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- Membre : Yes, Graeme Edge & Adrian Gurvitz

The MOODY BLUES - To Our Children's Children's Children (1969)
Par MARCO STIVELL le 16 Juillet 2024          Consultée 526 fois

To Our Children's Children's Children, cinquième album des MOODY BLUES, ne suit que de quelques mois la parution de On the Threshold of a Dream ; un album en janvier, un autre en novembre (et sur leur propre label enfin, tout nouveau, Threshold), voilà qui est classieux pour le groupe anglais le plus propice à faire planer en cet an de grâce 1969 si bien tourné vers l'espace.

Enregistré pendant l'été, ce disque au franc succès (n°2 en Grande-Bretagne, marchant incroyablement bien aux U.S.A.) aurait certainement eu un plus grand retentissement encore s'il ne s'était pas fait doubler de quelques semaines par le Space Oddity d'un certain David BOWIE qui a de toute façon trop bien marqué les esprits en accompagnant sur la BBC les images de l'alunissage. La conquête de l'espace a pris fin en juillet, le monde occidental a les yeux tournés vers le ciel plein d'étoiles, et les MOODY BLUES ne doivent rien au génie caméléon du rock lorsqu'il s'agit d'illustrer cette époque par des notes.

En plus du voyage spatial et de la volonté d'incarner en musique les sentiments des astronautes-explorateurs, To Our Children's Children's Children est aussi centré sur l'idée du voyage dans le temps. L'astronef est l'album lui-même, une oeuvre qui se voit enterrée à la fin des années 60 et que l'on déterre 200 ans plus tard. Le concept hybride et fouillé d'un groupe spécialiste qui entre désormais dans une forme de routine, mais comme il est d'usage de le dire : c'est de la bonne.

Le groupe peut donner l'impression de moins expérimenter qu'un an plus tôt, d'autant plus qu'il est moins 'libre' avec l'impulsion de leur producteur Tony Clarke pour prendre coûte que coûte cette direction d'odyssée de l'espace, et pourtant, en matière de création, c'est toujours un sommet. Il y a toujours, pour commencer, l'effet cyber-théâtre de Graeme Edge, mais son "Higher and Higher" s'avère être un des sommets de sa carrière, une de ses compositions sous forme de musique spectrale parmi les plus inspirées. Le début, plutôt doux, devient par la suite un véritable magma où la rythmique et les résonances de Pinder se fondent en crescendo dans le choeur liturgique du groupe, les guitares de Hayward. Quel groupe, bon sang, si sous-estimé !

"Floating" de Ray Thomas est une sorte de mélange dreamy-exotique improbable mais vrai et d'une finesse telle qu'on redemande à loisir cette basse voluptueuse, ce célesta venu ponctuer une ambiance déjà onirique à souhait. Thomas s'illustre aussi avec sa flûte la plus grave d'une douceur enivrante sur les "Eyes of a Child" de John Lodge, celui-ci ouvrant l'ensemble à la harpe, déroulée comme dans un rêve. Tout n'est ensuite qu'une affaire de ballade grandissante, folk-pop psychédélique qui plane autant que ce qu'il accueille de guitares acérées. Le groupe, voulant faire ressortir le côté 'children' du titre, use à nouveau de choeurs falsettos aigus approximatifs !

Avec "Beyond", Edge et Pinder semblent vouloir nous offrir leur propre version des Planètes de Gustav HOLST : un instrumental solide qui promène, Mars, Jupiter etc. On remarque les passages rock endiablés entrecoupés de nappes couplant Mellotron et orgue voire synthétiseur, changement de canal sonore entre gauche et droite. Bref, les MOODY BLUES continuent leur rôle de pionniers et avec brio, bien aidés par une production monstrueuse. L'hymne pop hippie "Out and In", chanté par Mike Pinder, s'élève en harmonies follement belles pour conclure une face A, et Justin Hayward montre qu'en plus de ne pas être un manchot, avec ses guitares électriques, il trouve toujours les notes qu'il faut.

Si d'ailleurs son "Gypsy" offre un beau moment pop-rock élancé, distinguant bien la batterie et tout ce qui peut être asséné par rapport aux longues notes tenues de Mellotron et autres, on reste fasciné par la capacité d'Hayward à nous charmer avec un simple picking acoustique-voix sur des titres aussi courts que les deux "I Never Thought I'd Live to Be..." Sur le superbe "Eternity Road" de Ray Thomas, il brille autant avec son double solo de guitares jumelles en son 'clean' que le flûtiste si inspiré durant cette jam collective finale. Et puis il y a le sitar et les percussions de "Sun Is Still Shining", les violoncelles de John Lodge. Toujours artisanal, toujours autosuffisant.

Et pour ce qui est de "Watching and Waiting", c'est peut-être là qu'on regrette le plus le raz-de-marée Space Oddity de BOWIE, sans rien enlever à ses qualités, quand on voit qu'une telle perle (avec deux des mêmes accords planants caractéristiques) n'a pu marcher en single, que de surcroît les MOODIES ont été quelque peu accusés de vouloir rejouer la carte "Nights in White Satin" ! Avec ce balancement ternaire si joli, ce refrain et cette progression gracieuse, ce final si simple et magique en somme, il y avait beaucoup mieux à espérer, enfin. Les albums plaisent dans leur entièreté, c'est toujours ça de gagné et mérité.

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   MARCO STIVELL

 
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- Justin Hayward (chant, guitares, sitar)
- John Lodge (chant, basse, harpe, violoncelle, guitare acousti)
- Ray Thomas (chant, flûtes, hautbois, tambourin)
- Graeme Edge (batterie, percussions)
- Mike Pinder (chant, mellotron, piano, orgue hammond, synthéti)


1. Higher And Higher
2. Eyes Of A Child I
3. Floating
4. Eyes Of A Child Ii
5. I Never Thought I'd Live To Be A Hundred
6. Beyond
7. Out And In
8. Gypsy (of A Strange And Distant Time)
9. Eternity Road
10. Candle Of Life
11. Sun Is Still Shining
12. I Never Thought I'd Live To Be A Million
13. Watching And Waiting



             



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