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SWANS - The Glowing Man (2016)
Par SUNTORY TIME le 23 Septembre 2016          Consultée 2512 fois

La voilà donc, cette ultime pièce de la trilogie lancée avec The Seer... L'ultime album avant la deuxième fin annoncée de SWANS. Le moment est important, tant le groupe de Michael Gira aura défoncé les limites du rock expérimental depuis la « réactivation » de 2010. Les murs du son, le minimalisme, les étirements infinis auront marqué le MKII des Cygnes.
My Father Will Guide Me Up A Rope to the Sky faisait office d'une petite remise en route. Je dis petite quand on compare ce disque aux suivant. En 2012 débarque The Seer, monstrueux double album sombre et violent, où Michael Gira et sa bande se montrent aussi audacieux qu'à la grande époque des années 90. Deux ans après, To Be Kind prend la relève en suivant le même schéma que The Seer : double, avec des titres très longs, dont un pilier central de plus de 30 minutes, minimaliste mais tétanisant. The Seer et To Be Kind formaient un diptyque évident. Mais l'album live The Gate, qui présentaient les nouveaux titres de The Glowing Man laissait penser à une totale continuité avec les deux mastodontes déjà parus. Présage confirmé.

The Glowing Man est encore un double album, avec des titres très longs (trois de plus de 20 minutes!) et le plus long fait références aux piliers de 30 minutes des deux albums précédents. Malgré ces point communs, The Glowing Man diffère de ses prédécesseurs dans les styles qu'il aborde. En cela ce disque est très déroutant. Déroutant parce que moins marquant à la première écoute. The Seer et To Be Kind étaient des baffes, The Glowing Man met du temps avant de se dévoiler. Plus lent, plus étiré, plus planant, moins violent et même moins sombre ! Attention, ce double album reste menaçant et oppressant, mais la lumière est au bout de cet immense tunnel. On dirait que la fureur de Michael Gira a été déversé durant les deux précédents disque, et maintenant, le leader incontesté du groupe paraît presque apaisé, en pleine séance de méditation. Les deux premiers titres, « Cloud of Forgetting » et « Cloud of Unknowing » (sorte de pendant lent de « The Apostate ») en sont la preuve. Planants et gothiques, ces très longues pièces nous montre un Gira en pleine performance vocale. Les explosions de guitare sont rares et le rythme reste lent. On vogue entre méditation bouddhiste et ambiance de cathédrale hantée. « The World Looks Red / The World Looks Black », clin d’œil à ses amis de SONIC YOUTH*, reste dans cette même veine, lente, oppressante, mais jamais d'explosion rock aussi virulentes que sur les précédents disques. Ce qui est assez frustrant, malgré la très grande qualité de ces monstrueuses chansons. Mais ce qui fait leur force, ce sont les chœurs féminins, extrêmement présents sur The Glowing Man. Le pont de « Cloud of Unnowing », vers 16 minutes, est particulièrement fascinant, avec ses chants fantomatiques et les cloches qui rappelle le génial « Avatar » de The Seer. Les dernières minutes de « The World Looks Red (...) » sont aussi magistrales, et la preuve qu'une longue chanson de SWANS peut avoir un grand final sans être dévastateur.

Le deuxième disque ressemble davantage aux précédentes œuvres. « Frankie M. » commence avec cette fabuleuse ambiance gothique puis reprend les schémas post-rock habituels au groupe depuis sa réactivation. Puissant, entêtant voire hypnotique, « Frankie M. » est une réussite. Par contre je n'ai pas trouvé à qui le titre fait référence... Peut-être à l'acteur Frankie Muniz de la série Malcolm, qui a frôlé la mort il y a quelques années, ou bien une plasticienne vivant entre Paris et Los Angeles dont Frankie M est le pseudo... Et puis il y a le fameux pilier central, la suite à « The Seer » le morceau et à « Bring the Sun / Toussaint l'Ouverture » . En cela, « The Glowing Man » est assez fidèle à la version du live The Gate. En reprenant des éléments de « Bring The Sun » (comme « Bring the Sun » s'inspirait de « The Seer », « The Glowing Man » conclut la pièce monstrueuse de 90 minutes et quelques que forment ces trois colosses, la colonne vertébrale de chaque album. Même si ici, « The Glowing Man » arrive en avant-dernière position, histoire de nous prouver que la boucle est bouclée. Alternant les climats, les explosions rock, les rugissements de Gira et les riffs féroces, cette folie furieuse de 29 minutes s'achève par un cri salutaire du chanteur. Comme si Gira savait, à ce moment là, qu'il avait finit de bâtir sa monumentale trilogie, alors que les sons stridents, mêles aux chants féminins, rappellent un peu l'introduction de « The Seer »... le cercle vicieux de SWANS est fermé, et c'est grandiose.

