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- Membre : Yes, Graeme Edge & Adrian Gurvitz

The MOODY BLUES - Sur La Mer (1988)
Par MARCO STIVELL le 3 Octobre 2024          Consultée 360 fois

On voudrait que certains albums soient bons, vraiment bons, rien que parce que leur pochette nous plaît. Bien que connotée 80's elle-même d'une certaine façon, celle de l'album Sur la Mer (1988), dernier des MOODY BLUES de la décennie et paru à temps pour l'été, reprend la vision qu'a eue le russe Nicolas De Staël du Fort d'Antibes en 1955 alors que lui et sa famille venaient de s'installer sur la Côte d'Azur, sa dernière oeuvre au crépuscule de sa vie (41 ans à peine). Il y a donc un double prestige entre la peinture abstraite 'sans trop l'être' et une image de Provence qui, comme toujours avec les Anglais, se doit de servir leurs bons intérêts, comme les ROLLING STONES sur la même côte mais plutôt versant oriental de Nice (Exile on Main Street), ou alors sur les hauteurs montagnardes un peu reculées limitrophes avec l'Italie, à Berre, Elton JOHN et surtout PINK FLOYD (The Wall) venus enregistrer.

Quand on voit ce qu'a donné le résultat de The Other Side of Life (1986) et que Tony Visconti reste toujours à la barre, on est en droit de craindre une plus grande portion d'idées médiocres, un pas encore en avant dans les excès de la décennie au détriment du son classique du groupe. Toutefois, Sur la Mer rééquilibre les choses de façon assez inattendue, et dans le bon sens. Les claviers de Patrick Moraz et autres effets pompiers jaillis des séquenceurs (dont Justin Hayward et John Lodge offrent leur part désormais, un peu comme dix ans plus tôt l'album Octave) donnent l'impression d'être plus massifs que jamais, alors qu'à côté de cela, Visconti remet en avant (merci !) les guitares de Hayward, acoustiques comme électriques, qui contribuent grandement à aérer l'ensemble. Graeme Edge en pâtit toujours pas mal néanmoins, et Ray Thomas, alors manifestement dans une mauvaise passe personnelle, est pour la première fois aux abonnés absents.

En tout cas, le succès du groupe reste à peu près le même, bien que ce soit pour la dernière fois. Justin Hayward a particulièrement apprécié le rang de star quarantenaire, tout 'friendly' qu'il était alors avec MTV et ses chansons qui y passaient pas mal, comme "Wildest Dreams" deux ans plus tôt et celle qui en constitue ici une sorte de suite, "I Know You're Out Somewhere". Ces six minutes de pur plaisir soft-rock/synth-pop ont touché beaucoup de monde avec le thème très nostalgique du premier amour rencontré et de se demander ce qu'elle est devenue, avec le temps. Le chant de Hayward y est doublé, 'surproduit' (comme ailleurs dans le disque), mais entre la batterie de Edge, les guitares tranchantes ou les petits solos, les synthés conducteurs et même la basse programmée, difficile de trouver à redire à ce titre élégant. C'est le dernier tube des MOODY BLUES, 30ème place aux U.S.A. et super bien placé au Canada, de quoi conclure une décennie des plus fastes.

Il y a, de plus, sur ce titre d'ouverture, une tonalité marine liée à la pochette que l'on retrouve ensuite sur "Want to Be With You", première composition de l'ensemble partagée par John Lodge et Justin Hayward, sachant que pour la première fois encore (du moins à l'échelle du groupe), ils signent tout en duo ou non. Un second titre rêveur et séducteur autant que massif (un peu trop) dans son refrain mais ne manquant pas de bonnes idées, comme les basse-guitares miaulantes, les synthés de Moraz cristallins (harpe comprise).
De toute évidence, par rapport à l'album précédent, les titres écrits en commun sont de qualité meilleure, à l'exception de "Miracle", orienté funk/cuivres programmés, juste passable.

En revanche, il ne faut surtout point manquer "River of Endless Love", à la fois rock FM et bluette pop, morceau épique bien pensé derrière son habit d'époque, aux harmonies permanentes, aux bruitages et au solo de sax alto joué par monsieur Mel Collins (KING CRIMSON, DIRE STRAITS, CLANNAD). Et que dire de "Breaking Point", cette complainte brumeuse dont le final n'est pas sans évoquer, puisqu'on parlait de la France, l'extraordinaire "Ethnicolor I" de Jean-Michel JARRE, sa fin surtout, moins rythmée - mais avec du chant -, les mêmes accords, effets tribaux, claviers qui survolent ?

Par rapport à son comparse, John Lodge n'a que deux compos solo, et notamment toujours ses aspirations cyber-rock, cette fois non pas à la troisième mais en cinquième position, avec "Here Comes the Weekend" aux paroles là aussi de type quarantaine teintée d'adolescence. Assez fun et efficace, quoiqu'on sente un essoufflement dans l'exercice, quoique Moraz tente de gommer la chose et de façon excessive, avec ses saxos exubérants, mis à part le solo de ténor par Mel Collins. Préférons lui la ballade très mignonne "Love is on the Run", claire et optimiste, un rien Motown dans son rythme et parcourue de boucles évanescentes, d'adorables soli de guitare par Hayward, y compris sur la coda instrumentale, petite marque régulière chez les MOODY BLUES.

Hayward justement, toujours aussi peu à court d'idées, propose encore l'étrange "Deep" en fin d'album, une chanson inhabituelle pour le coup mais qui prouve que la recherche de sons n'a pas complètement disparu de l'univers du groupe en vingt ans. La batterie de Edge y est fort à-propos, la guitare héroïque même si la keytar de Patrick Moraz la supplante en soliste, il y a cette espèce de halètement sexuel lent et permanent.

Plus simples et évidents demeurent "No More Lies", du genre rose bonbon mais bien ficelé, avec son petit groove, Moraz pour de belles nappes (orgue inclus), de jolis choeurs à la fin et encore une coda instrumentale, hit secondaire dans les classements adultes, ainsi que "Vintage Wine", à l'ambiance californienne (ou côte d'Azur ?), fraîche et tout à l'honneur du Hayward-beau gosse star. Un des guitaristes-chanteurs les plus classe au monde, que la belle et talentueuse Sally OLDFIELD convie d'ailleurs en cette même année 88 pour un duo – hélas moyen - sur son album Instincts. Et comme on avait eu deux ans plus tôt la superbe "The Other Side of Life" avec ses quelques sonorités celtiques dans la mélodie, sur "Vintage Wine", tube potentiel avec des 'aouuuw' de fin en quantité limitée heureusement (plus que Jim KERR des SIMPLE MINDS avec ses 'lalalala'), la flûte aiguë jouée par Moraz renforce ce beau sentiment.

3,5 arrondi à 4, plutôt bien mérité, même s'il s'agit d'un avis complètement minoritaire !

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   MARCO STIVELL

 
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- Justin Hayward (chant, guitares, claviers, séquences batterie)
- John Lodge (chant, basse, claviers, séquences batterie)
- Graeme Edge (batterie, percussions)
- Patrick Moraz (claviers, synthétiseurs, arrangements)
- Mel Collins (saxophones alto et ténor)


1. I Know You're Out There Somewhere
2. Want To Be With You
3. River Of Endless Love
4. No More Lies
5. Here Comes The Weekend
6. Vintage Wine
7. Breaking Point
8. Miracle
9. Lovc Is On The Run
10. Deep



             



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