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- Membre : Yes, Graeme Edge & Adrian Gurvitz

The MOODY BLUES - December (2003)
Par MARCO STIVELL le 18 Novembre 2024          Consultée 244 fois

December, décembre, fin de l'année et... de la carrière des MOODY BLUES. Déjà, Ray Thomas n'est de nouveau plus là, mais on va en reparler. Justin Hayward, John Lodge et Graeme Edge partent enregistrer en Italie, dans le studio Mulinetti, à Gênes en Italie, où ils sont bien aidés par Danilo Madonia, claviériste-arrangeur sur Strange Times (1999), dernier album en date mais avant-dernier réel. Le dernier chapitre de leur histoire commune est donc un disque de Noël, et l'on remarque que même si Madonia n'est pas considéré comme membre officiel, les MOODY BLUES jouent ici en quintette, avec l'inclusion de la flûtiste Norda Mullen. Née dans le sud des Etats-Unis en 1960, celle-ci a accompagné Justin Hayward en tournée déjà, et elle continuera sur les tournées futures du groupe, au point de finir par s'installer à Londres où elle vit le reste du temps en enseignant son instrument fétiche. Son idole Randy NEWMAN l'engage pour un album de 2008, Harps and Angels, et on peut entendre Mullen jouer sur diverses BOs de films connus, Jurassic Park 2 et 3 ainsi que des Disney/Pixar (Toy Story 1 et 2, Monstres & Compagnie, Cars).

Le lien est tout trouvé, car c'est un bon reflux d'enfance qui gagne nos nouveaux sexagénaires ou pas loin de l'être en cette année 2003. Néanmoins, December, concept à part entière tel que le groupe en a proposé par le passé mais sur un thème plus 'commun', par ailleurs leur premier disque ponctué de reprises depuis The Magnificent Moodies en 1965, n'est pas non plus un choix angélique, fait en naïve pureté. Comme le dira John Lodge plus tard, l'esprit de Noël leur est certes très cher en bons Anglais qu'ils sont, mais il y a aussi une volonté de conscience par rapport aux événements du quotidien, du monde et son actualité en général. C'est pour cela qu'après avoir assisté à un reportage télé sur la guerre en Irak - qui bat son plein à l'époque -, quelque peu sonné, il compose "The Spirit of Christmas" sur sa guitare, pour justement demander où ils sont dans tant de troubles, ce génie des enfants, ce bon Père Noël et les autres. Voilà pourquoi il serait dommage de mépriser l'album, juste par réflexe d'imaginer risible que Justin Hayward se réapproprie le célébrissime "White Christmas" (Irving BERLIN, que Bing CROSBY a propulsé single le plus vendu de tous les temps). Et ce, surtout quand on sait que parmi les autres reprises, il y a "Happy Xmas (War is Over)", voulu comme hymne à la paix par John LENNON et Yoko ONO en 1971.

Après, il ne faut pas non plus mentir, cette musique-là est sucrée par essence, et elle le reste ici, qui plus est avec un emballage très italien dans les claviers et arrangements de Danilo Madonia. Cordes et sons cristallins sont présents dès le départ, avec "Don't Need a Reindeer" de Hayward, où la batterie de Edge est fondue dans une rythmique groovy pour les couplets doucereux, mais où le refrain tranche joliment par un son plus rock, à l'avenant. Pour un peu, on se croirait revenus aux structures des œuvres fin 60's-début 70's classiques, et c'est ce qui aide parfois à apprécier l'album, tout comme de se dire que malgré des textures kitchounettes, les MOODY BLUES ne franchissent jamais ici la barre du trop, ils n'atteignent point l'excès de sucre. Ce n'est pas un grand album, mais c'est miraculeux. Et si le point 'thématique' tel que détaillé plus haut ne vous a pas convaincus, essayez de vous dire que ce n'est pas non plus l'album de Noël en (sur)plus.

Les deux autres compositions de Hayward sont "Yes I Believe" et "December Snow". Sur cette dernière, ballade r'n'b, la voix de l'intéressé sonne un peu plus crooneuse, mais à côté de cela, on ne peut que trouver l'intro choupinette aux guitares claires, tout comme le piano tranquille tandis que le synthé baveux usé par Madonia reste tout à fait digeste. L'autre chanson, "Yes I Believe", est une autre du même genre, réussie à son tour cependant, avec un emballage plus électronique mais aussi plus de guitares électriques harmonisées, un toucher 'violonesque' d'ailleurs pas si lointain de ce que propose Steve HACKETT (ex-GENESIS). Aucun souci à se faire de ce côté, une nouvelle fois, le beau gosse du groupe ne vole pas sa réputation de guitariste autant que de chanteur parmi les plus aimables de sa génération.

