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VARIOUS ARTISTS - Paura : A Collection Of Italian Horror Sound (2021)
Par AIGLE BLANC le 31 Décembre 2021          Consultée 923 fois

A la tombée de la nuit, une jeune femme pénètre dans un immeuble résidentiel et, entreprenant l'ascension de sa vaste cage d'escalier en spirale, se met à gravir ses hauts étages. Les lampes disposées à chaque palier n'éclairent que sporadiquement la frêle silhouette absorbée par ailleurs dans les ténèbres. Le temps nécessaire pour rejoindre son appartement instaure un silence de plus en plus pesant qui l'oblige à se retourner à plusieurs reprises, l'impression d'être épiée aidant.
Quand elle parvient à son étage, elle retrouve son intimité ouatée, un autre silence, apaisant celui-ci, nourri par la familiarité des lieux. Après une douche, elle se glisse dans sa nuisette, offerte à l'alcôve de sa chambre. Mais le spectateur a compris qu'elle n'était pas pour autant en sécurité. Il se doute que le tueur n'est pas loin, épiant chaque fait et geste de la jeune femme dans son mignon déshabillé au décolleté aussi suave qu'inconscient du danger.
Mais la présence s'impose à nouveau. La jeune femme adresse à la caméra, donc au tueur, des regards terrifiés tandis qu'il brandit un couteau à la lame tranchante qu'un éclair fait étinceler pour le plaisir coupable du spectateur. Une main gantée de noir obstrue la bouche de la victime qui se voit contrainte de subir sans défenses le tracé de la lame qui, descendant du visage vers le cou, puis vers le premier bouton de la nuisette, arrache l'obstacle à son désir, libérant une paire de seins à l'opulence inespérée. Arrivée au liséré de la culotte, la main gantée joue du poignet pour forcer le barrage de soie, faisant jaillir du pubis la pilosité propre aux seventies.

Inutile de poursuivre plus loin la description de ce meurtre annoncé, et même espéré. Vous avez sans doute reconnu une scène du film de Dario Argento, L'oiseau au plumage de cristal, reproduite de mémoire seulement, ce qui n'exclut pas quelques libertés prises avec la vérité historique.
A l'ère où l'Italie est en proie au terrorisme intestin, les spectateurs se ruent dans les salles obscures pour jouir du spectacle qu'offrent des tueurs sadiques opérant principalement à l'arme blanche et leurs victimes, toujours des femmes présentes au mauvais endroit au mauvais moment, et condamnées à étoffer le palmarès du tueur qui agit toujours sous l'impulsion d'un ancien traumatisme lié à l'enfance, théorie de Freud oblige.
Tous les ingrédients sont réunis pour le succès du thriller italien, -'Il Giallo' pour les intimes-, du nom de cette collection de romans publiée avec une couverture jaune, à peu près l'équivalent de notre collection Série Noire qui contient également un peu de jaune.
Comme le peplum, puis le western spaghetti, le giallo a connu son heure de gloire durant une petite dizaine d'années, jusqu'à ce que le public s'en lasse et que les réalisateurs finissent par ne plus y croire vraiment non plus.
Les artistes ayant oeuvré dans le Giallo ont pour noms Mario Bava, (La fille qui en savait trop), Dario Argento (la trilogie animale L'oiseau au plumage de cristal / Le chat à neuf queues / Quatre mouches de velours gris), Sergio Martino (La queue du scorpion / Toutes les couleurs du vice), Umberto Lenzi (Le tueur à l'orchidée / Spasmo), Lucio Fulci (Le venin de la peur / L'emmurée vivante), Massimo Dallamano (Mais... qu'avez-vous fait à Salange?), Aldo Lado (Je suis vivant! / Qui l'a vue mourir?), Tonino Valerii (Folie meurtrière), certains plus opportunistes que d'autres, mais aucun dénué de talent.
Malgré tout, il a laissé une trace indélébile dans la mémoire 'des cinéphages', ancien nom désignant les geeks de jadis, parmi lesquels le couple de cinéastes français Hélène Cattet et Bruno Forzani dont Amer (meilleur film de 2010 selon Quentin Tarantino -autre amoureux du cinéma de genre italien- et Toutes les larmes de ton corps, qui synthétisent jusqu'au maniérisme forcené les clichés du giallo, ne sont qu'une déclaration énamourée de leur passion pour ce genre à l'esthétisme tout puissant.
C'est ainsi que ces vingt dernières années, des éditeurs comme Neo Publishing, Artus Films et surtout Le Chien Qui Fume se sont attelés à honorer la mémoire du Giallo en dirigeant des collections de DVD retracant les grandes heures de ce mauvais genre relevant du cinéma d'exploitation.

