jusqu’à une nouvelle version funk de "Je suis sous" qu’il me parait difficile de défendre au-delà du geste.

Un autre musicien important fait son entrée dans la famille du toulousain avec cet album, l’italien Aldo Romano que l’on retrouvera régulièrement par la suite dans la discographie du chanteur. Il tient quelques instruments sur une poignée de titres mais il est surtout l’un des principaux compositeurs de Chansons nettes, auquel il apporte trois des sept nouvelles partitions ("Le chat" étant une adaptation d’un morceau de Lalo SCHIFRIN). Parmi elles, le très très joli "Rimes". Pour une fois NOUGARO se fait simple avec cette chansonnette. Quelques accords de guitare sèche et l’impeccable accordéon de Galliano, qui se limite pourtant à doubler cette mélodie limpide, en soutien de ce texte tout aussi simple mais toutefois largement suffisant. On peut en dire de même de l’interprétation assez contenue du chanteur ; le strict nécessaire qui touche droit au cœur. Sans aucun doute la chanson à retenir (qui a d’ailleurs été retenue) de cet album et plus largement de l’ensemble de cette période nougarienne.

Il y a toutefois quelques autres très beaux moments dans Chansons nettes, à commencer par la chanson suivante, "Vieux Vienne". Là on dirait vraiment du Nougaro des grands jours, avec un superbe piano/voix, un Claude magnifiquement en place, un texte impeccable. L’orchestre est léger, en simple support du chant. C’est aérien et en même temps plein de vigueur. Avec en outre un temps de rêverie quand la musique prend définitivement le pas grâce à cette jolie valse viennoise à laquelle fait écho un accordéon plus typiquement parisien. Voilà une composition qui aurait eu toute sa place sur les disques de la grande époque. Il faut ensuite attendre la fin pour retrouver un morceau de cette trempe : "Vermifuge Lune". Sous ce titre étrange se cache, c’est suffisamment rare pour le souligner, l’une des rares compositions signées par Claude lui-même. Et elle est vraiment chouette, en alternant des ambiances très diverses avec des ruptures majeures, un contraste qu’on n’avait plus entendu depuis quelques années. Un petit retour du Nougaro chanteur du monde qui fusionne des accents latinos ou africains pour trouver sa propre musique, celui que personnellement je préfère entendre.

A ces trois très bons morceaux, on peut ajouter un autre titre intéressant qui est "Visiteur". Pour son texte qui procède d’une réflexion autour de la place de l’homme vis-à-vis de la nature, thème récurrent dans l’écriture du Nougaro tardif. Mais aussi pour le choix musical basé sur la lenteur et la retenue, ce qui tranche avec les habitudes du chanteur. D’autres harmonies, d’autres façons de jouer. Une parenthèse avec laquelle il est plaisant de se familiariser. On peut au passage constater que le disque est tout de même particulièrement bien produit et dirigé, avec un son intéressant lorsqu’il ne vire pas trop dans le ton du moment. Finalement, il y a donc une bonne moitié de l’album qui tient franchement la route.

Inutile de s’attarder longuement sur le reste. Ce n’est pas que ce soit raté ou désagréable (à part peut-être la dernière piste), c’est que ce n’est pas particulièrement intéressant. Ça sent le manque d’inspiration et le déjà-entendu. Ça s’écoute poliment, même souvent plaisamment, mais ça s’oublie aussi vite. L’interprète se donne avec "Nous voici" d’accord, mais le morceau tourne tout de même un peu à vide. "Le chat" est énergique, amusant même ; sympa, pas mal. "L’amour meurt jeune" c’est bien, sans plus. Et c’est ce sans plus qui a tendance à emporter le jugement global pour cet opus. Voilà, c’est un album normal d’un chanteur normal. Celui-ci se rappelle de temps en temps qu’il est largement outillé pour faire bien mieux et c’est ce qui le sauve. Pour ces quelques très bons moments, je pense que je mets Chansons nettes en-haut des albums de cette période moyenne. Il reste malgré tout assez loin du sommet de cette discographie.

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   RAMON PEREZ

 
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- Richard Galliano (accordéon, claviers)
- Bernard Arcadio (piano)
- Francis Cournet (vents)
- Jean-claude Chavanat (guitare)
- Frédéric Sicart (batterie)
- Michel Denis (basse)
- Bob Garcia (cuivres)
- Francis Cournet (cuivres)
- Tony Russo (cuivres)
- Gilles Perrin (percussions)
- Hervé Derrien (violoncelle)


1. Nous Voici
2. Ça Fait Mal
3. L'amour Meurt Jeune
4. Rimes
5. Vieux Vienne
6. C'est Mon Cœur
7. Le Chat
8. Visiteur
9. Vermifuge Lune
10. Je Suis Sous...



             



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