John Lodge se démarque avec un chant grave et quasi rauque sur ses propres "On This Christmas Day" et "The Spirit of Christmas", deux douceurs folk, voire pop-folk et même gospel pour le pont de la seconde, où la batterie de Graeme Edge fait preuve de bonne finesse tandis que le hautbois-synthé (entre autres arrangements orchestraux) de Danilo Madonia se superpose à la flûte de Norda Mullen. Et avec "In the Quiet of Christmas Morning", les deux compagnons/derniers compositeurs du groupe signent pour la dernière fois une chanson ensemble, pour la carrière des MOODY BLUES du moins. Outre le joli falsetto vocal et les cloches tubulaires, on apprécie au point de pardonner une telle envie de s'acoquiner avec Jean-Sébastien BACH, son "Ode à la Joie" étant directement citée en introduction, grâce à de belles flûte de Norda Mullen et nappes-claviers.

Passons vite sur les reprises. "A Winter's Tale", tube de David ESSEX en 1983, est interprété honorablement, renforcé de belles échappées folk. "In the Bleak Midwinter", traditionnel favori parmi les Christmas carols, vaut tout autant le détour grâce à de beaux sons, une guitare lead toujours aussi héroïque... De même, Hayward fait pleuvoir les arpèges western avec autant de classe et bonheur sur "When a Child is Born" (Michael HOLM), mélodie touchante, au milieu de la flûte royale, des cordes et autres sons enchanteurs. Pour "Happy Xmas (War is Over)", il n'y a pas à dire, les MOODY BLUES sont fort agréables aux côtés de, par exemple, Céline DION, d'autant plus avec Danilo Madonia présent au piano normal et au Wurlitzer en même temps. Enfin, sur "White Christmas", la plus surprenante au final, ce cher Italien propose de l'orgue Hammond et du marimba électronique, tandis que Norda Mullen figure sur l'intro majestueuse. Tout cela en complément au reste du groupe qui, de slow, s'emploie à des ruptures shuffle-rock au tempo dédoublé, assez fort de café ! Ultime bravoure d'un point de vue créatif, on l'apprécie, comme d'ailleurs le reste de l'album, rempli de bons moments. Pour l'originalité, on préfèrera le précédent, et ici peut-être les harmonies vocales légendaires du groupe se font-elles trop rares mais, pour cause, ils ne sont plus que deux...

Fin de la carrière des MOODY BLUES donc, en studio du moins. Malgré ses qualités, une place toujours étrange que celle de December au succès anecdotique, surtout quand on sait que Strange Times (1999) demeure vraiment l'ultime œuvre réunissant les quatre membres de longue date. Parmi ceux-ci, deux des fondateurs, à savoir Graeme Edge et Ray Thomas. Ce dernier, après une seconde moitié d'années 80 chaotique, était revenu en bonne forme pour la décennie suivante, mais quitte finalement le vaisseau avant la décision de réunion en 2002-2003. À l'époque, il connaît de graves problèmes de santé, plutôt neuro-psychiques, et en dehors de quelques années de tranquillité, notamment entre 2009 et 2014 pendant lesquelles il goûte au bonheur du re-mariage, la fin de sa vie n'est guère plus enviable. Thomas décède d'un cancer de la prostate au tout début 2018, à 76 ans. Son camarade musicien fondateur, Graeme Edge, s'était provisoirement détaché aussi à un moment, en 1991. Du reste, c'est lui qui a officié dans le groupe le plus constamment en termes de longévité. Victime d'un cancer de métastases, il décède à son tour en 2021.

Avec Mike Pinder en 2024 (atteint de démence depuis un certain temps), parti certes depuis 1978 mais dont le souvenir reste vif et devenu entretemps consultant pour la firme informatique Atari, tous les membres fondateurs des MOODY BLUES, leurs trois 'barbus-moustachus', reposent donc en paix. Pendant quinze ans, jusqu'au départ de Edge en 2018, le groupe n'avait plus enregistré mais continué de tourner et la même année, il a été introduit au Rock And Roll Hall Of Fame (Thomas à titre posthume, du coup). Depuis, il n'a plus de raison d'être. Aujourd'hui, les deux restants, les 'glabres' tout aussi éternels que la pilosité de leurs feus-compères, tournent chacun de leur côté, régulièrement. John Lodge, 81 ans, collabore parfois avec Jon Davison (chanteur de YES). Justin Hayward, quant à lui, vient de fêter ses 78 ans sur scène. Des âges respectables et sans rien pour empêcher de leur souhaiter de belles années à 'rouler' ainsi !

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   MARCO STIVELL

 
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- Justin Hayward (chant, guitares)
- John Lodge (chant, basse)
- Graeme Edge (batterie, percussions)
- Danilo Madonia (claviers, séquenceurs, orchestrations)
- Norda Mullen (flûte)


1. Don't Need A Reindeer
2. December Snow
3. The Quiet Of Christmas Morning (bach 147)
4. On This Christmas Day
5. Happy Xmas (war Is Over)
6. A Winter's Tale
7. The Spirit Of Christmas
8. Yes I Believe
9. When A Child Is Born
10. White Christmas
11. In The Bleak Midwinter



             



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