Recherche avancée       Liste groupes



      
ROCK  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

- Membre : Yes, Graeme Edge & Adrian Gurvitz

The MOODY BLUES - Long Distance Voyager (1981)
Par MARCO STIVELL le 25 Septembre 2024          Consultée 407 fois

Voilà un disque méconnu des MOODY BLUES qui vaut bien un de leurs classiques voire deux, car on peut parler de prouesse depuis l'album précédent, plutôt en demi-teinte (Octave, 1978), et aussi du fait que celui qui nous intéresse ici est sorti en 1981, époque généralement réputée plus vraiment propice aux groupes comme eux. Cependant, les MOODY BLUES semblent garder un rang à part, puisque Long Distance Voyager, à sa sortie, qui monte à la 7ème place des classements britanniques, se trouve être triple disque de platine au Canada et, surtout, devient (après Seventh Sojourn, 1972), leur deuxième album à atteindre la 1ère place aux U.S.A. Dire que nous, en France, nous les avons lâchés depuis longtemps !

Titre superbe, pochette avenante (bien que loin des années Phil Travers qui avait réalisé celles de tous les disques classiques à part Days of Future Passed), Long Distance Voyager est enregistré en deux mois 'à la maison', aux studios Threshold à Londres, selon l'ancienne formule et pour mieux faire oublier la parenthèse west-coast d'Octave. La production revient à Pip Williams, remarqué notamment auprès de STATUS QUO (album Rockin' All Over the World, 1977), de même que la dimension orchestrale. Surtout, c'est le disque qui introduit officiellement, après son soutien d'envergure en remplacement de Mike Pinder sur la tournée 78, ce cher Patrick Moraz !

Le claviériste suisse natif de Morges (encore une 'tête d'affiche' des environs de Lausanne !) a eu le privilège - à double tranchant cela dit - de remplacer le 'Wizard'/sorcier Rick Wakeman au sein de YES durant la parenthèse Relayer en 1974, l'album reconnu comme de grande qualité par les fans et la tournée affiliée. Toutefois, malgré son apport marquant, il y garde cette étiquette de simple remplaçant à qui l'on ne demandera rien de plus, à partir du moment où le Wizard reprend sa place ensuite. La deuxième moitié des années 70 est consacrée à des albums solo de qualité (The Story of I, 1976 et Out in the Sun, 1977) et un rapprochement culturel avec le Brésil. Toutefois, lors d'un passage aux U.S.A. en 1978 alors que les MOODY BLUES s'y trouvent, en galère pour leur tournée, ceux-ci l'auditionnent et l'engagent. À partir de 1981, il est avec eux encore pour dix ans !

Long Distance Voyager donne l'impression d'un groupe à nouveau plus soudé que jamais, même si Moraz n'est pas intégré au processus de création, ne signe aucun morceau (difficile de faire suite à Pinder, dirait-on). Il y a une trame conceptuelle, mais assez diluée, même si le titre évoque, dans le cosmos, le survol très récent de la planète Saturne par la sonde Voyager. Le côté 'long distance' évoqué se trouve être le temps aussi bien que le quotidien, les sentiments, en bref tout ce que peut éprouver un être humain dans son existence, un peuple sur une ou plusieurs époques. Rassurez-vous toutefois, même si les compositions gardent un fond terrien dans l'idée, elles donnent aussi à l'auditeur largement de quoi s'évader.

Une seule petite exception, "Gemini Dream". Co-écrite par John Lodge et Justin Hayward, cette chanson sous forme de cyber-rock aux synthés rythmiques en avant, avec toujours de bons riffs de guitare-basse cela dit, s'inscrit totalement dans les années 80 en vogue. Si l'on note un effet BEACH BOYS sur le pont (réminiscence d'Octave), si le titre s'écoute non sans sympathie – du moins, tant que l'on ne fait pas d'allergie -, les ajouts à sauce disco de Moraz sur le final confirment l'idée d'un exercice un brin forcé. Le seul titre nouveau pour lequel on peut trouver à redire, gagnant toutefois puisqu'en single il obtient la 12ème place du Billboard 100, grâce à des Américains décidément bien enthousiastes, plus que les Anglais.

