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- Membre : Yes, Graeme Edge & Adrian Gurvitz

The MOODY BLUES - The Magnificent Moodies (1965)
Par LONG JOHN SILVER le 4 Mars 2015          Consultée 4102 fois

Avant de devenir un précurseur puis un gardien du mouvement progressif anglais, les MOODY BLUES jouaient de la pop, sous influence 'black' souvent assez éloignée de ses côtés les plus rock, et comptaient dans leurs rangs un certain Denny Laine qui détient ici un rôle capital dans la réalisation de ce méconnu premier album de la formation. Il en est le principal chanteur et s’en tire le plus souvent remarquablement. Ses interprétations sont habitées, sa voix nous saisit. En 1964, il a rejoint un groupe parti faire ses classes à Hambourg (chose banale dans une bio de jeunes musiciens anglais à l’époque) et qui en revient fauché. On se décide pour un patronyme définitif en associant deux références (un nom de brasserie et celui d'un morceau de Duke ELLINGTON) qui ont l’avantage de posséder, une fois réunies, une connotation mélancolique. Si on en croit les dires : "Etre mélancolique : c’est être sentimental et alcoolique à la fois". Ne sont-ce point là méchantes langues ? Néanmoins, on trouve sur ce disque de quoi abreuver en whisky-cola la bande son des surprises parties qui rythment les samedis soirs du Swinging London. Et de quoi évacuer son vague à l’âme.

Nonobstant de charmantes maladresses, un peps incroyable semble émaner des productions parues pendant ces années-là, l’insouciance de la jeunesse commence à interroger le pouvoir un peu partout. Les pop-stars sont des personnalités en vue, on ne va pas tarder à décorer les 'garçons dans le vent' pour services rendus à la balance commerciale ainsi qu’à l’aura de la nation. L'empire Britannique contre-attaque ! The Magnificent Moodies est un disque de pop des mid-sixties doté du bourdonnement emblématique qui pétille dans l'air depuis que les BEATLES font carillonner Big Ben au son des guitares. Or, les fabs ont aussi eu recours aux racines black de la musique. Celles-ci sont ici présentes en nombre : le blues ("I’ll Go Crazy" du parrain, "Bye Bye Bird", l’endiablée finale), la soul ("Something You Got") et évidemment le Rn’B. Avec l’irrésistible "Go Now" (le slow de l’été qui te transforme en Rocco des salons), où apparaissent déjà les éléments baroques qui décoreront la maison Moodies par la suite. Dans un registre voisin, "I Don’t Mind" autre reprise de "Jaaaames" se veut nettement plus moite et on apprécie l’intrusion d’un solo de guitare bluesy du plus bel effet. Il y a aussi la magnifique relecture du jazzy "It Ain’t Necessarily So", belle à faire pleurer sur sa huitième pinte n’importe quel abruti soudé à un bar. La connerie peut aussi cesser d’être une fatalité pendant les trois minutes qui séparent les pubs.* Surtout qu’elle est encore plus belle que dans tes rêves (la chanson, pas la connerie). Si tu cherches à tout prix à retrouver une splendeur équivalente, je te conseille vivement de jeter tes deux oreilles sur "I Love You More Than You’ll Ever Know" de BLOOD SWEAT & TEARS, comme ça tu pleureras deux fois plus. On se retrouve au pub si tu veux.

Mais ce disque n’est pas uniquement pourvu de fort belles reprises : il contient également des partitions originales comme la magnifique "Let Me Go", laquelle, outre le fait qu’elle désigne directement la voie que suivront les Moodies après le départ de Laine, ouvre un voile sur ce qu’on entendra depuis les disques de QUEEN pendant ses visites à l’Opéra et sur les champs de courses. Cependant, si orchestration classique il y a, elle est nettement influencée par la musique du sud de l’Europe, là où la culture mauresque a eu le temps d’infuser par-delà les siècles, la valse pop se parant alors d’atours dramatiques pétris d'influences arabo-andalouses. "Stop" est une autre pépite de pop déjantée pré-psychédélique, plus ludique encore. Sise en avant dernière position, "True Story" se fait plus rock : la mélodie et le chant sont très chouettes et je ne résiste pas au charme du son si typiquement vintage de la guitare solo.

34 minutes, 12 chansons, la durée moyenne par titre est facile à évaluer. Les seuls moments faibles se révélant être la lecture popisante de "I’ve Got A Dream" ainsi que l'entraînant mais peu convainquant "Thank You Baby". Cela dit, je ne suis pas certain de vouloir échanger mon baril de Magnificent Moodies contre le reste de la discographie du groupe, "Nuits de satin blanc" comprises dans le forfait. Surtout, on a "Go Now" et "It Ain’t Necessarily So" sur celui-ci. Deux suites royales pour le prix d'une. On peut croire ce que l’on veut, mais "Go Now" est resté le seul n°1 en Angleterre des Moodies. Comment résister à pareil étalage de charme(s) ?

Un an et des singles plus tard, Laine s’en va. On le retrouvera des années après chez les WINGS dans le rôle de l’éternel et solide second qui n’a aucune chance de devenir premier. Sur scène, il rappellera au public que la version ultime de "Go Now", c’est lui qui l’a faite, même s‘il ne l’a pas écrite. Ce disque est donc le témoignage le plus probant en notre possession du talent du bonhomme, qui peut déjà s'en féliciter. La route des Moodies débute avec cet album, à part dans leur discographie, leur carrière embrassant rapidement une autre voie dans laquelle ils sauront s’affirmer. Les pochettes de disques compteront parmi les plus belles mises en bac… et la musique ?

Mais c'est une toute autre histoire.

* Durée moyenne estimée de l'intervalle entre deux réclames ou du trajet entre deux limonadiers mais seulement en Angleterre dans ce dernier cas.

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Denny Laine (guitare, chant, harmonica)
- Mike Pinder (claviers, chant)
- Clint Warwick (basse, chant)
- Ray Thomas (guitare, chant)
- Graeme Edge (batterie, chant)


1. I'll Go Crazy
2. Something You Got
3. Go Now
4. Can't Nobody Love You
5. I Don't Mind
6. I've Got A Dream
7. Let Me Go
8. Stop
9. Thank You Baby
10. It Ain't Necessarily So
11. True Story
12. Bye Bye Bird



             



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