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- Membre : Yes, Graeme Edge & Adrian Gurvitz

The MOODY BLUES - Octave (1978)
Par MARCO STIVELL le 27 Août 2024          Consultée 400 fois

Oyez, oyez ! Les MOODY BLUES se reforment et comptent bien subsister de nouveau dans une période qui n'est plus 'la leur', alors qu'en Angleterre, le punk et le disco sont installés avec plus ou moins d'aisance, en tout cas suffisamment de résonance. Chacun a eu des expériences autres de son côté, en solo, duo ou même en groupe (Graeme Edge s'est acoquiné avec les frères Gurvitz, notamment Adrian, guitariste remarquable) et devrait s'en trouver grandi. Le temps des retrouvailles joyeuses à célébrer tourne vite court cependant. Au vu du titre d'album choisi, Octave, qui certes d'un point de vue musical concerne l'écart le plus grand entre les notes d'une gamme au cycle défini (autrement dit, d'un do au précédent do ou au suivant, d'un ré à l'autre ré le plus proche...), ç'aurait pu être le huitième grand classique des MOODY BLUES en formation d'origine, en plus d'être le huitième album véritable, mais non !

L'histoire est à peine relancée que les choses changent, et de façon irrémédiable. Phil Travers n'est plus appelé pour les pochettes (il avait fait celles – ses dernières - des deux albums solo de Ray Thomas, ainsi que celui commun de John Lodge et Justin Hayward, tous parus en 1975-76), laissant ainsi s'immiscer une première vraie rupture avec la période classique des MOODY BLUES. Ensuite, au sein du groupe lui-même, il y a de gros soucis avec Mike Pinder (lui aussi ayant eu un album solo entretemps) qui ne sait pas très bien s'il veut vraiment refaire partie du groupe ou non, mais qui prendra bien vite sa décision puisqu'il s'agit de l'ultime album en sa compagnie. Et encore, c'est un bien grand mot puisque Justin Hayward et John Lodge ont dû tenir pas mal de claviers pour 'meubler' sa défection prématurée.

Suite et fin, pour l'enregistrement, les MOODY BLUES ont encore pour partie le concours de Tony Clarke, leur producteur des grandes heures en 1967 et jusqu'en 1972. Octave marque un changement d'autant plus important qu'il est le premier enregistré hors de Londres et du cocon Decca/Threshold y compris en termes de studios, pour trouver forme sur les rivages de Californie, aux puissants Record Plant de Los Angeles. Or, ils s'y trouvent au moment où le studio C est détruit dans un incendie, ce qui reporte leurs plans sur l'Indigo Ranch, à Malibu. Quoiqu'il en soit, ce qui s'apparente à une parenthèse dorée reste donc bien mouvementé et, cause à effet ou non, l'album en subit les conséquences.

Malgré la présence plus ou moins solide et pour la dernière fois du line-up mythque, il convient de prévenir l'auditeur de classic-rock, de folk enrichi, qu'il risque d'être déçu, à moins d'apprécier tout de même le son de ce qui marche le mieux dans les pays anglo-saxons en cette fin d'années 70. Si en effet les MOODY BLUES veulent s'affirmer face aux courants massifs où on les traite comme des dinosaures, ils ne font pas pour autant barrage à un soft-rock tout aussi en vogue sur la West-Coast et bien au-delà.

"Steppin' in a Slide Zone", chanson de John Lodge qui débute Octave mais le précède également d'un mois en tant que sortie single principal (pour ne rentrer que dans les tops 50 US et Canada), reste bien imprégnée des doutes sur la stabilité du groupe à ce moment précis. Et musicalement, outre son côté 'PINK FLOYD par les MOODY BLUES', dans les éléments planants comme rythmés, on note l'apport de synth-brass/cuivres-synthés assez fort, aux côtés de détails nettement plus à l'honneur du groupe : les breaks de Edge, le solo d'Hayward suivi par l'orgue de Pinder.