Grandiose mais un poil bancal. Trois titres de plus de 10 minutes, dont un de 25, au début d'un album, c'est assez étouffant... Il faudra beaucoup de courage pour arriver à bout du premier disque. Et la chanson « People Like Us », où Gira « croone » comme rarement, paraîtra bien minuscule et à contre courant des titans précédents. D'ailleurs seule trois chansons ont des formats accessibles. Si « People Like Us » est assez calme, dans l'esprit d'un « Little Mouth », « Where Will I Return ? » est intégralement chantée par Jennifer Gira, la femme de Michael. Dans une veine folk épurée, elle raconte la violence, voire le viol d'un père sur son enfant. Glauquissime si on pense aux derniers tourments de Gira lui même durant l'enregistrement de l'album...** Trois chansons de moins de 10 minutes seulement... en cela The Glowing Man est plus extrême de la trilogie, même si le deuxième disque alterne mieux chansons et titres épiques pour un meilleur équilibre.

On sort épuisé de cette écoute, mais pas autant tétanisé qu'avant. Car c'est la lumière qui arrive enfin au bout de ce marathon. « Finalement, la paix », tel est le message de la dernière chanson. Rythmique entraînante et chœurs éthérés, paisibles et presque enjouées, à contre courant de tout ce que nous a offert SWANS depuis 2010. Ça sonne comme un au revoir, et la sensation d'arriver au bout du chemin. The Glowing Man est un album d'au revoir, mais n'indique aucunement la mort des SWANS. Le Cygne de l'apocalypse, si apaisé qu'il semble l'être à la fin de cette trilogie, reviendra sûrement, avec un nouveau visage. Et qu'importe si The Glowing Man n'est pas aussi marquant que ses prédécesseurs, il est la dernière pièce d'un monument du rock des années 2010, qui restera dans l'Histoire, j'en fais le pari.



* Michael Gira est un ami proche de Thurston Moore et Kim Gordon de SONIC YOUTH, dont SWANS est considéré comme le pendant dark. Les paroles de la chanson « The World Looks Red » sur l'album Confusion is Sex (1983) ont été écrites par Gira, d'où la reprise de ce texte sur « The World Looks Red / The World Looks Black ».

** Michael Gira a été accusé de viol sur les réseaux sociaux par une chanteuse et ancienne collaboratrice du label Young God Records. Gira comme son entourage ont toujours nié les faits. La victime présumée et Gira ont débattu pendants plusieurs jours par posts interposés sur facebook. Actuellement, impossible de dire où en est l'affaire, ni même si la chanteuse a porté plainte depuis...

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- Michael Gira (chant, guitares)
- Norman Westberg (guitares, choeurs)
- Christoph Hahn (lap steel guitar, guitares, choeurs)
- Christopher Pravdica (basse, choeurs)
- Thor Harris (percussions, dulcimer, cloches...)
- Phil Puleo (batterie, dulcimer, choeurs...)
- Bill Riefflin (batterie, piano, mellotron, basse, guitares...)
- Jennifer Gira (chant sur 6, choeurs)
- Okkyung Lee (violoncelle sur 2)
- Bach Norwood (double basse)
- Kaela Sinclair (choeurs atmosphériques)
- Katrina Cain (choeurs atmosphériques)
- Buffi Jacobs (violoncelle)
- Daniel Hart (violon)
- The Gerald Jones (mandoline, banjo)
- Stuart Mack (trompette)
- Joakim Toftgaard (trombone)
- Rachel Wood (flute)


1. Cloud Of Forgetting
2. Cloud Of Unknowing
3. The World Looks Red / The World Looks Black
4. People Like Us

1. Frankie M
2. Where Will I Return ?
3. The Glowing Man
4. Finally, Peace



             



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