Après l’énorme retentissement provoqué par D-A-D avec No Fuel Left For The Pilgrims en 1989, les Danois se devaient de prouver qu’ils n’étaient pas le groupe d’un unique album, et que leur succès devait plus à leur talent de compositeur qu’au soutien de leur maison de disque et au matraquage de leurs clips sur MTV. Malheureusement, avec ce Riskin It All, leur quatrième album, le constat est mi-figue, mi-raisin.
En effet, si le résultat musical est largement la hauteur de leur précédent opus, l’absence de soutien de leur maison de disque et la distribution calamiteuse dont pâtit ce disque, coupa l’herbe sous le pied de ces champions du hard Rock binaire. Et c’est bien dommage car, au travers de ces onze titres, le groupe avait démontré qu'en matière de qualité il savait répondre présent.

D-A-D a su, sans révolutionner ses recettes, proposer des titres accrocheurs et a l'efficacité immédiate à l’instar du furieux "Bad Craziness" ou du groovant "Makin' Fun Of Money" qui représentent bien le style du groupe. Ce, en évitant l'écueil de la routine ou du déjà-vu.
Si, à cette période de leur carrière, on ne peut décemment pas parler de mutation au sujet de la musique de D-A-D, force est de reconnaître que le groupe sait à merveille susciter l’intérêt de l’auditeur en distillant des mélodies aux petits ognons, des riffs imparables et de petites innovations rafraichissantes. Ainsi "Down that Dusty Third World Road" incorpore-t-il des sonorités jazz, alors que "D-Law" propose des passages plus exotiques et des ambiances Street Rock. Le groupe ne recule pas devant l'idée de proposer des morceaux aux tempi bien plus lents, à l’instar du mélodieux "Day Of Wrong Moves" et de la très belle ballade "Laugh N’ A Half". Des relents bluesy enrichissent le mélancolique et entêtant "I Won't Cut My Hair", que l’on trouvait déjà sur le second album du groupe dans une version plus calme.

Toutes ces différentes saveurs font de ce Riskin’ It All un plat assez savoureux, varié et bougrement épicé. Très loin des traditionnels plats danois à base de viandes bien lourdes, D-A-D se montre affuté comme jamais et nous sert une multitude d’amuse-gueules plus pétillants et rassasiants les uns que les autres.
Difficile de juger qui, de ce Riskin’ It All, varié et mature et de No Fuel Left For The Pilgrims, plus inattendu et fougueux, est en droit de remporter la palme de l'album le plus marquant de D-A-D. Mais une chose est certaine, les Danois ont accouché avec ces deux disques de deux pièces majeures du Hard Rock.