Bon morceau qui gagne en sobriété au fil des minutes, celles-ci ne font qu'accentuer la dose de synthés, mais tout cela est encore peu de choses à côté des nouvelles compositions de Hayward. Si "Driftwood" surprend, ce n'est point pas son caractère ballade céleste et épique, ni même les interventions toujours fines et soignées du guitariste-chanteur, mais par le saxophone (instrument apparu sur Seventh Sojourn de façon on-ne-peut-plus discrète grâce à Ray Thomas) du musicien de session R. A. Martin, présent tout le long en complément mélodique. Il revient en début de face B pour un rendu plus cuivresque sur "Two Rank Suite", de et chantée par Hayward toujours, et où les MOODY BLUES ont cette fois des airs de BEACH BOYS anglais sur la Côte Ouest. Ce sont de très bonnes chansons cela dit, mais on ressent bien le changement en effet.

Le reste de l'album fait la part belle aux ballades. Ray Thomas délaisse ses inspirations nature-farfadesques pour des "I'm your Man" et "Under Moonshine" plutôt léchés mais ne manquant pas toujours d'audace, avec de fortes sonorités orchestrales plus hollywoodiennes qu'autre chose. Sympathique, tout comme la seule – dernière donc - composition de Mike Pinder, "One Step Into the Light", slow avec du Mellotron crédité mais où l'on entend bien plus de synthés polyphoniques.

Le "Survival" de John Lodge a des couleurs plus rose bonbon que noir étoilé, mais demeure honorable. On peut lui préférer aisément la country douce "Had to Fall in Love" ainsi que le final fleuve "The Day We Meet Again" – tous deux sont de Hayward -, très réussi bien que l'absence de Pinder et sa science aux claviers s'y fassent ressentir. Graeme Edge, finalement, laisse chanter tous ses camarades sur "I'll Be Level With You", titre mi-boogie, mi-latino improbable (ah, cette anatole conclusive avec les vagues ondulantes !), franchement géniale et qui aurait mérité d'autres échos.

Octave est un bon album, avec quelques fulgurances même dans le nouveau style, mais tout de même loin de ce qui a précédé, et encore une fois rendu bancal par tout ce qui s'est passé. Sans rattraper les records d'avant, il apporte un très bon succès au groupe, toujours plus aux U.S.A. qu'ailleurs. Tony Clarke, dont le talent s'est accordé aux nouvelles aspirations du mieux possible, n'aura plus de collaborations aussi fournies avec d'autres artistes/groupes, à l'exception des Irlandais CLANNAD, un peu, durant les années 80.

Idem pour Pinder, musicien de talent à qui le 'classic' rock comme le psychédélique et le progressif doivent beaucoup, qui n'apparaît ensuite que de façon sporadique pour d'autres artistes (parfois juste à l'écriture, notamment la chanteuse Alison MOYET, à la fin des années 80-début 90), y compris ses enfants dont deux forment un duo, avant de décéder cette année en 2024. Pour la tournée Octave, il est remplacé d'urgence, avant une collaboration plus durable, par un grand claviériste venu de Suisse que les fans de YES connaissent bien, même s'il n'y est resté que pour un album.

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   MARCO STIVELL

 
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- Justin Hayward (chant, guitares, claviers)
- John Lodge (chant, basse, claviers)
- Ray Thomas (chant, flûte, harmonica, tambourin)
- Graeme Edge (batterie, percussions, chant)
- Mike Pinder (chant, orgue, synthétiseur, mellotron, pianos)
- R. A. Martin (saxophones, arrangements des cuivres)
- Dr Terry James, Jimmy Haskell (arrangements et direction cord)


1. Steppin' In A Slide Zone
2. Under Moonshine
3. Had To Fall In Love
4. I'll Be Level With You
5. Driftwood
6. Two Rank Suite
7. I'm Your Man
8. Survival
9. One Step Into The Light
10. The Day We Meet Again



             



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