10 ans, pour MAGNUM, c'est cinq albums studio, et environ un quart de la longue carrière du groupe britannique. Une broutille, alors que le cap de la décennie n'est atteint que par un nombre très minime d'artistes chanceux ou trop talentueux pour passer entre les mailles du cruel filet de la postérité. L'occasion valait bien un petit best-of.

Sauf que, fidèle à son habitude de proposer des produits de qualité, le groupe de Tony Clarkin ne se contente pas de nous offrir une compile de supermarché. MAGNUM vaut mieux que ça, et le guitariste chauve a jugé bon de tirer un bilan des dix dernières années du groupe (soit depuis son retour avec le moyen Breath of Life en 2002) en enregistrant et en mixant de nouveau quelques titres issus de chacun des albums parus durant cette période.

Immédiatement, l'auditeur ne peut qu'être frappé par cette impression de progression qualitative qui régit l'opus, synonyme d'une inspiration allant crescendo sur chacun des cinq derniers albums du groupe. Si les deux meilleurs extraits de Breath of Life, « That holy touch », doté d'un feeling hard rock basique, et « Just like january », titre bien plus grandiloquent, se veulent très convaincants dans des versions partiellement réenregistrées, ils sont bien vite supplantés par un « Brand new morning » dantesque, un « When we were younger » (issu de Princess Alice and the Broken Arrow) totalement imparable ou un mordant « Blood on your barbed wired thorns » (tiré de Into the valley of the moonking) sur lequel une guitare mordante et la voix bluesy de Bob Catley apportent une agréable ambiance rappelant les années 80.

Le choix des morceaux ne porte à aucune discussion. C'est bien le meilleur de ses 10 dernières années que MAGNUM nous propose, chaque opus étant illustré par deux morceaux, même le récent The Visitation, dont les extraits n'ont naturellement fait l'objet d'aucun réenregistrement ou remix. Les puristes noteront la finesse des nouveaux arrangements, tandis que les profanes apprécieront simplement d'écouter sur un seul album réunie la crème de la crème. Cerise sur le gâteau, le groupe propose en fin d'album deux nouveaux titres tout bonnement époustouflants : « The fall », morceau rock à la rythmique entraînante, doté d'une mélodie de guitare flamboyante. Et « Do you know who you are », pièce épique de sept minutes, véritable synthèse du talent combiné de Clarkin et Catley, qui proposent ici un morceau qui aurait largement mérité de figurer sur The Visitation.

On adhère ou pas à la démarche de MAGNUM, qui plus que faire du neuf avec du vieux rappelle simplement à qui veut l'entendre quel groupe incontournable il reste encore aujourd'hui. Un intérêt limité pour les aficionados du combo (même si les deux inédits valent à eux-seuls l'achat de l'album), un investissement indispensable pour ceux qui seraient passé à côté de la carrière la plus récente de ce groupe irrésistible. A vous de voir.