PEARL JAM nous revient pour son douzième album, et avec un effectif qui n’a pas changé depuis 1998 !
Pour se faire, le quintet a privilégié sa facette la plus dynamique et la plus agressive, comme il en fait la démonstration sur "Sacred Of Fear" et "React, Respond", les deux premiers titres de Dark Matter, ou sur "Running".

Pour autant, le disque n’est pas unidimensionnel. Et des titres de la trempe de "Wreckage" ou "Something Special" ont une veine un peu plus Folk Rock. Mais cela reste toujours assez puissant et clairement très Rock.
Il en va de même du superbe, et plus tempéré, "Waiting For Stevie" sur lequel le chant d’Eddie Vedder se fait plus émouvant et intense que sur les titres plus directs.
Mais dans les deux cas, le groupe sait se montrer efficace et convaincant. Difficile en effet de résister à la fougue de "React, Respond", ou au charme de "Waiting For Stevie", deux titres qui évoluent pourtant dans des registres différents. Ce dernier morceau, serait né alors qu'Eddie Vedder et Andrew Watt attendaient la venue de Stevie WONDER qui devait enregistrer une partie d'harmonica pour le titre "Try" sur Earthling l'album solo de Vedder paru en 2022 (un album sur lequel apparaissent également Elton JOHN et Ringo STARR).
Comme habituellement avec PEARL JAM, les guitares sont très présentes et la production assez brute et directe, le groupe semblant marcher à l’énergie.

De manière surprenante, sur plusieurs morceaux, le groupe semble rendre hommage à certains des pairs du groupe.
Ainsi, l’introduction de "Upper Hand" donne le sentiment d’entendre The Edge de U2, alors que "Won’t Tell" se termine par des guitares à la sonorité de CURE, époque Disintegration.
Pour autant, ne vous trompez pas, PEARL JAM fait du PEARL JAM, le groupe restant ici parfaitement en phase avec son style propre. Ce Rock pêchu, légèrement rugueux et aux sonorités un peu américaines. Pas de déception pour les fans et peu d’opportunités de convaincre d’anciens détracteurs.
Mais l’important est de constater qu'avec Dark Matter, PEARL JAM fait du bon PEARL JAM et qu’il nous offre un album de très bon niveau.

A titre personnel, j’émets peut-être une légère réserve au sujet de la production un peu trop massive et puissante, qui a tendance à faire perdre au groupe sa facette la plus intimiste et sensible. Je me demande si un titre de la trempe de "Won’t Tell", pour bon qu’il soit, n’aurait pas pu devenir quelque chose d’encore plus émouvant et de plus fragile avec une production moins 'rentre-dedans'.
Cette puissance apportée par Andrex Watt, si elle a l’avantage de doter le groupe d’un son énorme, a un peu tendance à gommer les aspérités, les failles qui rendent PEARL JAM habituellement si attachant, si humain.
Il n’en reste pas moins que, même s’il ne possède pas forcément de hits évidents, ce douzième disque de la bande d’Eddie Vedder se révèle être un album plus que solide et sérieux. Il y a fort à parier qu’il possède les atouts nécessaires pour occuper une place de choix dans la discographie du groupe.