L'industrie musicale n'a pas été en reste non plus, qu'elle ait édité des B.O de gialli, indirectement par le biais des rééditions toujours aussi prisées des B.O d'Ennio MORRICONE, grand pourvoyeur de gialli, ou bien, comme le label italien Cam Sugar, en 2020 et 2021, en rééditant des musiques assez peu connues d'Ennio MORRICONE (Il bandito dagli occhi azzurri, I Malamondo), le Amacord de Nino ROTA, mais aussi des scores de Piero Umiliani et Piero Piccioni, d'autres de Luis Bacalov, tous camarades de promotion d'E. MORRICONE.
Cam Sugar vient d'éditer également Paura, une compilation regroupant des musiques de Gialli de 1970 à 1984. Malheureusement, le choix des titres n'en constitue pas pour autant une anthologie digne de ce nom, ce que la démarche thématique appelait pourtant de vive voix. En effet, le compilateur n'a pas cru bon - problèmes d'autorisation des ayant-droit ? - de faire paraître dans son programme les références du genre proprement dit : ici, nulle trace des musiques des gialli de Dario Argento ou de Lucio Fulci, aucun classique à la clef. A l'inverse, Paura s'évertue à contourner les bornes obligées du genre pour livrer des créations musicales de films plus obscurs. La démarche qui n'a rien de condamnable démontre si besoin est le vivier fertile que représentait pour les musiciens le Giallo, autorisant une large palette d'influences depuis le jazz fusion jusqu'aux scores électroniques des années 80, inspirés de John CARPENTER, en passant par la pop easy listening chère au swinging London, voire parfois les expérimentations de la musique concrète. Les compositeurs oeuvrant dans ces registres n'inventent pas la poudre, mais s'approprient intelligemment les codes des styles en question pour les adapter à leur sensibilité italienne.
Les deux pistes d'Ennio MORRICONE, "Mio Carro Assassino" (1971) et "Ansimando" (1975), mettent en avant le caractère anxiogène voire malsain des voix, le premier titre jouant sur une voix solitaire de fillette des plus sournoises voire diaboliques, procédé qu'il est l'un des premiers à avoir adopté sous l'instigation du George AURIC des Innocents (1961), le chef-d'oeuvre fantastique de Jack Clayton d'après Le tour d'écrou d'Henry James, le second s'appuyant sur un trio ou quatuor vocal non moins inquiétant, l'arrière-plan tapissé quant à lui de cordes tendues à l'extrême.
Le chef d'orchestre du Maestro, Bruno NICOLAI, livre deux compositions, "La Notte Che Evelyn Usci dalla Tomba" (1971) et "La Dama Rossa Uscide Sette Volte" (1972), plus classiques, qui reprennent les ingrédients chers à MORRICONE, à savoir la présence de la Soprano lyrique Edda DELL'ORSO, aussi bien que de la guitare électrique saturée et des claviers aux sonorités proches du clavecin.
Pas moins de quatre compositions de Stelvio CIPRIANI figurent au programme de Paura ("Tribal Shake", "Il Sesso del Diavolo", "Deviation" (1971) et "Devil Dance" (1979), ce qui n'est que justice au regard de son talent méconnu qui use de tous les ingrédients propres au Giallo : l'orgue hammond, un jeu de batterie renvoyant aux sixties britanniques, guitare saturée psychédélique, percussions tribales et privilégiant enfin, à l'approche des années 80, les instruments électroniques.
Il est étonnant que la sélection ne propose qu'un titre ("L'Etrusco Uscide Ancora" -1972) de Riz ORTOLANI qui n'a pas son équivalent pour trousser de jolies mélodies à l'ampleur symphonique dans un esprit voisin du thème principal de La Croisière s'amuse.
Les autres musiciens à l'honneur, sans être aussi connus, ne déméritent pas à côté des maîtres du genre, aussi à l'aise dans les compositions tonales que dans celles, expérimentales, jouant sur les textures sonores.

Paura s'adresse plutôt aux fans de Gialli et de leurs B.O des années 70 qui peuvent apprécier le disque à la faveur de l'effet madeleine qu'il suscite. Pour les autres, néanmoins, il demeure une entrée en matière intéressante et honnête qui ne met à mon sens pas assez l'accent sur les chefs-d'oeuvres.

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1. Mio Caro Assassino (ennio Morricone)
2. La Notte Che Evelyn Usci Dalla Tomba (bruno Nicola
3. La Dama Rossa Uccide Sette Volte (bruno Nicolai)
4. Tribal Shake (stelvio Cipriani)
5. Il Sesso Del Diavolo (stelvio Cipriani)
6. Deviation (stelvio Cipriani)
7. L'etrusco Uccide Ancora (riz Ortolani)
8. Giallo In Tensione (daniele Patucchi)
9. Ansimando (ennio Morricone)
10. Black Dream (manuel De Sica)
11. Cerro Torre (paolo Gatti, Alfonso Zenga)
12. Greta (berto Pisano)
13. Bambole Sensuale (sante Maria Romitelli)
14. Languidamente (adolfo Waitzman)
15. Il Demono In Convento (nico Fidenco)
16. Flavour Of Death (ettore De Carolis)
17. Un Gioco Per Evelyne (marcello Giombini)
18. Absurd (carlo Maria Cordio)
19. Devil Dance (stelvio Cipriani)
20. E Tanta Paura (daniele Patucchi)
21. Orinoco : Prigioniere Del Sesso (marcello Giombini
22. Bargain With The Devil (franco Micalizzi)
23. The Prophecy (stefano Liberati)
24. Walking Through The Shadows (luigi Ceccarelli)
25. Minaccia Sulla Citta (daniele Patucchi)



             



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