Dommage qu'à côté de cela en revanche, tous aient raté "22,000 Dreams", seule offrande du batteur Graeme Edge pour ce neuvième album. Une batterie mastoc en pattern/leitmotiv musical survolée par l'orgue baroque, les synthés cosmiques et un riff acéré, avec bien sûr l'union des trois chanteurs que sont Thomas, Lodge et Hayward, quelques effets robotiques et un solo d'harmonica relié à la talk-box. Tout cela est fantastique, prend une dimension épique qui nous transporte vers les cimes voire les étoiles avec des rencontres du troisième type ! Quand on pense que, en matière de rock tribal, on nous a rabâché les oreilles avec "We Will Rock You" de QUEEN, et que le trop méconnu "22,000 Dreams" voit le jour un mois avant l'encore plus incroyable "Veteran of the Psychic Wars" de BLUE ÖYSTER CULT (album Fire of Unknown Origin, 1981), cela laisse rêveur.

"The Voice", 15ème place dans les charts US, fait partie des nouvelles compositions porteuses de Hayward ici, beaucoup plus que celles du disque précédent. L'introduction emphatique par Moraz, caressée par Thomas au piccolo, précède un classic-rock autrement épique avec sons de cordes, la belle voix du chanteur et des effets synthétiques façon pluie d'étoiles, voyage dans l'espace. Plus loin, Hayward soumet "Meanwhile" à la guitare folk d'abord, puis au piano électrique en un joli shuffle, avec quelques trouvailles par Edge et Lodge, le tout pour une grande efficacité, une pop jazzy de classe supérieure, digne de son géniteur. Et que dire de sa "In My World", ballade country-cosmique dépassant les sept minutes et qui n'a rien à envier aux efforts des MOODY BLUES pendant leur ère hippie? Les strates vocales donnent des frissons, la pedal-steel guitare (B. J. Cole du groupe anglais COCHISE) plane aux côtés des synthés modulaires : du grand art !

John Lodge et son "Nervous", slow acoustique arpégé garni de flûte et d'échos, de crescendos superbes jusqu'aux imitations de saxos orchestraux par Moraz à la fin, tout en délicatesse de même que "Talking Out of Turn", portée par la voix douce du bassiste et des cordes oniriques, sont aussi à l'avenant. Et, bien que la décennie nouvelle va se montrer moins clémente pour les solos de flûte traversière, Ray Thomas demeure très présent grâce à une suite finale cyber-foraine absolument géniale. Se mettant dans la peau d'un clown plutôt triste, effets théâtraux garantis au chant, il nous fait passer d'une valse de cirque ("Painted Smile") avec beaucoup d'apports adéquats aux claviers (ce piano bastringue, quelle idée chic !) et de bruitages décalés à un "Veteran Cosmic Rocker" plutôt orienté pop-funk mais bougrement bien balancé et mieux que cela. Ce titre guerrier (des étoiles) au refrain magique, ces claviers courants, cet harmonica dont Thomas se gargarise, ces effets moyen-orientaux jusque dans la chorale, cette batterie fournie et cette section de flûtes piccolo soutenant la traversière, quel final chers amis, si mérité pour ce qui demeure un ensemble de qualité exceptionnelle !

Si les MOODY BLUES ont été à l'origine du courant progressif, à une époque 'proto-prog', ils gardent cette classe première mais ici parfois, ils donnent également l'impression d'avoir devancé le néo-prog futur, tout proche. Et Patrick Moraz, bien que ne pouvant s'empêcher quelques égarements pompiers (très peu, ouf) comme sur "Gemini Dream", sans être un pionnier comme l'ont été Pinder et son Mellotron, œuvre intelligemment à raison de menus détails (en accompagnateur du chant) comme en grand, et son utilisation du piano électrique en fait partie. Néophytes ou connaisseurs, dirigez-vous d'urgence vers ce Long Distance Voyager qui demeure, justement, dans le haut du panier de cette discographie, pas seulement hors de la période la plus faste !

A lire aussi en ROCK par MARCO STIVELL :


John ENTWISTLE
Smash Your Head Against The Wall (1971)
Le plus doué de la bande.




Amanda LEHMANN
Shadow (2010)
La belle livre une bête


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Justin Hayward (chant, guitares)
- John Lodge (chant, basse)
- Ray Thomas (chant, flûtes, harmonica)
- Graeme Edge (batterie, percussions)
- Patrick Moraz (claviers, synthétiseurs, arrangements)
- B. J. Cole (pedal-steel guitare)
- Dave Symonds (dialogues)
- Pip Williams (arrangements des cordes, direction d'orchestre)
- New World Philharmonic Orchestra


1. The Voice
2. Talking Out Of Turn
3. Gemini Dream
4. In My World
5. Meanwhile
6. 22,000 Days
7. Nervous
8. Painted Smile
9. Reflective Smile
10. Veteran Cosmic Rocker



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod