Recherche avancée       Liste groupes



      
ROCK  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

- Membre : Yes, Graeme Edge & Adrian Gurvitz

The MOODY BLUES - Every Good Boy Deserves Favour (1971)
Par MARCO STIVELL le 21 Août 2024          Consultée 711 fois

Avec Every Good Boy Deserves Favour en 1971, les MOODY BLUES vont plus en avant et avec encore plus de maîtrise dans leur envie de chansons plus simples, taillées pour la scène. Le titre est une trouvaille croustillante autour des lettres E, G, B, D et F qui ne sont autres que les versions anglaises des notes mi, sol, si, ré et fa. Autrement dit, chacune des cinq lignes, de la plus basse (donc grave) à la plus haute (aiguë) sur toute portée musicale ayant une clef de sol (dont le dessin traditionnel est fait pour entourer/cibler justement la ligne correspondante). Ce groupe a toujours eu quelque chose de précieux, et il le prouve encore, avec de quoi susciter l'intérêt même des vieilles badernes de conservatoire (comme disait un prof vénéré de son vivant). Du moins, celles qui s'extasient devant un Jean-Sébastien BACH signant ses propres compositions en musique, pour fin de partition dans l'Art de la Fugue entre autres (B pour si bémol, A pour la, C pour do et H pour si bécarre/'normal' en Allemagne style).

Le thème EGBDF est aussi, en soi, une marque de nouveau concept pour notre quintette habitué, puisqu'il est très récurrent dans ce septième album, construisant les mélodies et notamment le jeu de Mike Pinder au piano sur "Procession". Il s'agit sans doute de l'introduction la plus étonnante signée de MOODY BLUES, avec le synthé Moog en grandiloquence contenue et sombre, comme seul perdu dans l'espace au départ, puis les choeurs en scansion propices à faire sursauter l'auditeur ("Desolation! Communication!"). Très étrange, avec ensuite la succession brève de thème guerrier, de nuit avec ses grillons suivis d'un choeur tribal sur percussions, d'un raga avec sitar et flûte traversière, enfin d'une mélodie folk baroque reprise finalement au clavecin. Cette "Procession" a beau être le seul et unique titre du groupe signé des cinq membres, on sent la main mise de Mike Pinder qui en profite d'ailleurs, pour rebondir avec le propos exposé ci-dessus, pour rendre hommage à BACH avec une petite variation 'orguanique' de la mythique Toccata et Fugue en Ré Mineur. Le Mellotron arrive tardivement mais il est bien là, et pas qu'un peu par la suite, ouf !

La pochette de l'album est toujours l'oeuvre de Phil Travers, autre marque de continuité. On voit un vieillard captivant par sa magie le regard d'un petit garçon. C'est pourtant d'une petite fille dont il est question sur "Emily's Song", écrite par John Lodge, la sienne qui vient juste de naître en réalité ! Jolie chanson pop-folk avec de l'allant en choeur groupé niveau chant, où l'on note l'apport de Pinder au célesta tout trouvé avec ses résonances cristallines naturelles (depuis BRAHMS, on n'a pas fait mieux pour les bébés) et un duo – avec Lodge - de violoncelles rudimentaires amusant. Aux côtés d'un "Procession" ambitieux qui se veut l'histoire de la musique racontée en quelques minutes (Big Bang, préhistoire etc), "One More Time to Live", toujours du bassiste, joue la carte délicatesse avec ce début folk planant comme une matinée d'hiver en plein réveil auprès de sa dulcinée, avant que des ponts cavaliers et autres idées ne viennent perturber le tout avec classe.

En la matière, une fois de plus, Justin Hayward se réserve la deuxième plage de l'album avec un rock teinté de blues dévastateur, une mélodie qui tient du tube. Démentiel, aussi intelligent que la composition de Lodge dans un autre style, "The Story in Your Eyes" permet au chanteur-frontman de mentionner la fin d'une relation 'pas qu'amoureuse', puisque cela concerne aussi les MOODY BLUES eux-mêmes et leur amitié pleine de force jusque-là, tandis que des tensions s'accumulent petit à petit. Chanson prophétique, marquée par ses superbes choeurs aériens, le piano bastringue de Pinder sorti de nulle part, et puis cette guitare électrique fuzz qui est vraiment l'identité Hayward de cet album ! On la retrouve partout mais notamment sur la tout aussi brillante "You Can Never Go Home", autre composition du talentueux Justin. Rien qu'avec ce picking-voix brumeux au début, on est transportés ; pareil ensuite avec ce refrain lyrique, ces crescendos sur accords amples, cette finesse jusque dans les cors échantillonnés du final.

Graeme Edge se renouvelle magistralement avec "After You Came", mordant à son tour. Ce rhythm'n'blues savant et distordu prouve à son tour que les MOODY BLUES n'ont rien à envier aux hardos, mélodie épique et cohésion musicale 'malgré tout'. Ray Thomas, en dehors de "Our Guessing Game", entre puissance et élégance, propose "Nice to Be Here", surprenante de légèreté exotique, influencée par les Pierre Lapin, célèbres livres illustrés pour enfants de Beatrix Potter. Une petite beauté hallucinogéniale où l'on croit voir des lutins de la forêt.

Mike Pinder enfin, qui a beaucoup fait aussi pour "The Story in Our Eyes" en superposant des Mellotrons à gogo, livre ici "My Song", contrairement à l'album précédent, ce qui demeure l'une des plus belles chansons de fin d'album. Six minutes trente, un début piano-voix sublime, repris plus tard avec le reste du groupe sans perdre de sa grandeur, avec un développement médian plutôt dévolu aux musiques spectrales, andalouses ensuite, avant un retour au rock sombre et cosmique. Très poignant, d'autant plus que Pinder, voulant donner une impression 'd'observateur du monde', s'est fait entourer la tête d'un carton pour chanter avec l'effet que cela donne, une sorte de Dark Vador avant l'heure, de ses propres dires. Plus constant en qualité que son prédécesseur, malgré l'orage implicite, Every Good Boy Deserves Favour est témoin d'une popularité toujours forte des MOODY BLUES en Grande-Bretagne certes mais surtout aux U.S.A où il est 1ère place.

A lire aussi en ROCK par MARCO STIVELL :


The BEACH BOYS
Live At Knebworth 1980 (2002)
Les plus grands de la pop music




KISS
Ace Frehley (1978)
Space ace, l'homme de l'espace

(+ 2 kros-express)

Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Justin Hayward (chant, guitares, sitar)
- John Lodge (chant, basse, violoncelle)
- Ray Thomas (chant, flûte, hautbois, tambourin, harmonica)
- Graeme Edge (batterie, percussions, chant, programmation ryth)
- Mike Pinder (chant, mellotron, piano, clavecin, célesta, synt)


1. Procession
2. The Story In Your Eyes
3. Our Guessing Game
4. Emily's Song
5. After You Came
6. One More Time To Live
7. Nice To Be Here
8. You Can Never Go Home
9. My Song



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod