2010, très gros remue-ménage dans le tout petit monde des amateurs d'indus, dark wave et autres musiques joyeuses du même acabit. En effet, les SWANS, groupe culte du genre, se ref... Euh, non, ne se reforme pas. Sort un nouvel album. Fait une nouvelle tournée. Ne se reforme pas. C'est le groupe qui le dit. Il faut dire, s'il fallait justifier cette affirmation, que Jarboe et ses claviers ne sont pas revenus. Treize ans plus tard, l'ex-monstre bicéphale nous revient amputé d'une tête.

Première remarque idiote : la pochette est jolie. Très en phase avec le nom de l'album. Bizarre. Pas le problème de phase, la pochette jolie. Les SWANS nous avaient jusqu'ici habitués à des pochettes étranges, glauques, marrantes, vides... jolies ? Jamais.
Deuxième remarque idiote : la qualité du son est très bonne. Beaucoup de profondeur, un mix admirable qui fait que tous les instruments se discernent correctement... Oui, nous sommes en 2010. L'album paraît 14 ans au moins après ceux auxquels on va naturellement tenter de le comparer (n'ayant pour ma part toujours pas trouvé d'échelle d'évaluation absolue de la musique). Rien d'étonnant donc à ce que le son soit meilleur que celui de leurs précédents opus.

Pour cette reform... ce nouvel album, Michael Gira ressort les anciennes recettes et les réapplique scolairement. Scolairement oui, probablement ce que je pourrais dire de plus désagréable à propos des SWANS. Pire, quelque chose a été perdu en chemin, peut-être du côté de chez les ANGELS OF LIGHT (le groupe de Michael Gira pendant toutes ces années d'interruption). Outre le folk distillé de-ci de-là, les montées en puissance aux rythmiques martelées et aux guitares tranchantes laissent perplexes. Car là où celles-ci se proposeraient bien d'écraser l'auditeur au sol, les choeurs aériens et l'esthétique générale tendraient plutôt à le faire décoller vers les confins étoilés, le laissant bêtement statique, éventuellement à se curer le nez, probablement légèrement dérangé par ces tensions contradictoires.

La seule étincelle au milieu du ciel sombre provient de "You Fucking People Make Me Sick" où Michael Gira arrête enfin de crooner sans but et laisse son ami Devendra Banhart poser une voix désabusée en duo avec sa petite fille avant une brusque montée de la tension, soutenue par des cuivres déglingués qui pourraient rappeler la première période du groupe COIL.

Ce morceau mis à part, du réchauffé, et un vide émotionnel béant. Disparus les aspects écrasants, nostalgiques, rêveurs, chaotiques des anciens albums. Toutes les qualités vantées par la vignette qui orne le CD, en somme. Mais qui croit encore la pub, hein ? Finalement, une belle tache, alors que Soundtracks For The Blind concluait la discographie studio du groupe de manière admirable.

Alors oui, une nouvelle tournée, c'est super. Mais cette tournée, je l'ai ratée. Ce qui ajoute probablement à mon aigreur lorsque je conclus : les reformations, c'est nul.